NOTICE BIOGRAPHIQUE
CCXXIII
Le matin du mercredi 18, il s'imagina soudain que s'il
quittait sa chambre, il y laisserait son mal ; il rejeta brus-
quement ses couvertures, se dressa sur ses pieds, et il fallut
deux hommes pour le recoucher. Ce fut la dernière révolte,
et à partir cle ce moment il baissa rapidement : à sept heures
trente-cinq du soir, il expira, entouré de ses enfants et des
amis qui, sentant la fin imminente, n'avaient pas voulu
quitter la maison.
Vingt-trois années se sont écoulées depuis lors, et le temps,
qui est si funeste aux fausses grandeurs, n'a point diminué
la sienne. On a critiqué ses méthodes de travail et de fouilles,
déprécié ses mémoires scientifiques, rabaissé la valeur de
ses publications, mais, quoi qu'on ait dit, il a bien fallu re-
connaître qu'il avait su accomplir une grande œuvre et que
seul il était de taille à l'accomplir. Sans lui, l'Egypte aurait
continué longtemps encore à détruire ses monuments ou à
en vendre les morceaux aux étrangers sans en rien garder
pour elle-même : il l'a contrainte à les conserver, et si elle
possède aujourd'hui le plus beau musée d'histoire et d'art
antique qu'il y ait au monde, c'est bien à lui qu'elle le doit.
Sa femme et sa fille Joséphine l'attendaient au cimetière du
vieux Caire. Il avait composé lui-même l'épitaphe de ces
chères mortes :
QUE DIEU
REÇOIVE DANS SA MISÉRICORDE
LES AMES PURES
DE CELLES QUI ONT ÉTÉ SUR CETTE TERRE
MA FEMME BIEN-AIMEE
ÉLÉONORE MILLON
MORTE A BOULAQ
LE 14 AOUT 1865
MA FILLE CHERIE
JOSÉPHINE MARIETTE
MORTE A BOULAQ
LE 27 MARS 1873
ILS NE VIENDRONT PLUS VERS NOUS
MAIS NOUS IRONS VERS EUX
SAM., II, 12
CCXXIII
Le matin du mercredi 18, il s'imagina soudain que s'il
quittait sa chambre, il y laisserait son mal ; il rejeta brus-
quement ses couvertures, se dressa sur ses pieds, et il fallut
deux hommes pour le recoucher. Ce fut la dernière révolte,
et à partir cle ce moment il baissa rapidement : à sept heures
trente-cinq du soir, il expira, entouré de ses enfants et des
amis qui, sentant la fin imminente, n'avaient pas voulu
quitter la maison.
Vingt-trois années se sont écoulées depuis lors, et le temps,
qui est si funeste aux fausses grandeurs, n'a point diminué
la sienne. On a critiqué ses méthodes de travail et de fouilles,
déprécié ses mémoires scientifiques, rabaissé la valeur de
ses publications, mais, quoi qu'on ait dit, il a bien fallu re-
connaître qu'il avait su accomplir une grande œuvre et que
seul il était de taille à l'accomplir. Sans lui, l'Egypte aurait
continué longtemps encore à détruire ses monuments ou à
en vendre les morceaux aux étrangers sans en rien garder
pour elle-même : il l'a contrainte à les conserver, et si elle
possède aujourd'hui le plus beau musée d'histoire et d'art
antique qu'il y ait au monde, c'est bien à lui qu'elle le doit.
Sa femme et sa fille Joséphine l'attendaient au cimetière du
vieux Caire. Il avait composé lui-même l'épitaphe de ces
chères mortes :
QUE DIEU
REÇOIVE DANS SA MISÉRICORDE
LES AMES PURES
DE CELLES QUI ONT ÉTÉ SUR CETTE TERRE
MA FEMME BIEN-AIMEE
ÉLÉONORE MILLON
MORTE A BOULAQ
LE 14 AOUT 1865
MA FILLE CHERIE
JOSÉPHINE MARIETTE
MORTE A BOULAQ
LE 27 MARS 1873
ILS NE VIENDRONT PLUS VERS NOUS
MAIS NOUS IRONS VERS EUX
SAM., II, 12