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Mairet, Jeanne
André Maynard, peintre — Paris: Paul Ollendorff, Éditeur, 1887

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https://doi.org/10.11588/diglit.61477#0289
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ANDRÉ MAYNARD.

279

La princesse se mordit les lèvres. Mais elle resta
quand même très douce, presque humble.
— Alors, vous ne trouvez pas que j’aie fait des
progrès depuis Rome?
— Voyons, princesse, comment voulez-vous qu’il
y eût progrès, qu’il y eût même la possibilité d’un
travail un peu sérieux au milieu des agitations
d’une vie comme la vôtre ? Vous avez bien assez de
flatteurs pour que je ne me mette pas sur les rangs.
On ne peut pas être ambassadrice, mondaine ; on
ne peut pas mener des intrigues politiques, socia-
les — ou académiques, -— et vouloir aussi faire de
l’art. L’art est la chose au monde la plus absor-
bante, la plus tyrannique, qui n’admet aucun par-
tage, qui n’offre souvent à ses dévots qu’une tor-
ture morale sans égale en échange d’un travail qui
commence à l’adolescence pour ne se terminer
qu’à la mort. L’art, lorsqu’il a pris un être, ne le
lâche pas, ne lui donne aucun répit, ne se soucie
ni des pleurs ni des désespoirs. Et, que peut avoir
de commun avec ce martyre, qui est une gloire,
ce semblant de passion artistique d’une femme
comme vous, dont les pinceaux traînent entre un
éventail, un roman et des bonbons !
— Vous êtes dur pour moi, André...
C’était la première fois depuis bien des années
qu’elle l’appelait ainsi ; sa voix tremblait un peu ;
l’altière princesse, qui n’avait pas su aimer lors-
qu’elle avait été l’objet d’une passion jeune et forte
 
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