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La Lune — 2.1866

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https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0174

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LA LUIS E

CE QUE VOUS ALLEZ VOIR

En 1867

D'abord ceux qui voudront voir la Lune... prendre un
développement incroyable n'auront qu'à ne pas se laisser
mourir.

Mais ce n'est pas de cela seulement que je veux parler.

Si j'avais la bonne fortune d'être l'un des trois ou quatre
fabricants patentés des revues moisies qu'on fait applaudir,
Dieu sait comment ! si j'étais assez dépourvu de pudeur
pour expectorer des couplets comme ceux que lo claque re-
demande dans le Diable boiteux ; si je savais retourner pério-
diquement la veste de ma première et éternelle pièce......

j'inaugurerai cette année un nouveau genre de revue.

Mais, au fait, je n'y pense pas; car si j'étais assez... courtier
d'annonces pour commettre une machine pareille à celle que
le Cbâlelet tait mousser, il est probable que je n'aurais pas
eu une idée.

Contentons-nous donc de percevoir un certain nombre de
■ centimes pour chaque ligne de copie, et disons sans regret
au public quelle est l'idée que nous avons trouvée, et pour
laquelle nous n'avons pas pris de brevet... à cause de la du-
reté des temps.

Au lieu d'atteler des effets centenaires à une formule éter-
nelle, au lieu d'infliger des couplets idiots à de vieilles gui-
tares, il me semble qu'il eût été bien plus drôle, bien plus
imprévu de donner, en décembre 1866, une revue anticipée
de 1867.

Les deux personnages principaux de ma pièce eussent été
le sorcier Ledos et le photographe Carjat.

Ce dernier, ayant définitivement rompu avec ses anciens
commanditaires, était sans engagement. Il aurait photogra-
phié l'avenir. Maintenant — et j'ajoute ceci pour ceux qui
voudraient me voler mon idée — maintenant il est trop lard.
Carjat n'est plus libre. Je ne sais pas encore où seront ses
nouveaux ateliers, mais je vous le dirai vers le 20 janvier.

Donc, nous avons le sorcier Ledos et Etienne Carjat. Au
premier tableau, ils descendraient ensemble chez les morts
pour chercher l'âme de Mathieu (de la Drôme). Ici, quelque
chose de gai : des couplets chantés en chœur par les ducs de
Bourgogne sur le fauteuil do M. de Barantc.

L'âme de Mathieu (de la Drôme) adhère à la proposition et
part pour la terre (musique d'Offenbach) pendant que Carjat
essaye en vain de faire le portrait de M. Ledos, dont on no
voit jamais la figure, bien entendu.

Ici finirait cet admirable prologue, qui serait tout simple-
ment un chef-d'œuvre, n*en déplaise à M. Hostcin et à son
ravissant secrétaire.

Vous comprenez, de reste, qu'à partir de ce moment l'ima-
gination de votre serviteur pourrait se livrer à toutes les dé-
bauches.

Mais je ne devrais point négliger de m'adjoindre un colla-
borateur intelligent, si c'était possible, et actif. Il serait
chargé de faire les courses, de tutoyer les critiques, de soi-
gner notre gloire future; en un mot, de préparer la réclame.

Ces sortes de collaborateur* sont très-utiles. Ils ne sont
pas toujours nommés : en revanche, ils touchent un pour

cent, et même un et demi pour cent, sur les droits d'auteurs,
selon les services qu'ils ont rendus.

Mon premier acte serait intitulé Nos jolis petits cre-
vés.

Ce serait l'histoire du carnaval, du carême et dos bals du
grand monde. Le tout agréablement panaché de cocotes, do
réceptions à l'Académie, des menus du baron Brisse, de
nouvelles à la main sur Bismark, de gloire, de victoire,
de lauriers, de premières représentations, de journaux à un
son, de duels, de spiritisme, de fours, de succès et du reste.

Et mon troisième tableau se passerait sur la coupole du
Panthéon illuminée à giorno. Ici, je placerai un diologuo vif
et animé entre les deux moitiés do tête du cardinal de Biche-
lieu.

Ce qui ne m'empêcherait pas de faire exécuter ma fameuse
chanson dans le goût du jour : J'ai des souris dans mon
tiroir!!! '__

Deuxième acte : ï Exposition.

Plus que jamais Carjat veut faire le portrait de M. Ledos,
afin de le montrer au public qui n'a pu encore parvenir à le
voir.

