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La Lune — 2.1866

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https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0051

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LA LUNE

3

LE JAVANAIS DES COURSES

Ah ça, sommes-nous Français, oui ou non?

Si nous sommes Français et fiers de l'être, même sans
regarder la colonne, parlons tranquillement la langue de nos
pères et envoyons les Anglais à Newmarket.

Mais si décidément nous sommes Anglais, plantons là une
bonne fois la langue de Pascal et de Montesquieu, coupons
nos moustaches, allongeons nos dents et nos favoris, crions:
« Hurrah ! » et que ça finisse.

De plus, réjouissons-nous en famille de voir Ceylon, the
Primate et Mazeppa arriver premiers dans le grand prix de
cent mille francs, faisons des gorges chaudes sur l'insuccès
de Maravédis, Fernand Cortès, Auguste et Cinna.

Gladiateur lui-même ne doit plus être considéré que com-
me un rival stupide et exceptionnel des bons chevaux.

Et là-dessus, England for ever, — To be or not to be, — La-
dies and gentlemen, etc., etc., etc.

Oh ! qu'on ne se récrie pas.

Si cela continue, dans deux ans, les journaux spéciaux et
les rédacteurs chargés des comptes rendus des courses n'é-
criront plus un mot de français.

Comme ce sera agréable.

Si la France était dans un état de complète infériorité i
l'égard de l'Angleterre, au point de vue de l'élevage, il se
pourrait à la rigueur qu'on comprît la rage qui s'est emparée
des amateurs de chevaux et de courses.

Mais comme l'inféripri lé demande h être démontrée, môme
après la victoire de Ceylon, je demande et réclame l'usage de
la langue française dans l'enceinte du pesage et sur les pistes
des hippodromes.

A plus forte raison dans les journaux.

Comment ! on défend l'argot au théâtre, et on le raille,
tandis qu'un argot plus malsain, un argot étranger s'infiltre
dans notre langue à la suite de quelques mauvais chevaux
qui seraient incapables de faire dix lieues au grand trot sans
arriver fourbus !

C'est inouï !

Vous n'ouvrez plus un journal de courses sans trouver à
tout bout de ligne des mots anglais dont la véritable signifi-
cation est inconnue même à ceux qui en font le plus fréquent
usage.

Exemple : Outsider.

Demandez à un professeur d'anglais ce que veut dire ce
mot, il vous répondra : — Outsider, prononcez aoutsaïdre
signifie qui est dehors, étranger.

Bon ! vous vous en allez content.

Seulement, lorsque vous arrivez dans un de ces cercles
qu'on appelle clubs (encore!), vous apprenez que outsider veut
dire inconnu dans la langue des chevaux.

Et, si vous voulez vous étonner, on ne vous en laisse pas
le temps, on vous étourdit avec les mots de ring, de betting,
de turf, de performances, ete.

Qu'est-ce que cela veut dire?

Mesdames et messieurs qui posez avec les mots dont vo-

tre bouche est pleine, vous ignorez même que ce sont des
expressions d'argot anglais.

Mais ce n'est pas tout. Pour bien écrire et paraître com-
pétent, il faut ajouter à tous les mots anglais en usage un
français d'écurie dont on n'a pas idée.

Ainsi un cheval n'a pas des reins, il a un rein. C'est ad-
mirable !

Après la course d'un prix à réclamer, le cheval gagnant
qui est vendu au plus offrant ne subit pas des enchères, mais
des réclamations. Si je mets cent francs de plus que M. X...,
je fais une réclamation.

Inimaginable ! parfait !

Il est probable que le Sport, le Derby, le Jockey n'éprou-
vent aucun besoin d'avoir un grand nombre d'abonnés qui
les lisent. Sans cela, je suppose qu'ils mettraient un soin
extrême à parler français.

En effet, prenez vingt-cinq jeunes gens, de ceux que les
courses intéressent, et lisez-leur tout un article de ces jour-
naux : je gage dix contre un que deux à peine ne demanderont
pas d'explications.

Maintenant, si ce n'est pas pour le public qu'on écrit, je
n'ai plus rien à dire.

Lisez ce qui suit, S. V. P.

« Un jeune débutant, le jockey Adley, a très-bien monté
Gynis, mais le « boy » n'a pu faire gagner le poulain. »
Ou bien:

« Le terrain, qui était en excellent état, ne présentait pas
pour les chevaux chargés des top weights un obstacle in-
surmontable. »

Comprenez-vous ?

Non. Ni moi non plus.

El maintenant, vous ne savez peut-être pas qu'h'toile-Fi-
lante a pris un très-bon canler.
C'est un fait pourtant.

Il y a des gens qui prennent un petit verre, d'autres qui
prennent la mouche, d'autres et surtout à la porte des théâ-
tres qui prennent la file.

Etoile-Filante, elle, a pris un bon canter.

Seulement, comme on ne sait pas du tout ce que c'est, on
devient triste.

