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LA LUNE
LE BAIN DE MADAME PIPELET, par GÉDÉON
La besoin s'en disant généralement ten-
lir, M'amc Pipelet prjnd la résolution d'al-
1<ïv au bain... avec Zozor, bien entendu.
Cachant dans uni cabas l'objet de son amour,
Et, prenant dans ses bras le pudique
Zozor, elle se glissa dans la baignoire.
M'amc Pipelet, dodelinant de la tête,
s'en fut aux étuve".
Zozor la trouve un pou chaude,
Azor semble p';u disposé à goûter les douceurs du
bain.
M'amc Pipelet laisse tomber son dernier voile.
Et jette à la terre un regarl de
regrets et de pleurs.
Juste, mais sévère, m'amc Pipe-
let applique une douche au pas-
sionné Zozor.
Sauvé, mon Dieu !
à .4
..... Secouant alors sa crinière, il émaillc la salle
de bain de mille paillettes étincelantes.
Puis coquettement se sèche.
A peine remis de ses alarmes, Zozor se montre bien
indiscret.
Mai? en même temps plein d'attentions délicates.
FSB
Aussi un morceau de sucre va-t-il le récompenser M'amc Pipelet, elle, se raffermit les chairs avec — Allons, baisez vdt' 'maîtresse et rentrez au cabas, Fière de son précieux fardeau, rafraîchie par de
de ses bons oflices. quelques gouttes d'un généreux cassis...... petit débauché I • bienfaisantes ablutions, Rose Pilou, dite femme Pipe-
let, revient trôner dans sa loge.
Une famille qui n'a pas volé son nom, ces Félix!
Entendons-nous : je ne parle point des mûles.
Rachel, Rébccca, Dinah, Lia!... -
L'immortalité et la mort nous en ont pris deux, — la Thisbé,lu
Catarina A'Angelo !
Colles qui restent personnifient dans un double talent le mas-
que antique qui rit par un côté et pleure par l'autre.
* *
M. Raphaël Félix disait à l'un de nos confrères :
— Vous voyez celte bague?
— Oui.
— C'est un cadeau de feu la reine de Prusse à notre chère et
regrettée Rachel.
— Ah !
Ici, un pleur imaginaire.
— Pauvre sœur ! Quelle perte pour la France I
Deuxième pleur non moins apocryphe que le premier.
— La mémoire de ses bienfaits vivra éternellement dans nos
cœurs !....
Troisième pleur aussi fantastique que les deux autres.
— Tenez, cette bague c'est un souvenir, — un souvenir de
gloire et de famille....
La Dhuis de pleurs se change en une Seine de sanglo's.
— Elle a coûté cinquanto louis, cette bague,... Eh bien, là,
vrai, foi de négociant, je la céderais volontiers pour quarante-
cinq. (
* *
On prétend que Mlle Lia apporte dans son intérieur ces habi-
tudes commerciales.
Son baby — qui avait cinq ans à peine — rencontre Luguet
dans les coulisses de la Porte-Suint-Murlin pendant une repré-
sentation de la Voie sacrée.
Luguet, qui jouait un sergent de zouaves, s'était grimé le front
d'une énorme balafre.
. —Qui est-ce qui t'a fait ça sur la figure? demande l'enfant.
. —Les Autrichiens à Palcsfro. Tu ne les connais pas, n'est-ce
pas, les Autrichiens?
— Les Autrichiens?... Oh! si fait : ils ont monté do cent sous,
ce soir, à la Bourse.
*
Gréée en guerre, comme l'Armada de Philippe II, par un écri-
vain qui est, en mémo temps, un librettiste fort érudit et un
impressario fort expérimenté, Mlle Angelina Thèso partit un
jour, toutes voiles dehors, de l'Ecole lyrique pour le Théâtre-
Français...
Elle échoua au Cirque !
C'est une grande fille à formes d'éphèbe, avec quelque chose
de superbe, d'agressif et de dominateur dans toute sa personne...
Sa grâce est âpre; son charme impérieux; sa beauté, crue
comme un fruit vert...
On no rêverait pas autrement Clorindo ou Bradamante !
rôt&e s-. ' » • i * \
Nous causions clinique et barreau avec G. L*J
— En droit et on médecine, lui demandais-je, quelle thèse ai-
meriez-vous le mieux à soutenir?
— Celle de la Gaîlé.
Mot de la Un
Mlle Adèle X..., une grognarde du demi-monde, a une fille qui
menace de devenir au si belle que sa mère.
On en causait au calé Bignon.
Quelqu'un djs'iit :
— Cette pauvre Adèle est criblée de dnt'es...
— Bast, riposta un auditeur, cllo a une fille ravissante '
— Eh bien ?
— Eh bien, une fille comme celle-là, mon cher, c'est une for-
lune...
— Oui, mais les créanciers ont déjà fait opposition.
Emile Blondkt.
Le direeleur-gérant : Daniel Lbvy.
TARIf. — ÎMPRIM ERIK INTERNATIONALE db 0. TOWNB
9, RtH d'asolkjr.