Terrible chose ! Je serai arrêté là par le besoin pressant
d'un troisième collaborateur. On ne peut pas, il est vrai,
laisser passer une aussi belle occasion do fairo des an-
nonces.

J'irai donc place de la Bourse, chez mossicu Panis — qui
n'est plus mossieu Panis — et je lui offrirai trente pour cent
doronrse sur les annonces ou les réclames qu'il pourra m'ob-
lenir.

S'il m'en donne pour cent mille francs, il sera nommé,
après moi, à la chute du rideau. S'il en fait pour deux cent
mille francs, il sera nommé avant moi.

Je suis rond en affaires.

Mais voilà que la place va me manquer pour vous raconter
lu Un de ma pièce.

C'est dommage. J'aurais voulu citer la ronde du Saucisson
de cheval, qui sera chantée par un émir-débitant au palais du
Champ-de-Mara. Mais mon rédacteur en chef ne me permet
pas de m'élendre de tout mon long dans la Lune, et il faut
bien que je dévore mes regrets.

Laissons donc de côté les détails et arrivons au troisième
et dernier acte qui s'appellera : Le kktour de Pontoise.

Je n'ai pas besoin de faire remarquer combien le Retour de
Pontoise est un titre fin et ingénieux.

Ce sera la satire de 800,000 malheureux qui auront compté
sur l'Exposition de 1867 pour gagner cinq millions chacun.

Carjat leur offrira galamment leur portrait, et M. Ledos,
dont on n'aura pas encore pu voir le nez, leur prédira, con-
curremment avec l'âme de Mathieu (de la Drôme), qu'ils ne
seront pas millionnaires cette année.

Là encore quelques réclames et une vingtaine de femmes
nues. Soixante-troisième et dernier tableau : l'apothéose de
Mathieu (de la Drôme), avec la reprise du chœur des ducs de
Bourgogne sur le fauteuil de M. Baranle.

Ah! si j'avais la bonne fortune d'être l'un des trois ou
quatre fabricants patentés des revues moisies qu'on fait
applaudir.

Mais j'y pense, le Théâtre-International du Champ-de-
Mars doit ouvrir ses portes le 1" avril. A l'œuvre, mossieu
Panis !

Ors.

UNE TURLUTA1NE

La nouvelle pièce de M. Amédéc Rolland, que joue en ce
moment le théâtre des Menus-Plaisirs, démontre assez clai-
rement ce dont on se doutait bien un peu : à savoir quo

Ici-bas, chose certaine,
Chacun a sa turlutaine.

La chose a do tout temps existé, mais combien peu de
gens ont vu s'accomplir leurs rêves inoffensifs!

Un Anglais maigre et stoïque avait jadis une ambition
bien excusable, saluer et visiter le Panthéon de Paris. H
abandonne un beau matin famille et affaires, prend le paque-
bot et débarque chez nous tout ému.

Il faisait nuit noire; impossible, par conséquent, de satis-
faire immédiatement son envie. L'Anglais descend à l'hôtel des
Princes, prend des informations, loue un cicérone, relit dans
son Paris-Guide cet avis alléchant : « Le Panthéon, grand et
bel édifice bâti par Sou'Hot; dôme superbe, tableaux remar-
quables de Gros, tombeau de Rousseau, » — et se couche
pour rêver à son monument chéri.

Le lendemain, il se dirige vers le Panthéon. Mais ce len-
demain était le 21 juin 1818; il y avait eu quelques diffé-
rends entre les ouvriers et les soldats, et Ton s'expliquait
dans les rues à coups de fusil.

Vers l'Hôlel-Dieu, Je conducteur dit à l'insulaire :

— Milord, on ne peut pas aller plus loin.

— Oh'! et pourquoi? je avais un passe-port.

— Parce qu'on se bat ?

— Oh! ce n'était pas un empêchement; je voulais voir
Rousseau.

— Allez-y tout seul, en ce cas.

— Yes... Indiquez le chemin à moâ...

— Toutdroi!.

— Very welll

L'Anglais fait quelques pas, tire ses tablettes, inscrit cette
remarque : « On arrive au Panthéon par une rue étroite où
les habitants entassent les fiacres et les omnibus à leurs heu-
res de loisir; hommes barbus, femmes plates, température
malsaine » — et continue sa route.

Au milieu de la rue Saint-Jacques, des insurgés lu saisis-
sent.

— Où vas-tu, citoyen?

— Au Panthéon.

— Quoi faire? des vœux pour ceux qui sont dedans?

