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La Lune — 2.1866

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https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0159

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LA LUNE

3

— Eh bien, je veux profiler de cette occasion pour me
•aire une réclame. On a déjà beaucoup parlé de moi; mais
il faut battre 1g fer tant qu'il est chaud, et je viens vous in-
former secrètement — afin que vous soyez très-indiscrets
— que je vais provoquer mon confrère de la salle Herz.

— Y pensez-vous, tête coupée?

— Je suis Anglaise, messieurs ; mais j'ai appris qu'à Pa-
ris, lorsqu'on voulait se mettre en relief dans les arls et sur-
tout dans la littérature, on n'avait qu'un moyen infaillible :
le duel. On m'a affirmé de plus que ces sortes de rencontres
n'offraient aucun danger. Donc je vais me battre demain
matin, avant l'ouverture du musée.

Star, qui n'a jamais rien respecté, partit d'un éclat de rire.
Gill trouvait tout naturel que ce décapité voulût se battre.

— Cependant, ma chère tôle coupée, objectai-je timide-
ment, si vous n'avez pas su nous tirer votre chapeau tout à
l'heure, comment espérez-vous tirer vos bottes contre un
adversaire?

— Ceci, messieurs, est simple comme bonjour. Vous avez
peut-être lu dans les journaux du soir que les électeurs d'un
comté d'Irlande viennent d'envoyer à la Chambre des com-
munes un député qui n'a ni bras ni jambes. Ce député, mal-
gré cette légère disgrâce de la nature, monte à cheval comme
un centaure, parle comme Cicéron et écrit comme Ponson
du Terrail ou Pierre Véron, même plus vite. Il écrit avec la
bouche. Cela est facile à comprendre, la privation de ses
membres l'a obligé à être très-adroit avec ses lèvres et ses
dents. Jugez donc, moi qui n'ai pas même de corps, si je
dois le surpasser en dextérité. Je tiendrai mon épée avec les
dents. Et puis, j'ai un truc.

— Ah ! ah ! racontez-nous-donc cela, tête coupée.

Le décapité nous intéressait. Nous n'avions plus d'émo-
tion, et l'on causait avec lui comme avec une personne natu-
relle.

— Voici mon truc : Je prendrai pour témoin l'enfant-lor-
pille récemment découvert et exhibé par un pharmacien sans
doute inoccupé. Ce jeune prodige a la faculté d'attirer à lui
les meubles, les hommes, les êtres et les choses. Plus fort
que Mahomet, il n'irait pas à la montagne, il la ferait venir
à lui. Il est évident que mon adversaire, sans méfiance, sera
attiré, et je profiterai de l'occasion pour le blesser griève-
ment à la joue.

— Très-bien raisonné, décapité, mon ami. Mais si votre
adversaire vient sur le terrain avec le fameux panier indien
dans lequel on est percé de mille coups sans douleur?

— Ah ! c'est une chance à courir. Veuillez cependant être
assez bon pour annoncer que j'ai envoyé des témoins à la tête
coupée de Sfodare ; et à la garde de Dieu! Je ne crains tou-
jours pas d'être frappé dans la région du cœur.

Cela dit, la tête de M. Talrich nous souhaita le bonsoir,
dégringola fort gracieusement sur la chaise, et de là par
terre. Nous la reconduisîmes jusque sur le palier; arrivée là,
elle roula, sans avoir l'air d'en être incommodée, jusqu'au
rez-de-chaussée, et se dirigea vers le seuil, où sa voiture
l'attendait.

Naturellement, nous avons tenu à être au courant de cette
grave affaire. Le décapité de M. Slodare, en recevant les té-
moins de l'autre, a simplement dit :

— Je m'y attendais; c'est une mauvaise tête.

Puis il a désigné deux personnes pour lui servir de se-
conds.

Aucun arrangement n'a été possible. La tête coupée de
Slodare voulait bien faire des excuses, mais celle de Talrich
a déclaré qu'elle irait jusqu'à flanquer des gifles à son
adversaire.

Peut-être s'est-elle un peu avancée.

Quoi qu'il en soit, le duel a eu lieu à l'épée dans le bois de
Saint-Germain. Le décapité de M. Slodaro a élé légèrement
blessé à la poitrine.

— Comment, à la poitrine?