Et dussé-je vous navrer, il faut que je vous dise :

Céramique, une jument de M. du Montgommery, a les
strides raccourcies: Ce n'est pas moi qui ai découvert cela,
c'est le Jockey.

C'est désolant, et je m'associerais à la douleur des peuples
si je savais un peu ce que c'est que les strides.
A-t-on jamais vu cette Céramique?
Enfin.

Autrefois, dans les coulisses des théâtres, on avait inventé
un langage difficile à parler, encore plus difficile à compren-
dre : le javanais.

On le parlait afin d'éloigner les intrus. Mais les journaux
ne l'introduisirent pas dans la langue.

Les amateurs de courses ont aussi leur javanais. Mais si
eux seuls doivent se comprendre, il est inutile d'introduire
la foule sur les champs de courses. Elle n'y entend rien.

Vous voulez tenir le vulgaire à l'écart, fort bien; ne lui
demandez donc pas son argent et rendez les 120,000 francs
de recette qu'on a faits dimanche dernier à Longchamp.

Ops.

GAZETTE A LA MAIN

Avez-vous entendu crier sous vos fenêtres :

— Voilà ce qui vient de paraître ! L'article de Paul Fêval sur Victo-
rien Sardou et la réponse de Victorien Sardou à Paul Féval, — les cu-
rieux détails qu'ils renferment, les personnalités dont ils se sont armés,
les commentaires auxquels ils ont donné lieu, — avec la physionomie
des débats, les aveux des deux adversaires, leur portrait peint par eux-
mêmes, le réquisitoire de l'Opinion publique, la défense de Nadar, le
résumé de l'Inconnu et l'arrêt de la Galerie qui les a condamnés chacun
à une rétention — de bile — perpétuelle ! Demandez ! Ça ne coûte qu'un
sou. Pour dix centimes on a la complainte à la fin — sur un air connu...

Car elle existe, cette complainte!...

Les bourgeois la chantent — au piano — sur l'air : Tant qu'il y
aura quêq chose dans le pot...

Hélas! oui, ça s'est senti dans la chambre!

*

Or, si j'avais été appelé comme témoin au procès, voici ce dont
je me serais empressé de déposer :

* *

Un soir d'hiver, — un dimanche, — le propriétaire d'un hôtel
garni du quartier latin avait jeté sur le pavé un jeune homme
et sa mère qui lui devaient, je crois, une paire de mois de man-
sarde...

C'étaient deux nouveaux débarqués, — vaillants, mais faibles,
— qui étaient venus chercher la vie et qui, dès le début, avaient
failli trouver la mort...

Je les ai vus sourire, l'autre jour, en parcourant les pages où
M. Sardou cause de sa misère!...

Il était tard, et il pleuvait...

Les malheureux n'avaient pas môme le parapluie de l'auteur
do la Famille Benoiton.

Les griffes de M. Vautour avaient retenu jusqu'au châle de la
mère!

Dans la rue de Sèvres, une de leurs connaissances qu'ils ren-
contrèrent et à laquelle ils racontèrent leur détresse, leur dit, en
les poussant vers une porto :

— Entrez là. Montez au premier étage et sonnez. Vous ne
coucherez pas cette nuit dans les draps humides de la Seine.

* * 1
Ils suivirent machinalement ce conseil.

Un homme chauve, avec une barbe rousse et une veste de mol-
leton gris, vint leur ouvrir et les introduisit dans la bibliothôque
qui lui servait de cabinet de travail.

ffs parlèrent — comme ils purent — en tremblant de froid...
et de honte !...

11 ne s'agissait pas du Bossu !

A un moment, la mère chancela...

— Attendez! fît l'homme en se levant, je vais vous envoyer
quelque chose pour vous remettre...

*

Il sortit.

Au bout de quelques minutes, on vit entrer — non point le
Turc du Mari embaumé, — mais une charmante petite 011e qui
portait un bouillon dans une lasse de porcelaine blanche à fleurs
bleues...

Entre la tasse et l'assiette il y avait un billet de cent francs.

La mère et le fils eurent trop de larmes dans les yeux pour
remarquer si, ce soir-là, Paul Féval avait aux pieds les sabots
qui ont si vivement impressionné son ex-intime.

Un de nos confrères revenait du Derby.

Sur le pont du paquebot était assise une ancienne sociétaire des
Délassements.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Ma première jeunesse (suite) par Gédéon
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Objektbeschreibung
Bildunterschrift: "Lespès, le coiffeur des hommes de lettres, me fit une tête." "Armé de pied en cap, j'étais prêt à vaincre." "Il ne me manquait plus que le baptême, je l'eus." "On ne vit plus que moi aux avant-scènes." Signatur: "G." Sonstige Angaben: "(La suite au prochain numéro.)

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gédéon
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Lilie <Motiv>
Erwachsenwerden
Frankreich
Friseur
Junger Mann <Motiv>
Frisur
Karikatur
Taufe
Junge Frau <Motiv>
Opernglas
Loge <Architektur>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 13, S. 13_3
 
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