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NAPLES L’ÉCLATANTE
avons examinés avec tant d’intérêt au musée de Naples, et nous devinerons
combien les hommes de ce temps-là savaient bien vivre, nous donnerons tout
leur sens aux petites odes d’Horace, aux dialogues de Pétrone, à ces propos
Maison des Amours dorés.
épicuriens, gais et mesurés, échangés entre convives allongés dans leurs toges
blanches, buvant le vin italien liquoreux et sucré, se couronnant de ces fleurs
qu’ils adoraient, satisfaisant sans gêne, ignorant toute pruderie, à cette sen-
sualité que soulignent mainte fresque ou mainte image priapique, et qu’en-
courage l’habitude de vivre presque nus dans ce climat tiède et langoureux.
Ce matérialisme qui n’exclut ni le goût des poèmes et des peintures, ni le con-
trôle de la raison, ce sentiment orgueilleux de la suprématie romaine, de sa
forte majesté, de dédain des rêveries idéologiques, ce bon sens, cette jouissance
subtilement dosée, c’est Rome au moment où vers l’est, en Palestine et en
Asie Mineure, commence de fermenter on ne sait quelle fièvre plébéienne et
sublime qui, née du supplice d’un obscur prophète local, deviendra le christia-
nisme, conquérant métaphysique du monde. Jésus le Nazaréen est mort sur
la croix depuis quarante-six ans, le jour où le Vésuve anéantit tous ces Pom-
NAPLES L’ÉCLATANTE
avons examinés avec tant d’intérêt au musée de Naples, et nous devinerons
combien les hommes de ce temps-là savaient bien vivre, nous donnerons tout
leur sens aux petites odes d’Horace, aux dialogues de Pétrone, à ces propos
Maison des Amours dorés.
épicuriens, gais et mesurés, échangés entre convives allongés dans leurs toges
blanches, buvant le vin italien liquoreux et sucré, se couronnant de ces fleurs
qu’ils adoraient, satisfaisant sans gêne, ignorant toute pruderie, à cette sen-
sualité que soulignent mainte fresque ou mainte image priapique, et qu’en-
courage l’habitude de vivre presque nus dans ce climat tiède et langoureux.
Ce matérialisme qui n’exclut ni le goût des poèmes et des peintures, ni le con-
trôle de la raison, ce sentiment orgueilleux de la suprématie romaine, de sa
forte majesté, de dédain des rêveries idéologiques, ce bon sens, cette jouissance
subtilement dosée, c’est Rome au moment où vers l’est, en Palestine et en
Asie Mineure, commence de fermenter on ne sait quelle fièvre plébéienne et
sublime qui, née du supplice d’un obscur prophète local, deviendra le christia-
nisme, conquérant métaphysique du monde. Jésus le Nazaréen est mort sur
la croix depuis quarante-six ans, le jour où le Vésuve anéantit tous ces Pom-