LA VIE PLÉBÉIENNE
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ment des troupeaux de chèvres que l’on mène également aux clients et qu’on
n’hésite pas à faire monter de palier en palier jusqu’aux étages supérieurs
pour y offrir le contenu savoureux de leurs pis gonflés, et ce sont là, sous des
porches vénérables et dans des escaliers délabrés et parfois seigneuriaux, des
scènes pittoresques. Le Napolitain ne prend pas plus souci de ce tumulte ani-
malier que des multiples excréments auxquels s’en joignent bien d’autres avec
toutes les épluchures et tous les détritus de la voirie. Il dispose son étalage
devant les trous ténébreux des « bassi », et tout recoin de portique est une
échoppe, sous l’inévitable penderie de ce que Hugo a osé, songeant au soleil
qui les illumine, nommer « des torchons radieux », et aussi (le Marseille plébéien
en donne déjà une
faible idée), sous
le risque incessant
des chutes d’or-
dures lancées du
faîte des logis.
Les femmes se
lavent, explorent
les chevelures de
leurs enfants, et
jacassent dans le
bruit des métiers.
Les crieurs de j our-
naux s’enrouent,
les « mozzonari »
cherchent les bouts
de cigares dans la
grasse ordure, les
vendeurs de pana-
cées ameutent par
leurs boniments,
les convois funè-
bres, avec leurs
suivants à capu-
chons, passent
dans la cohue, qui
Marchand de coquillages à Mergellina.
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ment des troupeaux de chèvres que l’on mène également aux clients et qu’on
n’hésite pas à faire monter de palier en palier jusqu’aux étages supérieurs
pour y offrir le contenu savoureux de leurs pis gonflés, et ce sont là, sous des
porches vénérables et dans des escaliers délabrés et parfois seigneuriaux, des
scènes pittoresques. Le Napolitain ne prend pas plus souci de ce tumulte ani-
malier que des multiples excréments auxquels s’en joignent bien d’autres avec
toutes les épluchures et tous les détritus de la voirie. Il dispose son étalage
devant les trous ténébreux des « bassi », et tout recoin de portique est une
échoppe, sous l’inévitable penderie de ce que Hugo a osé, songeant au soleil
qui les illumine, nommer « des torchons radieux », et aussi (le Marseille plébéien
en donne déjà une
faible idée), sous
le risque incessant
des chutes d’or-
dures lancées du
faîte des logis.
Les femmes se
lavent, explorent
les chevelures de
leurs enfants, et
jacassent dans le
bruit des métiers.
Les crieurs de j our-
naux s’enrouent,
les « mozzonari »
cherchent les bouts
de cigares dans la
grasse ordure, les
vendeurs de pana-
cées ameutent par
leurs boniments,
les convois funè-
bres, avec leurs
suivants à capu-
chons, passent
dans la cohue, qui
Marchand de coquillages à Mergellina.