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La Lune — 2.1866

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2

LA LUNE

ADELINA ET CÂlLOTTÂ PATTI

N'aurait-il pas fallu s'adresser à Toussenel pour cette bio-
graphie du rossignol et de la fauvette?

L'Espagne fut leur nid. La signora Barilli, leur mère,
avait dans sa jeunesse épousé son camarade de théâtre, le
ténor Salvator Patli ; c'était, elle-même, une prima dona fort
estimée des dilettanti italiens ; Donizetti avait écrit pour elle
un opéra : FAssedio di Calais, dont le titre seul est parvenu
jusqu'à nous. Elle chantaità Madrid quand Adelina y naquit,
dans la nuit du 19 février 1843. Cette nuit-là, une blanche
nuit espagnole, avec un clair de lune moitié azur, moitié ar-
gent, l'amour grattait sans doute les cordes de la guitare
d'AImaviva sous un balcon du voisinage, et le premier cri
de l'enfant, subitement changé en un trille audacieux, monta
comme une fusée vers la jalousie de Rosine sur l'aile do la
sérénade du Barbier!...

Madame-Mère avait déjà deux filles et un fils. Ce dernier,
Carlo, a porté l'épée avec distinction. Je parlerai tout à
l'heure de Carlotta. Amélia, l'aînée de la famille, était ma-
riée à Maurice Strakosch, directeur du théâtre italien de
New-York. On connaît l'influence immense que ce gentleman
a exercée sur l'éducation, sur la carrière artistique de ses
belles-sœurs, ainsi que l'activité, l'intelligence et l'esprit
d'ordre qu'il apporte dans la mise en scène et l'exploitation
de leur talent.

Adelina Palti et ses parents arrivèrent aux Etats-Unis en
1818. Dès oe moment, »i j'en crois ses historiographes, se
manifesta son irrésistible vocation pour la musique. « Elle
sut solfier avant de savoir parler, » me disait son beau-frère,
l'autre jour. Un négociant américain, qui était alors reçu
dans l'intimité de la famille, a été plus loin : il m'a affirmé
sous serment que, lorsque sa mère lui infligeait une correc-
tion anodine, le baby geignait ou piaulait des morceaux entiers
de Norma, de YElisire d'amore, de la Gazza ladra ou d'/ Pa-
rilani. Une fois, entre autres, la bambina s'étant oubliée sur
le pantalon du visiteur, le grand air de Linda di Chamounix
y passa en vocalises.

Ce fut à New-York, dans un concert donné à Frippler-
Hall, qu'eut lieu le premier début d'Adelina.

Je cède ici la main à M. Théodore Crave :

« Quand vint son tour de chanter, ses parents qui con-
naissaient, par expérience, les idées fantasques qui, de temps
en temps, traversaient son imagination, redoutaient quelque
aventure. La chose ne manqua pas d'arriver. Au moment
d'entrer en scène, lorsque le rideau fut levé et le prélude
joué, Adelina déclara qu'il lui était tout à fait impossible
d'avancer sans sa poupée.

« On s'y prit de toutes les manières, on pria, on se fâcha,
on menaça, il fallut céder et aller chercher l'objet demandé.
Une fois la poupée tant désirée dans ses bras, elle ne se fit
plus prier et vint résolument se placer au pied d'une table
sur laquelle on la hissa afin qu'elle fût aperçue de tous les
assistants. Son succès fut immense, et le lendemain on ne
parlait dans toute la ville de New-York que de la débutante
de Prippler-Hall. »

Le 14 mai 1861, l'étoile transatlantique se manifestait h la
yentry des Trois-Royaumes, au théâtre de Covent-Gardcn,
dans Amina de la Sonnambula.

Dix-huit mois plus lard, — le 17 novembre 1802, — après
avoir traversé Londres, Madrid et Vienne avec l'impétuosité

cl le flamboiement d'une comète à queue de dollars, de
bank-notes, de piastres et de thalers, elle illuminait, l'horizon
assombri de la salle Ventadour, dont elle est encore à pré-
sent, comme dirait Dubartas, la petite duchesse des chan-
delles.

En ce temps-là, M. Jouvin écrivait :

« Son front est droit et un peu bombé; les sourcils, très-
accusés et se rejoignant presque, donnent à la partie supé-
rieure du visage un air olympien contre lequel proleste seul
le sourire enfantin de la bouche, qui est fine, avec deux coins
un peu abaissés. Il semble qu'on voie une Junon-Bébé. Cotle
force adoucie par cette grâce imprime à ce visage très-jeune
une singulière fermelé, el qui, dans les scènes dramatiques,
Va jusqu'à l'énergie. Le menton est saillant et impérieux.
Sur ce masque très-mobile, la finesse s'allie à merveille à
l'ingénuité.

