180 POMPÉI.
ajouter, le tableau est là, sous nos yeux, nous y as-
sistons, nous en sommes. Assis à l’amphithéâtre,
nous fuyons nous-mêmes aux premières commo-
tions, aux premiers éclairs qui annoncent l’incendie
et l’écroulement. Le sol s’est ébranlé plusieurs fois1,
et quelque chose comme une trombe dépoussiéré,
toujours plus épaisse, a tourbillonné dans le ciel.
Depuis quelques jours, on entendait parler de
géants qui, tantôt dans la montagne, tantôt dans la
plaine, passaient dans l’air ; ils ressuscitent mainte-
nant et se dressent de toute leur hauteur dans les
tourbillons de fumée, où l’on entend un bruit
étrange, un formidable mugissement, puis des coups
de tonnerre éclatant l’un sur l’autre et la nuit est
venue, une nuit d’horreur : de larges flammes em-
brasent les ténèbres. On crie dans les rues : « C’est
le Vésuve qui a pris feu 1 » — Aussitôt les Pompéiens
effarés, éperdus, quittent l’amphithéâtre, heureux
de trouver devant eux tant d’issues pour en sortir
pêle-mêle sans s’écraser, et, quelques pas plus loin,
les portes de la ville et la campagne ouverte. Cepen-
dant, après la première explosion, après le déluge
de cendres, tombe le déluge de feu, des pierres ar-
dentes et légères poussées par le vent — on dirait
une neige enflammée — descendant lentement, fata-
lement, sans répit ni relâche, avec une implacable
1. Voy. la Revue des Deux-Mondes, 1er septembre 1863.
ajouter, le tableau est là, sous nos yeux, nous y as-
sistons, nous en sommes. Assis à l’amphithéâtre,
nous fuyons nous-mêmes aux premières commo-
tions, aux premiers éclairs qui annoncent l’incendie
et l’écroulement. Le sol s’est ébranlé plusieurs fois1,
et quelque chose comme une trombe dépoussiéré,
toujours plus épaisse, a tourbillonné dans le ciel.
Depuis quelques jours, on entendait parler de
géants qui, tantôt dans la montagne, tantôt dans la
plaine, passaient dans l’air ; ils ressuscitent mainte-
nant et se dressent de toute leur hauteur dans les
tourbillons de fumée, où l’on entend un bruit
étrange, un formidable mugissement, puis des coups
de tonnerre éclatant l’un sur l’autre et la nuit est
venue, une nuit d’horreur : de larges flammes em-
brasent les ténèbres. On crie dans les rues : « C’est
le Vésuve qui a pris feu 1 » — Aussitôt les Pompéiens
effarés, éperdus, quittent l’amphithéâtre, heureux
de trouver devant eux tant d’issues pour en sortir
pêle-mêle sans s’écraser, et, quelques pas plus loin,
les portes de la ville et la campagne ouverte. Cepen-
dant, après la première explosion, après le déluge
de cendres, tombe le déluge de feu, des pierres ar-
dentes et légères poussées par le vent — on dirait
une neige enflammée — descendant lentement, fata-
lement, sans répit ni relâche, avec une implacable
1. Voy. la Revue des Deux-Mondes, 1er septembre 1863.