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Marx, Roger
Les médailleurs modernes à l'Exposition Universelle de 1900: recueil de 327 médailles Françaises et étrangères — Paris, 1901

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https://doi.org/10.11588/diglit.1251#0005
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PRÉFACE

L'exposition universelle de 1900 est appelée à marquer dans les annales de la glyp-
tique, tant à cause des éléments d'information quelle a réunis qu'en raison des
occasions de parallèle qu'elle a offertes.

En effet, les amateurs ne s'y pouvaient pas seulement édifier sur l'état actuel de
la médaille dans les deux mondes ; à ce département contemporain l'administration
avait donné comme préface — en ce qui concerne la France du moins — une
section rétrospective, embrassant la période qui s'étend de 1800 à 1889. Déjà, lors de la
précédente exposition universelle, il avait paru que faire revivre le passé était le moyen
le plus efficace d'expliquer le présent; mais la faveur toujours plus décidée qui s'attache
à l'art du médailleur conseilla d'attribuer cette fois à l'évocation une importance plus
grande (1). Le public fut ainsi admis à suivre, à travers la succession des phases
d'éclat et de décadence, l'évolution de la médaille française depuis la première République.

Dans la glyptique, de même que dans la peinture et la statuaire, les doctrines clas-
siques ne prédominèrent pas sur-le-champ et la rupture avec l'idéal du xvme siècle ne fut
ni immédiate, ni soudaine. On ne s'arrache pas sans peine aux séductions de l'élé-
gance et à la volupté du charme. Entre l'ancienne école et la nouvelle, dans tous
les genres, certains artistes marquent la transition nécessaire : « Ils gracilisent l'antique
et antiquent la grâce. » Qu'on rapproche les médailles d'Augustin Dupré des tableaux de
Prud'hon, c'est la même poétique, la même inspiration ; chez J.-E. Dumont, chez
N.-M. Gatteaux, chez Droz, chez Renaud, l'ordonnance décorative, la recherche des vérités
de nature, l'accentuation libre et franche du modelé attestent encore la survivance
d'une tradition bientôt rompue. Sous Napoléon 1er, le style gréco-latin définitivement
l'emporte et c'en est fait pour longtemps de la délicatesse du sentiment, de la grâce,
de la verve et de l'esprit.

Cependant « il n'est guère d'époque qui ait vu mettre au jour et frapper plus de
médailles que le premier empire; il n'en est pas non plus où les médailleurs reçurent
plus d'encouragements: un prix de Rome est fondé à leur intention; on leur attribue
deux sièges à l'Institut, dès sa création, et trois récompenses dans les concours pour les
prix décennaux. » Ne nous laissons pas égarer par ces témoignages d'intérêt, et, à travers
l'abondance de la production, cherchons à discerner quels artistes firent œuvre utile et
durable. Bertrand Andrieu, peut-être? Il est instruit, « si ingénieux que pour figurer, selon
la convention de l'époque, la découverte de la vaccine, il montrera Esculape secou-
rant la Vénus de Médicis. » A côté de lui, si l'habileté technique est grande — vovez
Galle, par exemple, — l'invention s'appauvrit. Le médailleur ne compose plus ses mo-
dèles, il fait appel à un sculpteur comme Chaudet, à un architecte comme Percier; son
rôle est celui d'un interprète impersonnel de la pensée d'autrui. Pour que cet état
d'abaissement prenne fin, il faudra les tentatives isolées d'un J.-J. Barre, d'un Domard, d'un

(1} Le nombre des pièces réunies se trouva presque doublé (217 en 1900, au lieu de 129 en 1889) et l'on s'abstint, autant
que possible, de remontrer les mêmes ouvrages.
 
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