— Oui. Il paraît que ces décapilés-là sont tout simplement
des clowns très-farceurs qui font adroitement un métier lu-
gubre à force de dislocation.

Donc, mesdames, il serait parfaitement ridicule de vous
évanouir désormais à l'aspect de la tête coupée.

Ops.

GAZETTE A LA MAIN

Autrefois nous avions le président à mortier — et ce n'était
pas l'un des originaux les moins grotesques de la galerie du
dix-huitième siècle...

Nous avons aujourd'hui le journaliste du môme titra.

Celui-ci supporte le poids de son écrasante nullité avec l'ai-
sance que le magistrat du bon vieux temps mettait à supporter
le fardeau de sa perruque.

L'un bedonnait, l'autre éindonne.

De beaux principes d'un cramoisi violent pendent de son nez à
son jabot. Il glousse des colères puritaines et do vertueuses indi-
gnations. Je le soupçonne de picorer sur le fumier des lieux com-
muns les directions de Joseph Prudhommo. Mais, parce qu'il s'est
frotté aux coqs de sa basse-cour, ne s'imagine-t-il pas ètro devenu
une volaille sérieuse ?

Il faut l'entendre parler de sa plume !...

S'il parlait de ses plumes, je ne dis pas !

*
* *

Une ruse familière aux filous do Paris est celle qui consiste,
après avoir fait à quelqu'un la bourse, la montre ou le mouchoir,
à se sauver à toutes jambe?, en criant : Au voleur!

Il est vrai que cette tactique conduit le plus souvent celui qui
l'emploie du côté de la sixième chambre.

Le jeune monsieur dont il s'agit viont de s'en servir avec
le môme bonheur.

Dans l'article où il accuse les autres de plagiat, il n'y qu'une
anecdote amusanle...

Or cette anecdote a déjà paru :

Dans le Hanneton,

Dans l'Europe de Francfort,

D:ins la Lune d'il y a quinze jours,

Et dans l'Opinion nationale de la semaine.

Le Figaro do mardi la cite môme sous la signature do Francis-
que Sarcey.

On comprendra que nous ne mettions point les différents textes
en présence. Une page do la Lune y suffirait à peine. Il nous fau-
drait un supplément, — co qui deviendrait dispendieux pour un
journal qui ne tire pas à moins de tii'inte-deux mille exemplaires.



C'est même ce tirage qui me commande une certaine modéra-
tion.

Je ne veux pas, rn effet, être obligé de déclarer devant trente-
deux mille lecteurs à ce Veuillot de veston court, qni poso en
face d'une demi-douzaine de frères et ennemis, que les injures
suivent les lois de la pondération, et qu'elles n'ont de poids
qu'autant qu'elles tombent de haut !

Une historiette pour finir :
Un monsieur lùvc la main sur un monsieur.
Celui-ci riposte à l'agression par une formidable volée de
coups de canne.
On s'explique.

— Pourquoi m'avez-vous frappé? demande le premier au se-
cond. 11 y a d'autres façons de provoquer les gens.

— Tiens 1 je croyais que vous me le rendriez pas. On m'avait
assuré que vous aviez déjà reçu des calottes...

— C'est possible; mais je choisis mon monde.

La semaine

La Mort ressemble à ïarquin : elle n'abat que les têtes qui dé-
passent.

Cette comparaison no manque pas d'une certaine Justesse, si
l'on songe que sur la liste des décès de la semaine, l'acteur lîarlio
tient le milieu entre M. de Barante, Jules d'Ortigues, Victor
Chauvin et Gavarni.

L'acteur Bâche!...

Inclinez-vous, grands de la terre !

Du liant des cicux, la demeure dernière,
Petit Colbruii, tu dois être contenl!

* *

Ce Bâche était plus long qu'un jour sans tabac. Il me produi-
sait l'effet des Filles de Caïn dans la Presse. Sa tête blafarde sur
sa soutane noire rappelait la première strophe de la Ballade à la
lune.

Il fut longtemps attaché à un théâtre où la caisse s'ouvrait
rarement.

Un soir, le pauvre comédien menaça son directeur :

— Si vous ne mo payez pus, je vous flanquerai mon pied....
quelque part !.,.

L'autre haussa les épaules.

— Laissez donc ! j'en ai plein le dos, de votre pied.