« Dans les sourcils, dans les rictus de la bouche, dans la
courbure du menton, est la virilité du talent; dans le regard
clair, dans le jeune sourire, dans le balancement de la tôle
et dans la démarche légère, la jeune fille qui se souvient
toujours d'avoir été enfant. La Patli est petile, fluetle, mais
point chétive, Son visage, très-pâle à la ville, semble agran-
dir encore l'orbe de sea yeux bruns qui lancent de noires
étincelles. »

Vous retrouverez aisément ce portrait sous le crayon fu-
nambulesque de Gill.

A Paris, notre héroïne absorbe volontiers sa sœur dans
son rayonnement. Il n'en est pas de même en province et à
l'étranger, où le nom de Carlotta Patli brille au premier rang
parmi les chanteuses de concerts. Une bonne partie de nos
départements est appelée prochainement à contre-signcr.de
ses bravos la réputation de celle excellente virtuose, qui, di-
manche soir, désertait l'argent pour l'honneur et renonçait
ici à une recette californienne, afin de courir à Amiens où la
réclamaient le malheur et la charité!...

Star.

QUASIMOOO

On était au mois de janvier. Le ciel était gris, le vent hur-
lait, et la neige tombait à gros flocons. Il faisait un de ces
temps lugubres qui portent au frisson le bourgeois assis
dans le manteau dosa cheminée ardente, et l'attendrissent
sur le sort des êtres que la misère oblige à lutter à la fois
contre la faim, les éléments et Dieu.

Sur la berge du quai Conti, trois hommes attelés à un
câble s'efforçaient d'amener à l'entrée de l'écluse un grand
bateau de charbon de terre. La Seine charriait d'énormes
glaçons; les mariniers, sentant se crisper leurs mains à demi
gelées, faisaient retentir l'air de ce cri bien connu, qui est
en même temps un soulagement de la besogne faite et un sou-
lagement pour la besogne à faire : Do hisse ! do hisse!...

Tout à coup la corde roidie se brisa ; un cri désespéré se
fit entendre. Deux des mariniers, jetés rudement à terre, se
relevèrent sans grand mal; mais le plus proche du bateau,
un vigoureux et bel enfant de dix-sept ans, était tombé dans
le fleuve. Ses camarades lui tendirent vainement la main ;
saisi par l'eau, aveuglé par la neige, meurtri par les glaces,
l'enfant ne put s'éloigner do l'endroit où il était tombé; le

bateau .arriva, le prit comme il était, plié par la peur et'le
froid, et l'écrasa contre le parapet.

Quand on le retira, sans souffle, presque sans forme hu-
maine, on l'emporta à l'Hôtel-Dieu, où M. Dubois, alors
chirurgien en chef de l'armée de terre, constata qu'il avait la
poitrine brisée, quatre côtes enfoncées, et les jambes cassées
en trois endroits.

Il fut d'abord soigné comme on soigne les incurables et les
condamnés : par acquit de conscience; mais, contre toute
prévision, ce débris de tant de débris s'obslinait à vivre. H
devint pour le chirurgien un sujet d'inléressanles éludes.
M. Dubois inventa des appareils propres à maintenir les
membres déformés et à les protéger contre la croissance, et
parvint, après trois années de travaux incroyables, de re-
cherches incessantes, à remettre sur pied un être bossu et
bancal, mais heureux de respirer.

M. Dubois, du reste, n'avait-pas obligé un ingrat; l'es-
tropié lui donna tout ce qu'il avait : son corps, l'autorisant à
le disséquer après son trépas, «afin, dit-il tristement, que
si le malheur voulait qu'un homme se trouvât dans une si-
tuation pareille, on pût l'accommoder autrement que moi. »

Cette histoire n'est pas gaie, et cependant j'ai entendu des
gens rire à ce récit fait par le malheureux lui-même, car
l'ex-marinier vit encore, si l'on peut appeler vie une exis-
tence d'isolement, sans joie, souvent sans pain. Pour nour-
rir son corps chétif, il a trouvé dans son infirmité môme une
ressource effrayante : il fait passer sa bosse de son dos sur
son estomac, et cela depuis trente-quatre ans, et plusieurs
fois par jour, car ses recettes ne s'élèvent jamais à plus de
soixante-quinze centimes par séance.

Je sais que je manque à mes devoirs envers nos lecteurs
T„çn écrivant,autre chose qu'une plaisanterie^ mais je voudrais
que ces lignes fussent lues par les créatures amoureuses
d'elles-mêmes qui vivent de leur beauté, et qui trouvent des
galopins de lettres pour analyser leur maquillage et suppu-
ter le nombre de leurs sales aventures; je voudrais que les
ouvriers du vieux faubourg s'arrêtassent souvent à l'entrée
du pont d'Auslerlitz pour donner au Quasimodo moderne
un peu de pitié, et je ne puis atteindre deux buts si diffé-
rents qu'en plaçant ma lugubre histoire dans le journal qui
est devenu une habitude — j'allais* dire un besoin — des
classes d'en haul et d'en bas.

