LE PÀVÉ SINGULIER DÜ TEMPLE DE LÀ FORTUNE. ï 5 7
à manger. Cela nous rappelle ce que dit Herodote dans son Euterpe , c. 6 yo
L’Egypte quoique si voiiine de la Lybie , n a pas un fort grand nombre de be- «
tes j mais ils estiment lactées toutes celles qui naiiTent chez eux , dont quel-
ques-unes se nourrissent dans les maisons, & les autres dans les campagnes. C'est λ
une loi parmi eux que ces bêtes ont comme des curateurs, ou des gens de l’un «
ou de l’autre sexe,qui ont soin d’elles, & cela paise comme une charge de pere «
en fils. Tous ceux qui habitent dans les Villes, font des voeux aux dieux aus-
quels ils croient que ces bêtes appartiennent j eniuice ils rasent la tête de leurs «
enfans, ou tout-à-fait, ou la moitié, ou la troisiéme partie seulement , & «
puis ils pesent ces cheveux, & donnent autant d’argent pelant à celui ou celle «
qui a soin des bêtes, & elle leur donne à manger du poiison découpé par par- «
ries. Si quelqu’un vient à tuer quelqu’une de ces bêtes ; si c’est de propos dési- «
beré, il lui en coûte la vie , si c’est par mégarde, il est condamné à l’amende, «
telle que les Prêtres l’ordonnent. Mais si quelqu’un tue ou un Ibis ou un Eper- «
vier, soit volontairement, soit par mégarde, il est irremissiblement mis à
mort. «
Il y a toute l’apparence possible que ces deux hommes qu’on voit à l’entrée
de la cabane couverte d’ibis, sont là pour avoir soin d’eux & leur donner à
manger , peut-être même que les Ibis se retiroient la nuit dans cette cabane, ce
qu’on n’oseroit pourtant assurer.
IIL Au-deisous de cette cabane on voit un petit bateau, & plus bas un grand
berceau qui fait un ipeélacle tout nouveau & fort singuliér. Il y a deux massifs
de pierre proprement bâtis dans l’eau, & dont le haut est élevé pardessus l’eau
d’environ un pied & demi, & le mesurant sur la taille des hommes, le dessus
est semblable à ces lits où l’on se mettoit anciennement à demi couché pour
prendre le repas. Sur l’un des cotez sont quatre personnes, dont trois à demi
couchées tiennent chacune un gobelet à la main , & l’autre debout joue d’un
instrument, qu’il n’est pas aisé de reconnoître. De l’autre côté trois personnes
paroissent n'être pas moins en train de se divertir que celles-là $ l’une assile
joue de la Hutte, l’autre ailise de même éleve une corne de bœuf qui servoit
anciennement de coupe à boire, comme nous avons tant de fois vu, & comme
nous verrons encore dans d'autres parties de cette Mosaïque. Elle éleve donc
cette corne , & semble porter une santé à ceux de l’autre côté. Un autre à ge-
solent. Hoc autem in mentem revocat ea quæ dicit
Herodotus in Euterpe cap. 6 y. » Ægyptus etsi tam
vicina Lybiæ 3 non admodum bestiis abundat : sed
n iacras æstimant illas omhes quæ in solo itio naicun-
« tur.quarum aliæ domesticæ sinit,aliæ in agris veriàn-
tur. Quasi in legem apud illos tranfîit, ut bestiæ
« illise seu curatores habeant, seu Ægyptios Ægyp-
tiaive qui illis ad vitam neceilària suppeditent, quæ
« cura ad silios filiasve quasi hæreditario jure traniit.
» Qui urbes incolunt vota emittunt diis quibus lacias
« bestias elle putant. Deinde vero capita filiorum abta-
« dunt aut tota, autdimidiaiii3vel tertiam tantum pas-
tem,posteaque capillos appendunt3&tantum pondo
argenti dant curatori vel curatrici bestiaruni3ipsisque
bestiis dantur comedendi pilees inparticulaS præcisi.
« Si quis vërô ex bestiis hujusinodi aliquam occiderit, si
lubens ac volens, etiam ipseocciditur ; siiipsæter νό-
luntatem,mul(ftam pecuniæ pendit3qüalem statuunt
« Sacerdotes. Verum si quis vel ibidem vel accipitrem
interfecerit, seti lubens ieu invitus , sine ulla venia
« interimitur.
Admodum verisimile est duos illos viros qui ad os-
tium tugurii viluntur ibidum esse curatores , ipsilque
alimenta præbere. Fortassis etiam ibides intra tugu-
rium illud perno&are solebant 3 id quod tamen affir-
mare non aiisim;
III. Infra tugurium icapha visitur 3 & prope sca-
pham umbraculum ex longuriis & intectis ramis struc-
tum , quod sane speétaculum & novum & singula-
rissimum efficit. Sunt autem duæ lapideae in aquis
strucftæ moles , quæ iesquipede circiter supra aquam
eminent 3 si menluram ducas ex mënsura virum quos
ibidem conipicis , stiperficies plana similis est Ieritis
illis in queis olim ad cœnandum accumbebatur : su-
pra molem alteram quatuor viri mulieseive sunt , ex
quibus tres recumbentes 3 culullum singuli tenent.
Alter vero qui stat, instrumento musico ludit 3 quod
vix internoicas. In alio latere tres alii non minus ge-
nio indulgeré videntur. Alius.sedens tibia ludit, alius
itera sedens cornu bovilium sustollit, quo poculi ge-
nere olim utebantur , ut iæpe vidimus , utque in aliis
etiam hujus musivi partibus conspiciemus. Coriiii ita-
que Crigir , & conlistentibus e regione propinare vi-
detur. Alius genibus flexis quidpiam erigit j quod
V iij
à manger. Cela nous rappelle ce que dit Herodote dans son Euterpe , c. 6 yo
L’Egypte quoique si voiiine de la Lybie , n a pas un fort grand nombre de be- «
tes j mais ils estiment lactées toutes celles qui naiiTent chez eux , dont quel-
ques-unes se nourrissent dans les maisons, & les autres dans les campagnes. C'est λ
une loi parmi eux que ces bêtes ont comme des curateurs, ou des gens de l’un «
ou de l’autre sexe,qui ont soin d’elles, & cela paise comme une charge de pere «
en fils. Tous ceux qui habitent dans les Villes, font des voeux aux dieux aus-
quels ils croient que ces bêtes appartiennent j eniuice ils rasent la tête de leurs «
enfans, ou tout-à-fait, ou la moitié, ou la troisiéme partie seulement , & «
puis ils pesent ces cheveux, & donnent autant d’argent pelant à celui ou celle «
qui a soin des bêtes, & elle leur donne à manger du poiison découpé par par- «
ries. Si quelqu’un vient à tuer quelqu’une de ces bêtes ; si c’est de propos dési- «
beré, il lui en coûte la vie , si c’est par mégarde, il est condamné à l’amende, «
telle que les Prêtres l’ordonnent. Mais si quelqu’un tue ou un Ibis ou un Eper- «
vier, soit volontairement, soit par mégarde, il est irremissiblement mis à
mort. «
Il y a toute l’apparence possible que ces deux hommes qu’on voit à l’entrée
de la cabane couverte d’ibis, sont là pour avoir soin d’eux & leur donner à
manger , peut-être même que les Ibis se retiroient la nuit dans cette cabane, ce
qu’on n’oseroit pourtant assurer.
IIL Au-deisous de cette cabane on voit un petit bateau, & plus bas un grand
berceau qui fait un ipeélacle tout nouveau & fort singuliér. Il y a deux massifs
de pierre proprement bâtis dans l’eau, & dont le haut est élevé pardessus l’eau
d’environ un pied & demi, & le mesurant sur la taille des hommes, le dessus
est semblable à ces lits où l’on se mettoit anciennement à demi couché pour
prendre le repas. Sur l’un des cotez sont quatre personnes, dont trois à demi
couchées tiennent chacune un gobelet à la main , & l’autre debout joue d’un
instrument, qu’il n’est pas aisé de reconnoître. De l’autre côté trois personnes
paroissent n'être pas moins en train de se divertir que celles-là $ l’une assile
joue de la Hutte, l’autre ailise de même éleve une corne de bœuf qui servoit
anciennement de coupe à boire, comme nous avons tant de fois vu, & comme
nous verrons encore dans d'autres parties de cette Mosaïque. Elle éleve donc
cette corne , & semble porter une santé à ceux de l’autre côté. Un autre à ge-
solent. Hoc autem in mentem revocat ea quæ dicit
Herodotus in Euterpe cap. 6 y. » Ægyptus etsi tam
vicina Lybiæ 3 non admodum bestiis abundat : sed
n iacras æstimant illas omhes quæ in solo itio naicun-
« tur.quarum aliæ domesticæ sinit,aliæ in agris veriàn-
tur. Quasi in legem apud illos tranfîit, ut bestiæ
« illise seu curatores habeant, seu Ægyptios Ægyp-
tiaive qui illis ad vitam neceilària suppeditent, quæ
« cura ad silios filiasve quasi hæreditario jure traniit.
» Qui urbes incolunt vota emittunt diis quibus lacias
« bestias elle putant. Deinde vero capita filiorum abta-
« dunt aut tota, autdimidiaiii3vel tertiam tantum pas-
tem,posteaque capillos appendunt3&tantum pondo
argenti dant curatori vel curatrici bestiaruni3ipsisque
bestiis dantur comedendi pilees inparticulaS præcisi.
« Si quis vërô ex bestiis hujusinodi aliquam occiderit, si
lubens ac volens, etiam ipseocciditur ; siiipsæter νό-
luntatem,mul(ftam pecuniæ pendit3qüalem statuunt
« Sacerdotes. Verum si quis vel ibidem vel accipitrem
interfecerit, seti lubens ieu invitus , sine ulla venia
« interimitur.
Admodum verisimile est duos illos viros qui ad os-
tium tugurii viluntur ibidum esse curatores , ipsilque
alimenta præbere. Fortassis etiam ibides intra tugu-
rium illud perno&are solebant 3 id quod tamen affir-
mare non aiisim;
III. Infra tugurium icapha visitur 3 & prope sca-
pham umbraculum ex longuriis & intectis ramis struc-
tum , quod sane speétaculum & novum & singula-
rissimum efficit. Sunt autem duæ lapideae in aquis
strucftæ moles , quæ iesquipede circiter supra aquam
eminent 3 si menluram ducas ex mënsura virum quos
ibidem conipicis , stiperficies plana similis est Ieritis
illis in queis olim ad cœnandum accumbebatur : su-
pra molem alteram quatuor viri mulieseive sunt , ex
quibus tres recumbentes 3 culullum singuli tenent.
Alter vero qui stat, instrumento musico ludit 3 quod
vix internoicas. In alio latere tres alii non minus ge-
nio indulgeré videntur. Alius.sedens tibia ludit, alius
itera sedens cornu bovilium sustollit, quo poculi ge-
nere olim utebantur , ut iæpe vidimus , utque in aliis
etiam hujus musivi partibus conspiciemus. Coriiii ita-
que Crigir , & conlistentibus e regione propinare vi-
detur. Alius genibus flexis quidpiam erigit j quod
V iij