Société des Antiquités <Kassel> [Editor]: Mémoires de la Société des Antiquités de Cassel (1.1780)

DU PHÉNIX.
PAR
Monsieur Forster,
PROFESSEUR A CASSEL.
\ j extrême antiquité des mythologies , & le ton naïf & simple
de ces contes merveilleux , ont fi bien préfervé tout leur intérêt
jusqu'à nos jours, qu'ils forment encore le canevas ordinaire de
tous les poètes. Ce feroit pourtant une question bien digne d'être
difcutée, fi des ficlions aufii entièrement dépourvues de vraisem-
blance auroient été mifes en poffeffion de bleffer impunément le
fentiment, de chocquer le fens commun, de pécher enfin par tou-
tes leurs parties, fi elles n'avoient eu d'autre mérite que celui d'ê-
tre bien racontées.
La plûpart des Antiquaires, saisant ressexion à l'état de l'hom-
me dans ces âges reculés qui produifirent la fable , n'ont point
manqué d'attribuer à la barbarie, à la grofliereté des moeurs & de
la nourriture cet affemblage d'abfurdités, ce cahos bizarre d'idées
gigantesques & mesquines, obfcures & brillantes, qu'on y voit fi
souventconfondues enfemble. Mais, sans compter, qu'il s'en
saut beaucoup, que l'expérience ait conftaté cette hypothéie, &
qu'il n'esi: guères croyable, qu'en retournant aujourd'hui au gland
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