Henry Lkcomte.

A NOS JOLIS TURCOS

Séduisants lurcos, au bois, dans les rues,
Partout vous montrez vos faces crépues ;
Morieauds charmants, on ne voit chez noua
Que vous.

On ne voit que vous, que vos jambes lestes,
Vos nez épatés, vos fez et vos vestes,
Vos fronts et V03 mains couleur do cocos,

Turcoa.

Vous êtes partout les rois et les maîtres ;
On est à genoux devant vos deux guêtres :
D'assaut on dirait que vous avez pris
Paris.

DE

là dernière mort

ROGAMBOLE

— sens —

*• ,» «i uill

[S Mais tandis que nou3 perdons le temps en politesses (ce que
c'est que d'avoir reçu de l'éducation ! ) le vicomte, l'int'utigublo
vicomte, l'impétueux vicomte va toujours accumulant, entassant,

multipliant les situations,
enchevêtrant les péripéties,
semant les émotions comme
s'il en pleuvait.

Je n'ai que le temps de
mettre mes jambes à mon
_ cou, si je veux le rattra-
per.

Mort de ma vie! Dieu de Dieu! vicomle, comme vous êtes im-
pétueux! ! !...

Le bel ange a conti-
nué de s'esbigner.

Depuis quele vicomte
l'a appelé lâche, le bel
ange n'est pas tran-
quille ; il vit dans les
transes et dans le trac
et sous sa paillasse. Ça
lui apprendra!

Sous une autre pail-
lasse, mais dans les
mêmes transes et le
même trac,se tient pru-
demment le bon sir
George Stowo, qui n'est
pas tranquille non plus,
car le vicomte lui en
fait voir de dures.
Ç i lui apprendra ! c'est bien fait — et ce n'est pas fini; — le
jeune colonel Nively \a lui apprcnlre encore bien mieux.

Ah! ah ! sir George Stowe, mon gaillard, tu dérailles et tu fais
des boulettes dans les feuilletons du vicomte !... Eh bien, le jeune
Nively va t'arranger ça aux petits oignons, mon brave homme !

— Et, d'abord, ôte-toi
de là que je m'y mette !
s'écrie le jeune Nively.
Subséquemincnt tu n'es
qu'un gâteux; par ainsi,
liche-moi le camp pé-
remptoirement; par file
à gauche et vivement ! A
Chaillot!

— Oui, mon colonel;
comme vous êtes roide,
mon colonel!

— D'abord et doréna-
vant, je suis roide si je
veux, parce que j'ai sub-
séquemment la confiance de la maison Kali et Comp., qui est une
alTreuse blague nonobstant; par ainsi tu dois me croire carré-
ment et vrvement. Une! deux! par-file à gauche!...

— Oui, mon colonel.

Là-dessus mon gaillard fait far tile à gauche ; mais ça ne va

pas bien, ça ne va pas trùs-bien, mort de ma vie! Ça ne va que
d'une patte I...

Et, s'il faut tout dire, sir George Stowe a une pieuvre dans le
rocher.

Une affreuse blague! Nively a dit : Une affreuse blague!!!..
Mais alors !... mais alors'?...

Mais, alors, le poisson rouge aussi est une affreuse blague ! ..
Mais alors'?... mais alors?... le pjisson rouge n'est pas son
père, son bon pôre! son papa! son petit pépère!!... Pore ou non

une AFFREUSE BLAGUE ! ! !...

Papa, êtes-vous une affreuse blague'?

Et LE poisson KOUGIi .NE kep0nd PAS !...,

Horrible !

le cœur, altéré de vengeance à son tour.

Ça me rappelle le Pâtissier!... mais chut

Le vicomte va toujours,
toujours plus fort, ton-
jours, vite, vite, vite!
quel chemin de fer que
ce vicomte !

Mon colonel Nively
reçoit une lettre :

— Bo jéne orne, ge vou
zatan.

Cinié : Sel là an a plia
le do de Rocambole.

Vanda.

Alors, v'ian ! sur le poisson
rouge à coup de botte; le pois-
son rouge ne remuera plus la
queue.

Horrible ! horrible !
Et sir Georges Stowe part
chez Rocambalc, la rage dans

le
m

! tais-toi

mon cœur
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Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La dernière mort de Rocambole par Gill
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gill, André
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Bett <Motiv>
Frankreich
Rocambole <Fiktive Gestalt>
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 38, S. 38_2
 
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