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Nicolle, Marcel [Hrsg.]
Rembrandt: aux expositions d'Amsterdam et de Londres — Paris: Librairie Paul Ollendorff, 1899

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https://doi.org/10.11588/diglit.71577#0046
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22

L'EXPOSITION REMBRANDT A AMSTERDAM

La Ronde de nuit, on le sait, n'eut aucun succès auprès des contempo-
rains. L'artiste avait renouvelé un genre le plus souvent banal entre les
mains de ses prédécesseurs, et pour la première fois une simple réunion de
portraits était devenue un tableau, une représentation mouvementée; on ne
comprit pas; pour les amateurs du moment, Rembrandt avait échoué; du
même coup la vogue s'en alla. Dès lors se creusa, toujours plus profond, un
abîme entre le goût de ses concitoyens et les tendances du maître, poursuivant
toujours logiquement la marche de son génie, sans souci de sacrifier à la
mode, ni de revenir en arrière. Autour de lui, pour satisfaire leur clientèle,
les peintres vont faire de plus en plus lissé, brillant, fini, léché; Rembrandt,
au contraire, ira élargissant toujours sa manière; seul, abandonné dans quelque
coin perdu d'Amsterdam, ne voyant plus que quelques rares intimes, oublié
au point qu'on le croira mort de son vivant, ruiné, vieilli, il continuera
cependant à parler une langue mâle et forte, qui ne sera guère entendue
que deux siècles plus tard.
Il faut donc savoir gré aux échevins d'Amsterdam d'avoir autorisé le
transfert du précieux tableau à l'exposition; sa présence y était nécessaire,
par la place exceptionnelle qu'il occupe, nous venons de le voir, dans
l'œuvre de Rembrandt. Il y avait encore un autre intérêt à ce déplacement,
qui a permis de chercher le meilleur mode d'exposition et d'éclairage de la
Ronde de nuit.
On connaît la salle où se trouve au Rijksmuseum la célèbre toile; c'est le
centre du musée, toutes les autres galeries y mènent; salle solennelle,
monumentale, et pour la garnir, il a fallu placer auprès de la Ronde ce que
M. E. Michel appelle si justement « des voisinages importuns qui en com-
promettent l'aspect1 ». Comme trop souvent, en voulant mieux honorer
l'œuvre, on l'a diminuée, écrasée, rapetissée; enfin, une lumière venant de
trop haut, appauvrie, impossible à régler, loin de faire valoir la peinture,
l'égalise et l'affaiblit. De récents essais n'avaient guère pu modifier cette
situation.
Les organisateurs de l'exposition Rembrandt ont cherché une disposition
plus modeste, mais plus normale. Dans une salle de dimensions autrement
restreintes, l'œuvre paraît plus grande; et, quant à la direction à donner au

1 E. Michel, Rembrandt. Paris, 1893, p. 291.
 
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