— Yes. Je étai3 pour le dedans ; je voulais voir Rousseau
dedans.

— Rousseau, un des nôtres ? — On va te conduire.

Quatre hommes escortent alors notre voyageur et le mè-
nent, par des chemins sûrs, jusqu'au temple occupé par les
révoltés. L'Anglais donne cinq francs à chacun de ses gar-
des-du-corp?, reprend son calepin décrit: « Le Panthéon,
église vide servant à l'exercice à feu ; habitants belliqueux,
malpropres et loquaces; ongles longs et irréguliers. »

Pendant qu'il rédige, la troupe arrive et essaye de déloger
les ouvriers. Le combat s'engage, terrible. L'Anglais, à tra-
vers la fusillade, mesure les colonnes du monument. Les
soldats vainqueurs l'entourent bientôt.

— Que faites-vous ici? lui demande un capitaine.

— Je promenais moâ; je avais un passe-port; je voulais
voir Rousseau.

— Êtcs-vous pour l'ordre?

— Oh! yes. Je demandais à regarder Rousseau.

— Renlrez chez vous toutdesuite; on va vous reconduire.
Et des soldats du 55" de ligne ramènent à l'hôtel des Princes
l'insulaire, qui s'empresse de noter sur son album cette

LÀ DERNIÈRE MORT

DE ROGAMBOLE

« «a ■ ■. jl

— suite —

Ce jourd'huy 26 décembre lendemain de l'aimable solen-
nité du réveillon, étant sommé par le journal la Lune d'avoir
à continuer l'admirable ouvrage qu<! j'écris habituellement à cette
place sous le titre Dernière M&rl de Rocambole, je soussigné, poète
récalcitrant, ai déclaré et déclare ce qui suit :

Article premier. — Tous les homnres sont égaux devant les
huîtres et la dinde truffée.

Art. 2. — Nul no «aurait contraindre sdn semblable à lire la
prose du vicomte, ni a s'en souvenir s'il ne l'a lue.

Art. 3. — Il y a bien longtemps qwe je n'ai lu Rocambolc, c'est
pourquoi je ne m'en souviens pas.
4, — Je m'en trouve bien.

Art,_ 5. — Vive le boudin blanc!

La présente déclaration a pour but d'expliquer comment, s'é-

tant égaré le 25 courant, dès ia première heure de la nuit, en
nombreuse et agréable com[agnie,Ie soussigné, au mépris de
tous ses engagements antérieurs, a substitué, pour quelques
heures, les charcuteries variées ot les fioles diverses au saint
amour de Hocanibole.

Une grand» contusion s'en est suivie dans le cerveau du sous-
signé touchant les récentes péripéties de ce beau drame, du
grand drame, du drame étonnant, poignant, renversant, etc.,

que publie la Petite Presse..........

Lo soussigné aurait-il l'ait une brio-
che?

I.C soussigné on a peur!
Toutefois, il déclare à nouveau qu'il
50 trouvo on ne peut mieux du mépris
do tous ses engagements antérieurs.
Après quoi, ses cheveux se dressent sur sa tète à l'idée de co

qu'il va dire ou
plutôt de ce qu'il
ne va pus dire à
ses 333,597 lec
teurs et de ce
qu'ils en pense-
ront.

En conséquence,
le soussigné reste
perplexe un in-
stant, se deman-
dant s'il doit faire
un effort suprême,

rassembler ses souvenirs touchant les faits qu'il ignore — ou
briser sa plumo.

Cette plume si fine!

Otte plume si élégante!

Cette plume si acérée I

Cette plume qui...

Cette plume que...

Briser sa plume!.....

Cette pensée est horrible !... Le soussigné la rejette loin de lui»
eu songeant au dommage incalculable qu'il causerait à ses
333,507 lecteurs.

Reste l'effort suprême :

âàÉ> !.....!!.....!.....Il.....!!!.....

/"^~-=> ySP,^ !!.....!!!!!!

WE&eF Wfj) Le Pâtissier dansait tou-

jÊÊÊt II' f jours.
^Tp^ ^ El il dlait de colonne en

Jj ^rï0.~'colonne, cherchant un cœur
" , ^ pour l'associer au sien, désor-

mais désaltéré de vengeance.
Mille colonnes !..... le Pâtissier aurait bien lini par trouver.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La dernière mort de Rocambole par Gill
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gill, André
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Schreibfeder
Frankreich
Rocambole <Fiktive Gestalt>
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 43, S. 43_2
 
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