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Paw de: Mémoire concernant le temple de Junon Lacinienne
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98 MEMOIRE SUR LE TEMPLE
avec violence & en plein jour le trésor de la République, se glori-
sie ensuite dans ses Commentaires, d'avoir sauve du pillage une
sois le Temple d'Hercule à Cadix, & deux fois celui de Diane à
Ephèse : de sorte que si l'on ne connoissoit César, que par ces Com-
mentaires-là, on le prendrait pour l'homme le plus modéré de son
siècle. Cependant il eil aile de juger de ce que sirent ensuite Antoi-
ne & Auguste : puisque Brutus & Caßius se proposoient encore
un instant avant leur mort de piller Lacédémone&Laodicée; com-
me ils avoient fait à Rhodes, à Xanthe & à Patras. Au reste de tous
les factieux, qui devinrent alors chefs de parti, Sexte Pompée
fut celui, auquel l'argent manqua le plus complètement. Et
comme depuis Verres il n'y avoit presque plus rien à enlever
dans la Sicile, Pompée abandonna cette isle désolée, & vint dé-
barquer avec une troupe d'avanturiers auPromontoire de Lacinium,
où, suivant le témoignage positif d'Appien, il enleva sans exception
toutes les richenes consacrées à Junon. (*) On a perdu la partie
de l'histoire Romaine, où Tite-Live a dû rendre compte de cette
horrible dépréciation, qui l'aurait jetté dans un grand embarras, s'il
avoit été capable d'y résléchir? puisqu'il avoit eu la soiblesse de sou-
tenir dans sa troisième Décade, que les animaux féroces mômes
respeftoient miraculeusement les troupeaux sacrés du Promontoire
de Lacinium. Mais l'action de Pompée résute mieux cette absurdi-
té de Tite-Live, qu'on ne pourrait le faire par des raisonnements en
forme. Et tel es't le sort des Historiens crédules : chez eux les évé-
nements ordinaires détruisent toujours à la sin les événements mer-
veilleux, fans qu'ils s'en apperçoivent; parceque la crédulité ne fait
pas de reflexions.
Ce qu'il y a eu de triste dans ces continuels pillages des Ro-
mains, c'est qu'ils nous ont fait perdre des monuments inestima-
<*) dsfia». Alcxand. Bell civil Hb. W,
avec violence & en plein jour le trésor de la République, se glori-
sie ensuite dans ses Commentaires, d'avoir sauve du pillage une
sois le Temple d'Hercule à Cadix, & deux fois celui de Diane à
Ephèse : de sorte que si l'on ne connoissoit César, que par ces Com-
mentaires-là, on le prendrait pour l'homme le plus modéré de son
siècle. Cependant il eil aile de juger de ce que sirent ensuite Antoi-
ne & Auguste : puisque Brutus & Caßius se proposoient encore
un instant avant leur mort de piller Lacédémone&Laodicée; com-
me ils avoient fait à Rhodes, à Xanthe & à Patras. Au reste de tous
les factieux, qui devinrent alors chefs de parti, Sexte Pompée
fut celui, auquel l'argent manqua le plus complètement. Et
comme depuis Verres il n'y avoit presque plus rien à enlever
dans la Sicile, Pompée abandonna cette isle désolée, & vint dé-
barquer avec une troupe d'avanturiers auPromontoire de Lacinium,
où, suivant le témoignage positif d'Appien, il enleva sans exception
toutes les richenes consacrées à Junon. (*) On a perdu la partie
de l'histoire Romaine, où Tite-Live a dû rendre compte de cette
horrible dépréciation, qui l'aurait jetté dans un grand embarras, s'il
avoit été capable d'y résléchir? puisqu'il avoit eu la soiblesse de sou-
tenir dans sa troisième Décade, que les animaux féroces mômes
respeftoient miraculeusement les troupeaux sacrés du Promontoire
de Lacinium. Mais l'action de Pompée résute mieux cette absurdi-
té de Tite-Live, qu'on ne pourrait le faire par des raisonnements en
forme. Et tel es't le sort des Historiens crédules : chez eux les évé-
nements ordinaires détruisent toujours à la sin les événements mer-
veilleux, fans qu'ils s'en apperçoivent; parceque la crédulité ne fait
pas de reflexions.
Ce qu'il y a eu de triste dans ces continuels pillages des Ro-
mains, c'est qu'ils nous ont fait perdre des monuments inestima-
<*) dsfia». Alcxand. Bell civil Hb. W,