Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 1) — Lyon, 1905

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.5426#0026
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
VI

INTRODUCTION

Ainsi réduits à l'état de momie, entourés soigneusement de bandelettes de lin, trempées
dans une solution concentrée de natron, ils présentent toutes les grandeurs, depuis quelques
centimètres jusqu'à lm50 de longueur. On trouve aussi, enterrées dans le sable, à côté
des poissons adultes, des sphères de la grosseur de deux poings, formées de tiges de
papyrus entrelacées avec des bandelettes. Elles renferment chacune plusieurs centaines d'ale-
vins de Lates, dont beaucoup, longs de quelques millimètres, viennent à peine de sortir de
l'oeuf.

Ces poissons, qui sont ainsi admirablement conservés et dont la chair renferme encore
une certaine quantité de matière nutritive, ne présentent aucune différence avec les Lates
actuellement péchés dans le Nil, en très grandes quantités, surtout au milieu des rochers de la
première et de la seconde cataracte.

Le.Crocodile, d'après les égyptologues, était consacré au dieu Sebek. Les anciens Egyp-
tiens le redoutaient beaucoup et le conjuraient à l'aide de formules magiques. Ce Saurien toujours
affamé et qui devait dévorer un grand nombre de femmes et d'enfants, habitait par milliards
les eaux du Nil jusqu'à l'extrémité nord du Delta. Sa férocité n'empêchait pas les Egyptiens de
le momifier en très grande quantité, mais on ne sait encore dans quel but. Ses dépouilles rem-
plissent d'immenses galeries, quelquefois des grottes naturelles comme à Màabdé, près de
Monfalout, où une caverne qui s'enfonce profondément dans la montagne en renferme proba-
blement des centaines de mille mêlées à des momies humaines. A côté de ces grands et gros
animaux, on trouve des quantités de paquets, maintenus par des roseaux, renfermant vingt-cinq
petits crocodiles collés ensemble par le bitume, souvent placés sur de petites corbeilles d'écorces
avec des œufs du saurien dans l'intérieur desquels on trouve encore quelquefois les embryons
bien conservés. Ces animaux, malgré leur haute antiquité, ne nous présentent aucune différence
avec ceux qui vivent encore au milieu des rapides de la seconde cataracte ainsi que dans toutes
les régions du haut Nil. Le régime et la température des eaux du fleuve n'ayant probablement
jamais varié, le type du saurien est resté absolument le même.

Je ne voudrais pas tirer de ces recherches qui sont à peine ébauchées une conclusion trop
hâtive, cependant je crois qu'il est permis d'affirmer qu'une période de soixante à soixante-
dix siècles est tout à fait insuffisante pour modifier la morphologie des animaux vertébrés,
surtout si, comme en Egypte, les conditions biologiques n'ont pas subi des changements assez
considérables pour amener une perturbation dans la loi si puissante qui régit l'hérédité des
formes et des caractères.

Les anciens Égyptiens momifiaient non seulement certaines espèces animales directement
consacrées aux divinités, mais encore tous les animaux qui vivaient autour d'eux. J'ai la
conviction que, lorsque les archéologues dirigeront leurs recherches dans ce sens, on retrouvera
à l'état de momies toutes les espèces vivant encore actuellement en Egypte.

Ce. qu'on a dépensé de linge de lin pour entourer les momies humaines ainsi que celles des
animaux qui pendant tant de milliers d'années ont été cachées sous les sables du désert ou dans
les galeries des nécropoles est quelque chose de vraiment prodigieux ! Pour habiller une seule
momie humaine, il faut au moins, d'après mes mesures, 70 mètres d'une toile large de
40 centimètres. Pour les momies des bœufs, par exemple, dont nous parlerons plus loin, on
employait au moins 200 mètres d'une toile de la môme largeur ! Les tisserands devaient être
 
Annotationen