LA LUNE
LE BAIN DE MADAME PIPELET, par GÉDÉON
La besoin s'en disant généralement ten-
lir, M'amc Pipelet prjnd la résolution d'al-
1<ïv au bain... avec Zozor, bien entendu.
Cachant dans uni cabas l'objet de son amour,
Et, prenant dans ses bras le pudique
Zozor, elle se glissa dans la baignoire.
M'amc Pipelet, dodelinant de la tête,
s'en fut aux étuve".
Zozor la trouve un pou chaude,
Azor semble p';u disposé à goûter les douceurs du
bain.
M'amc Pipelet laisse tomber son dernier voile.
Et jette à la terre un regarl de
regrets et de pleurs.
Juste, mais sévère, m'amc Pipe-
let applique une douche au pas-
sionné Zozor.
Sauvé, mon Dieu !
à .4
..... Secouant alors sa crinière, il émaillc la salle
de bain de mille paillettes étincelantes.
Puis coquettement se sèche.
A peine remis de ses alarmes, Zozor se montre bien
indiscret.
Mai? en même temps plein d'attentions délicates.
FSB
Aussi un morceau de sucre va-t-il le récompenser M'amc Pipelet, elle, se raffermit les chairs avec — Allons, baisez vdt' 'maîtresse et rentrez au cabas, Fière de son précieux fardeau, rafraîchie par de
de ses bons oflices. quelques gouttes d'un généreux cassis...... petit débauché I • bienfaisantes ablutions, Rose Pilou, dite femme Pipe-
let, revient trôner dans sa loge.
Une famille qui n'a pas volé son nom, ces Félix!
Entendons-nous : je ne parle point des mûles.
Rachel, Rébccca, Dinah, Lia!... -
L'immortalité et la mort nous en ont pris deux, — la Thisbé,lu
Catarina A'Angelo !
Colles qui restent personnifient dans un double talent le mas-
que antique qui rit par un côté et pleure par l'autre.
* *
M. Raphaël Félix disait à l'un de nos confrères :
— Vous voyez celte bague?
— Oui.
— C'est un cadeau de feu la reine de Prusse à notre chère et
regrettée Rachel.
— Ah !
Ici, un pleur imaginaire.
— Pauvre sœur ! Quelle perte pour la France I
Deuxième pleur non moins apocryphe que le premier.
— La mémoire de ses bienfaits vivra éternellement dans nos
cœurs !....
Troisième pleur aussi fantastique que les deux autres.
— Tenez, cette bague c'est un souvenir, — un souvenir de
gloire et de famille....
La Dhuis de pleurs se change en une Seine de sanglo's.
— Elle a coûté cinquanto louis, cette bague,... Eh bien, là,
vrai, foi de négociant, je la céderais volontiers pour quarante-
cinq. (
* *
On prétend que Mlle Lia apporte dans son intérieur ces habi-
tudes commerciales.
Son baby — qui avait cinq ans à peine — rencontre Luguet
dans les coulisses de la Porte-Suint-Murlin pendant une repré-
sentation de la Voie sacrée.
Luguet, qui jouait un sergent de zouaves, s'était grimé le front
d'une énorme balafre.
. —Qui est-ce qui t'a fait ça sur la figure? demande l'enfant.
. —Les Autrichiens à Palcsfro. Tu ne les connais pas, n'est-ce
pas, les Autrichiens?
— Les Autrichiens?... Oh! si fait : ils ont monté do cent sous,
ce soir, à la Bourse.
*
Gréée en guerre, comme l'Armada de Philippe II, par un écri-
vain qui est, en mémo temps, un librettiste fort érudit et un
impressario fort expérimenté, Mlle Angelina Thèso partit un
jour, toutes voiles dehors, de l'Ecole lyrique pour le Théâtre-
Français...
Elle échoua au Cirque !
C'est une grande fille à formes d'éphèbe, avec quelque chose
de superbe, d'agressif et de dominateur dans toute sa personne...
Sa grâce est âpre; son charme impérieux; sa beauté, crue
comme un fruit vert...
On no rêverait pas autrement Clorindo ou Bradamante !
rôt&e s-. ' » • i * \
Nous causions clinique et barreau avec G. L*J
— En droit et on médecine, lui demandais-je, quelle thèse ai-
meriez-vous le mieux à soutenir?
— Celle de la Gaîlé.
Mot de la Un
Mlle Adèle X..., une grognarde du demi-monde, a une fille qui
menace de devenir au si belle que sa mère.
On en causait au calé Bignon.
Quelqu'un djs'iit :
— Cette pauvre Adèle est criblée de dnt'es...
— Bast, riposta un auditeur, cllo a une fille ravissante '
— Eh bien ?
— Eh bien, une fille comme celle-là, mon cher, c'est une for-
lune...
— Oui, mais les créanciers ont déjà fait opposition.
Emile Blondkt.
Le direeleur-gérant : Daniel Lbvy.
TARIf. — ÎMPRIM ERIK INTERNATIONALE db 0. TOWNB
9, RtH d'asolkjr.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le bain de madame Pipelet, par Gédéon
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 39, S. 39_4
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg