J Ü P I T E R. 4y
ciel par les géants, ou qu’il se métamorphoïa lui-même en un beîier de peur
d’être reconnu. Les autres Mythologues en parlent différemment. Selon Hy-
gin, Bacchus sur le point de partir pour les Indes, étant fort pressé de la soif,
trouva un belier qui le conduisit à l’eau, 6e il pria Jupiter de donner place au
ciel à ce belier : ce que Jupiter accorda. Alors Bacchus bâtit un temple à Ju-
piter, qui fut appelle le temple de Jupiter Hammon. Herodote beaucoup
plus ancien raconte fort différemment cette histoire. Jupiter, dit-il, ne vou-
lant pas se montrer à Hercule , qui avoir grande envie de le voir, mais ne
pouvant resister à lès instances, s’avisa de cet expedient ; il coupa la tête à un
belier, l’écorcha , & s’étant couvert de cette peau, se montra à Hercule en
cet équipage -, 6c ce fur pour cela que les Egyptiens representérent depuis Ju-
piter avec la tête du belier. Les Ammoniens, qui sont colonie des Egyptiens
& des Ethiopiens,ont pris cette coutume d’eux.Le fait le trouve en bien d’autres
maniérés qu’il seroit trop long de rapporter. Venons aux sigures de Jupiter
Hammon, que l’on trouve assez fréquemment dans les anciens monumens.
* La première figure que nous en donnons est celle qu’on trouve le plus ordi-
nairement. Une médaillé de la famille Lollia le represente de même. C’est XIV.
par allusion à son nom que la famille Cornuficia nous fournit aussi un Jupiter 1
cornu. Ces sortes d’alluiions se trouvent souvent dans les types des médail-
lés Romaines. Celle 2 qui vient enluite est une figure Panthée. Jupiter Ham- &
mon a ici sur la tête un boisseau, qui est le lymbole de Serapis. Les raions
qui sortent de la tête sont le lymbole du soleil- le trident est la marque de
Neptune, ôc le serpent celle d’Esculape. Tout cela est symbolique , 6c peut
avoir des lignifications mysterieuses. On peut donner sur ces sortes demyste-
res cent explications disserentes, mais qui ne seront pas plus certaines l’une
que l’autre. La figure 3 luivante est remarquable en ce que, outre les cornes & 3
les oreilles de belier, toute la face a je ne sai quoi de brutej & quoique le •
visage d’homme s’y voie exprimé, il y a neanmoins des traits qui semblent
revenir assez à la face du belier.
V. L’image 4 d’après est & plus curieuse & plus extraordinaire. Sur une base 4
est une tête de belier , &: sur la tête une colombe ; ce qui marque l’oracle de
Jupiter Hammon. Tout cela est admirablement expliqué dans quelques vers
de Silius Italicus, rapportez parBeger, dontlescns est: Qui ne lait que deux
fuit : vel quia sese in arietem ipse mutavit, ne dignos-
ccretur. Rem secus narrant alii Mythologi. Bacchus,
inquit Hyginus , profecturus in Indiam, cum liti
cruciaretur , arietem invenit, qui ipii ad aquam se viæ
ducem præbuit ; Jovemque rogavit huic arieti locum
in cælo daret, quod Jupiter concedit. Tum Bacchus
templum Jovi construxit 3 quod templum Jovis Ham-
monis appellatum fuit. Herodotus Hygino longe an-
tiquior rem ab Ægyptiis edoétus alio prorsus narrat
modo. Jupiter cum ab Hercule cernere se cupiente
cerni nollet y tandem exoratus, hoc commentus est y
ut amputato arietis capite , pelleque villosa , quam illi
detraxerat, induta libi, ita sese Herculi ostenderet.
Ea vero causa fuit cur Ægyptii Jovis simulacrum cum
capite arietino facerent : & hanc consuetudinem ab
Ægyptiis Ammonii acceperunt, qui sunt Ægyptiorum
& Æthiopum coloni. Aliis modis bene multis pro
more res enarratur ; verum hæc plusquam satis mit.
Jam ad Jovis Hammonis schemata veniamus, quæ
frequentissime in monumentis veterum occurrunt.
Schema1 primum illud est quod sæpius in marmoribus
& nummis occurrit, & nominarim in numismate fa-
miliæ Lolliæ. Alludendo autem ad nomen proprium
Cornuficia familia nummum exhibet cum Jove cor-
nuto : qui lusus sæpe in nummis familiarum Romana-
rum occurrit. Imago sequens 2 est figuraut vocant,
panthea: Jupiter Hammon calathum capiti impolitum,
habet, quod est symbolum Serapidis : radii ex capite
manantes solis sunt nota , tridens Neptuni, serpens
Æsculapii. Hæc omnia symbolica sunt, & arcana re-
præsentare poliunt : multæ poliunt conjeduræ pro-
ferri, seditaut ignores quæ certior, quæ incertior
sit. Quod infra ponitur schema in hoc lingulare est *,
quod præter cornua auresquc arietis tota facies neseio
quid bruti & agrestis habeat; licerque vultum hominis
referat, quidpiam tamen arietinum retineat.
V. Singularior etiam observatuque 4 dignior est
imago sequens. Basi rotundæ insidet caput arietinum 3
capiti columba, quod oraculum Jovis Hammonis
aperte indicat: ad hoc totum schema egregie quadrant
carmina Silii Italici a Begero allata p. zzx. ex lib. 5.
de bello Punico secundo circa finem :
ciel par les géants, ou qu’il se métamorphoïa lui-même en un beîier de peur
d’être reconnu. Les autres Mythologues en parlent différemment. Selon Hy-
gin, Bacchus sur le point de partir pour les Indes, étant fort pressé de la soif,
trouva un belier qui le conduisit à l’eau, 6e il pria Jupiter de donner place au
ciel à ce belier : ce que Jupiter accorda. Alors Bacchus bâtit un temple à Ju-
piter, qui fut appelle le temple de Jupiter Hammon. Herodote beaucoup
plus ancien raconte fort différemment cette histoire. Jupiter, dit-il, ne vou-
lant pas se montrer à Hercule , qui avoir grande envie de le voir, mais ne
pouvant resister à lès instances, s’avisa de cet expedient ; il coupa la tête à un
belier, l’écorcha , & s’étant couvert de cette peau, se montra à Hercule en
cet équipage -, 6c ce fur pour cela que les Egyptiens representérent depuis Ju-
piter avec la tête du belier. Les Ammoniens, qui sont colonie des Egyptiens
& des Ethiopiens,ont pris cette coutume d’eux.Le fait le trouve en bien d’autres
maniérés qu’il seroit trop long de rapporter. Venons aux sigures de Jupiter
Hammon, que l’on trouve assez fréquemment dans les anciens monumens.
* La première figure que nous en donnons est celle qu’on trouve le plus ordi-
nairement. Une médaillé de la famille Lollia le represente de même. C’est XIV.
par allusion à son nom que la famille Cornuficia nous fournit aussi un Jupiter 1
cornu. Ces sortes d’alluiions se trouvent souvent dans les types des médail-
lés Romaines. Celle 2 qui vient enluite est une figure Panthée. Jupiter Ham- &
mon a ici sur la tête un boisseau, qui est le lymbole de Serapis. Les raions
qui sortent de la tête sont le lymbole du soleil- le trident est la marque de
Neptune, ôc le serpent celle d’Esculape. Tout cela est symbolique , 6c peut
avoir des lignifications mysterieuses. On peut donner sur ces sortes demyste-
res cent explications disserentes, mais qui ne seront pas plus certaines l’une
que l’autre. La figure 3 luivante est remarquable en ce que, outre les cornes & 3
les oreilles de belier, toute la face a je ne sai quoi de brutej & quoique le •
visage d’homme s’y voie exprimé, il y a neanmoins des traits qui semblent
revenir assez à la face du belier.
V. L’image 4 d’après est & plus curieuse & plus extraordinaire. Sur une base 4
est une tête de belier , &: sur la tête une colombe ; ce qui marque l’oracle de
Jupiter Hammon. Tout cela est admirablement expliqué dans quelques vers
de Silius Italicus, rapportez parBeger, dontlescns est: Qui ne lait que deux
fuit : vel quia sese in arietem ipse mutavit, ne dignos-
ccretur. Rem secus narrant alii Mythologi. Bacchus,
inquit Hyginus , profecturus in Indiam, cum liti
cruciaretur , arietem invenit, qui ipii ad aquam se viæ
ducem præbuit ; Jovemque rogavit huic arieti locum
in cælo daret, quod Jupiter concedit. Tum Bacchus
templum Jovi construxit 3 quod templum Jovis Ham-
monis appellatum fuit. Herodotus Hygino longe an-
tiquior rem ab Ægyptiis edoétus alio prorsus narrat
modo. Jupiter cum ab Hercule cernere se cupiente
cerni nollet y tandem exoratus, hoc commentus est y
ut amputato arietis capite , pelleque villosa , quam illi
detraxerat, induta libi, ita sese Herculi ostenderet.
Ea vero causa fuit cur Ægyptii Jovis simulacrum cum
capite arietino facerent : & hanc consuetudinem ab
Ægyptiis Ammonii acceperunt, qui sunt Ægyptiorum
& Æthiopum coloni. Aliis modis bene multis pro
more res enarratur ; verum hæc plusquam satis mit.
Jam ad Jovis Hammonis schemata veniamus, quæ
frequentissime in monumentis veterum occurrunt.
Schema1 primum illud est quod sæpius in marmoribus
& nummis occurrit, & nominarim in numismate fa-
miliæ Lolliæ. Alludendo autem ad nomen proprium
Cornuficia familia nummum exhibet cum Jove cor-
nuto : qui lusus sæpe in nummis familiarum Romana-
rum occurrit. Imago sequens 2 est figuraut vocant,
panthea: Jupiter Hammon calathum capiti impolitum,
habet, quod est symbolum Serapidis : radii ex capite
manantes solis sunt nota , tridens Neptuni, serpens
Æsculapii. Hæc omnia symbolica sunt, & arcana re-
præsentare poliunt : multæ poliunt conjeduræ pro-
ferri, seditaut ignores quæ certior, quæ incertior
sit. Quod infra ponitur schema in hoc lingulare est *,
quod præter cornua auresquc arietis tota facies neseio
quid bruti & agrestis habeat; licerque vultum hominis
referat, quidpiam tamen arietinum retineat.
V. Singularior etiam observatuque 4 dignior est
imago sequens. Basi rotundæ insidet caput arietinum 3
capiti columba, quod oraculum Jovis Hammonis
aperte indicat: ad hoc totum schema egregie quadrant
carmina Silii Italici a Begero allata p. zzx. ex lib. 5.
de bello Punico secundo circa finem :