LA POPULATION.
— LES NÉVARS
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chacune des castes est tenue de concourir pour sa part
aux solennités; lagatti désigne à tour de rôle les familles
qui rempliront à chaque occasion la tâche prescrite et elle en
surveille l'exécution. Les fêtes corporatives viennent
encore s'ajouter aux fêtes religieuses ; chacun des membres,
effectifs ou virtuels, de la corporation doit successivement,
et à des périodes déterminées, offrir une fête à tous les
autres, et quels qu'en soient les frais, nul n'est autorisé à s'y
dérober. Enfin, si une personne de la caste meurt, toutes
les familles de la caste sont rigoureusement obligées de se
faire représenter à ses funérailles ; la mort est encore un
prétexte à processions. La loi confère à la gatti le droit de
punir tout manquement ; la peine ordinaire est l'amende pro-
portionnée àlagravité du délit; mais, dans les cas oùlafaute
d'un seul engage et compromet la communauté entière,
la gatti peut prononcer l'expulsion hors de la caste ; l'indi-
vidu déchu, rejeté de la société, ne trouve plus d'asile que
dans les groupes infâmes dont le contact est une souillure.
Mais la gatti ne connaît que des actes corporatifs ; les
fautes contre la pureté lui échappent, car elles sont du
domaine de la loi religieuse, et c'est un juge religieux qui
leur convient. Quiconque est prévenu d'avoir mangé ou
forniqué en compagnie prohibée, d'avoir accepté de l'eau
de mains interdites, d'avoir commis un acte d'inadvertance,
de négligence ou de licence qui entraîne la perte de caste,
en un mot d'avoir péché contre la loi, est déféré au dharrh-
âdhikâri ou juge suprême du royaume, et le cas est porté
devant le Ràja-guru, le brahmane qui sert de directeur
spirituel au roi. Le Râja-guru examine l'affaire, consulte
les çâslras, la littérature de la casuistique qui s'est déve-
loppée avec tant d'abondance depuis le xive siècle, et pro-
nonce le verdict. La peine est à la fois juridique et reli-
gieuse : elle varie entre l'amende, la prison, la confiscation
des biens et la déchéance de caste ; l'amende perçue est
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chacune des castes est tenue de concourir pour sa part
aux solennités; lagatti désigne à tour de rôle les familles
qui rempliront à chaque occasion la tâche prescrite et elle en
surveille l'exécution. Les fêtes corporatives viennent
encore s'ajouter aux fêtes religieuses ; chacun des membres,
effectifs ou virtuels, de la corporation doit successivement,
et à des périodes déterminées, offrir une fête à tous les
autres, et quels qu'en soient les frais, nul n'est autorisé à s'y
dérober. Enfin, si une personne de la caste meurt, toutes
les familles de la caste sont rigoureusement obligées de se
faire représenter à ses funérailles ; la mort est encore un
prétexte à processions. La loi confère à la gatti le droit de
punir tout manquement ; la peine ordinaire est l'amende pro-
portionnée àlagravité du délit; mais, dans les cas oùlafaute
d'un seul engage et compromet la communauté entière,
la gatti peut prononcer l'expulsion hors de la caste ; l'indi-
vidu déchu, rejeté de la société, ne trouve plus d'asile que
dans les groupes infâmes dont le contact est une souillure.
Mais la gatti ne connaît que des actes corporatifs ; les
fautes contre la pureté lui échappent, car elles sont du
domaine de la loi religieuse, et c'est un juge religieux qui
leur convient. Quiconque est prévenu d'avoir mangé ou
forniqué en compagnie prohibée, d'avoir accepté de l'eau
de mains interdites, d'avoir commis un acte d'inadvertance,
de négligence ou de licence qui entraîne la perte de caste,
en un mot d'avoir péché contre la loi, est déféré au dharrh-
âdhikâri ou juge suprême du royaume, et le cas est porté
devant le Ràja-guru, le brahmane qui sert de directeur
spirituel au roi. Le Râja-guru examine l'affaire, consulte
les çâslras, la littérature de la casuistique qui s'est déve-
loppée avec tant d'abondance depuis le xive siècle, et pro-
nonce le verdict. La peine est à la fois juridique et reli-
gieuse : elle varie entre l'amende, la prison, la confiscation
des biens et la déchéance de caste ; l'amende perçue est