Société des Antiquités <Kassel> [Hrsg.]: Mémoires de la Société des Antiquités de Cassel (1.1780)

DES ANCIENNES NATIONS.

harangué leurs Armées dans les belles & harmonieuses périodes
que Tite-Live a composé dans son Cabinet.
Mais le bon Hérodote a aussi lui même la circonspe&iom
de nous avertir que ces harangues n'étoient pas regardées com-
me authentiques par plusieurs Grecs. Cet aveu étoit indispen-
sable & l'Historien redoutant la Critique elTaye de l'adoucir
en avouant qu'il ne présente qu'un ouvrage de son imagination,
alTez beau & assez piquant pour être récité dans les asiemblées
de l'Etat , mais non pas assez vraisemblable pour être cru
dans l'Hissroire. La vérité du fait est, que les Grands, qui
avoient conjuré contre le faux Smerdis, se disputèrent d'a-
bord l'Empire, & puis ils convinrent de l'accorder à Darius.
Ils feignirent, peut-être pour tromper le Peuple, d'attendre
que la volonté de la Divinité se déclarât par la voix du che-
val, & ils savoient très bien que cette voix céleste dépendoit
de l'Ecuyer.
Ainsi j'ose avancer que ce sait ne prouve rien contre mon
hypothése. Au contraire il montre encore de plus, que les Peu-
ples d'Afîe n'ont jamais conçu l'idée d'un Etat libre, & qu'ils
ne savoient que changer des maîtres. Et enfin quelle part eft-ce
que le Peuple de Perse avoit à la révolution dont je viens de
parler? Aucune. Il laissbit saire les Conjurés, c'eft-à-dire les
Grands, il ne pensoitpas à changer la forme du Gouvernement,
& il ne doutoit pas que celui, dont le cheval avoit henni le pre -
mier, seroit assurément le plus capable de le gouverner.
Les Arabes eurent de tout tems la même sorme de Gou-
vernement monarchique sous les Emirs ou Sheiks; l'Histoire
n'en connoîtpas de révolutions; Strabon en parle comme Niebuhr.
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