— Monsieur, répliqua Bâche, il y a de la place plus bas.

Victor Chauvin rédigeait avec talent la Revue de l'Instruction pu-
blique. II avait, par ci par là, donné à notre ami Azam des pre-
uùcrs-Uanneton, qu'il signait du pseudonyme âpre, féroce et
pointu de Roch-Loup-CIoud. C'était un esprit libéral, solide et sym-
pathique. Ceux qui l'ont connu se plaisent à affirmer la droiture
et l'aménité de son caractère. Il ava't environ trente-cinq uns.

Je ne veux pas parler de Gavarni autrement que po: r déplorer
la perte de ce grand artiste.

Les Thugn

C'est un succès.

Lo point de départ est ingénieux, — et les couplets so succè-
dent plus hérissés do pointes qu'un défilé de porcs-épics...

Les calembours sont tout frais; les mots n'ont pas encore
servi...

Ah! par exemple, je n'en dirai pas autant des costumes et des
décors 1

Il y a surtout une petite Lune, dans la scène des journaux, qui
m'a bien l'air d'avoir été décrochée du plafond do la Courtille.

Cadet ln l'crlc

Ce drame a sombré dans l'ennui comme un baleinier à travcis
les banquises du pôle.

S'il avait pu être sauvé, c'eût été certainement par Mlles Lia
Félix et Angelina Thèse.

Et il fit un pas vers le beau jeune homme (c'était moi) et vou-
lut lui ravir sa Petite Presse.

Enter et damnation!!... Un pas de trop, en vérité!

Le beau jeune homme éteignit l'étincelle diamantôe de sa pru-
nelle dans la langueur humide d'un long regard.

Gambini roula
foudroyé sur le
parquet.

Il avait lu dans
mon regard :
— Des nèfles !

Si l'audacieux

voyageur, et ..., il eût vu Félicité. Félicité est d'une beauté fa-
tale et hardie.

C'est une ange au front pur qui traverse cette fange sans ter-
nir l'éclat de ses ailes.

Elle a un cousin dans les chasseurs de
Vincennes.

Etrange! Etrange !

Mais je ne le connais pas.

Mystère I

Félicité eut un mot de trop en vérité :
— C'est-i' chose de toujours lire ça!
Malheur!!!!...
Le beau jeune homme eut un sourire tupcib
Félicité tomba brisée sur le parquet.

Elle avait vu clair dans le sourire.
Le sourire voulait dire :
— A Chaillot!

C'est alors, général, que si le voyageur audacieux, etc., il
eût vu le beau jeune homme reprendre sa lecture avec un calme
de bronze.

Quel calme I mon général... Il reprit:

LA DERNIÈRE MORT DE ROCAMBOLE

deuxieme partie

Les Pe/t!s Oig?wns de la Bohémienne.

Par une nuit pluvieuse.

Mais permettez, général, que je
prenne ma canne et mon chapeau,
je suisà vous àl'instant.— Le temps
de faire enlever les cadavres !

And. Gill.

(La suite au prochain numéro.)

PRIME DE LA LUNE

Toute personne qui prendra un abonnement d'un
an à la Lune, aura droit :

1° Aux numéros parus depuis le 15 septembre jus-
qu'au 30 novembre 1866.

2" A un mois d'abonnement gratis, c'est-à-dire que
l'abonné d'un an recevra le journal pendant treize
mois.

Envoyer directement le montant de l'abonnement
en mandat ou timbres-poste, à M. Daniel Lévy, direc-
teur du journal, 5, cité Bergère, à Paris.

Vient de paraître :
L'ÂLMANACH OU HANNETON

Un beau volume illustré, de 2o0 pages. — En vente chez tous les libraire.!
IM'ïx t 1 fi-anc.

r,n plioi n^mpiiic Ucbci-t, — photographie (les Etats-Unis, bou-
levard des Capucines, — vient d'éditer uu splcndidc portrait d'Adelina
Palli. La charmante cantatrice revit là sur le papier avec la physionomie
pleine de distinction qui la fait applaudir à la scorie non moins que son
magnifique talent.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La dernière mort de Rocambole par Gill
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gill, André
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Frankreich
Rocambole <Fiktive Gestalt>
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 39, S. 39_3
 
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