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Marx, Roger
Les médailleurs modernes à l'Exposition Universelle de 1900: recueil de 327 médailles Françaises et étrangères — Paris, 1901

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https://doi.org/10.11588/diglit.1251#0007
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— VII —

tinez), en Suisse (MM. Frei, Kauffmann), en Angleterre, où certaines pièces de M. Frank
Bowcher permettent de fonder sur le talent de cet artiste de belles espérances.

Trois nations montraient des ouvrages assez nombreux et de style assez particu-
liers pour prendre le premier rang dans cette joute internationale ; c'étaient les Pays-Bas,
les États-Unis et l'Autriche. En Hollande, M. Begeer grave ses compositions, ou inter-
prète les modèles, plus d'une fois remarquables, que lui fournissent M. Wienecke,
Miedema, Junger, van der Tuuk. De l'autre côté de l'Océan, un artiste grandement
s'impose, M. Saint-Gaudens ; ses portraits sont exécutés en vue de la fonte et non plus
de la frappe ; mais la saillie est faible et l'arrangement dans le champ tel que l'on
reconnaît toujours la convoitise d'une ordonnance appropriée au format, le soin de
composer en quelque sorte ses bas-reliefs selon des lois qui ne sont autres que celles
de la glyptique. Dans la même voie que M. Saint-Gaudens, se sont engagés deux de
ses compatriotes heureusement doués, M. John Flanagan et M. David Brenner. Quant à
M. Mac-Monniès, il avait jugé inutile de se manifester dans un art qu'il ne pratique
qu'accessoirement, et c'était grand dommage ; on ne lui doit que quelques médailles, mais
leur originalité et leur qualité d'art les rendent infiniment précieuses.

A la vérité, et tout compte fait, en dehors de la France, l'Autriche est seule à
posséder une école distincte de graveurs en médailles. Le fait s'explique par les affinités
esthétiques qui rapprochent les deux peuples. Des ressemblances d'aspect entre Paris et
Vienne n'ont-elles pas été dès longtemps signalées et n'a-t-on pas constaté, à maintes
reprises, dans les deux capitales, les mêmes recherches de goût, le même soin d'élégance,
de grâce légère, voluptueuse? Un moment devait arriver où l'Autriche bénéficierait à
son tour des avantages que confère la délicatesse de l'instinct foncier pour 1 exercice
d'un art tel que celui du médailleur. Ce sera l'honneur de M. le chevalier A. de Loehr de
s'être efforcé par tous moyens de favoriser cette efflorescence de la glyptique viennoise
et de s'en être constitué l'historien (i). Le groupe des médailleurs autrichiens faisait
belle figure à l'exposition de 1900. Portraitiste et inventeur d'allégories, M. Joseph
Tautenhayn y paraissait le promoteur de l'évolution ; il est bientôt suivi par M. Anton
Scharff dont les effigies d'hommes décèlent une observation de la nature sagace et
pénétrante, puis par M. Stefan Schwartz ; enfin l'avenir s'annonce riant de promesses et
désormais assuré, témoins les inventions familières ou rustiques de M. Franz Pawlik,
témoins les compositions si simples, si aisées de M. R.-F. Marshall, de M. Tautenhavn
junior, témoins les images de femmes ou d'enfants de M. Peter Breithut.

De l'examen de tant d'œuvres, exécutées dans des pays divers, par des hommes de
tempéraments opposés, il semble résulter que l'art de la médaille se transforme, ou du
moins que la conception même de cet art se modifie. C'est toujours à lui que l'État et les
villes demandent de fixer le souvenir des événements qui marquent dans l'histoire des
peuples et les fastes de la cité ; mais on ne se défend plus d'y recourir en dehors des cir-
constances graves, solennelles, et alors même qu'il n'y a nullement matière à commémo-
ration. On crée une médaille, comme on grave une estampe, comme on peint un
tableau, comme on modèle une statue, pour le seul plaisir de faire œuvre de créateur,
en vertu du droit qui appartient à l'artiste d'élire librement le mode d'expression et la
technique les plus propres à traduire son rêve. Je n'imagine pas que nul soit fondé à se
plaindre de cette abolition des limites et des entraves d'antan; elle constitue, à vraiment
parler, une émancipation, et, comme tous les affranchissements, elle ne saurait être qu une
source de vie et de progrès pour l'art et pour la pensée.

ROGER MARX.

(1) Wiener medailleure, Schroll éditeur, Vienne, 1899.
 
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