L'EXPOSITION REMBRANDT A AMSTERDAM
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propre fils de Rembrandt, Titus van Rijn. Nous retrouvons ici le beau Portrait
de Titus, tant admiré à Paris l'an dernier, lors de l'exposition de portraits de
femmes et d'enfants à l'École des beaux-arts. On se souvient de cette élé-
gante allure, de ce visage à l'expression délicate, de cette fantaisie char-
mante dans l'arrangement de la coiffure et du vêtement; nulle part la jeu-
nesse et la distinction ne sont mieux exprimées que dans cette page, d'une
incomparable maîtrise d'exécution (n° 89, — 1655, à M. R. Kann, Paris).
Un autre portrait de Titus, intéressant encore, est d'une facture plus
égale, d'un aspect plus sombre et de moindre qualité (n° 90, au comte de
Crawford et Balcarres, Wigan).
Mais voici un Jeune garçon, à la mine éveillée, qui sollicite notre attention
(n° 95, — vers 1655, au comte de Spencer, Althorp Park). Le visage en
pleine lumière est modelé par demi-teintes claires, passant Tune dans
l'autre, et se dégradant insensiblement. Le premier aspect de ce tableau
étonne, et devant cette manière inaccoutumée, on penserait plutôt à Vélas-
quez qu'à Rembrandt, tant cette exécution fondue rappelle la pratique du
grand peintre espagnol. Il suffit cependant d'un court examen pour voir com-
bien l'œuvre est bien du grand maître hollandais et se rattache aisément à ses
autres ouvrages; d'ailleurs, dans une gamme blonde, plus claire encore,
Rembrandt n'a-t-il pas peint, à la même époque, les deux charmantes têtes
d'enfant, inoubliables, de la Bénédiction de Jacob (1656, Musée de Cassel) ?
A la même période se rattache une petite Etude d'ange, délicatement
traitée, dans une pâte riche et dorée; ce n'est qu'un fragment, mais d'une
qualité exquise, un vrai morceau d'amateur (n° 96, à M. A. Strasser,
Vienne, — vers 1655).
Daté de 1656, le Portrait de l'avocat Arn. Tholinx est une page extrême-
ment importante. Le modèle est bien connu, et Rembrandt en a fait éga-
lement un portrait gravé qui est célèbre. Ici c'est un simple buste, mais d'une
exécution magistrale. La tonalité générale est chaude et ambrée; les noirs
savoureux de la coiffure et du vêtement font valoir les détails de la figure,
d'une belle expression calme et énergique (n° 98, à Mm° André-Jacquemart,
Paris). Ces mêmes qualités se retrouvent dans le beau portrait de Rembrandt
par lui-même, debout, tenant sa palette, son pinceau et son appui-main,
œuvre superbe d'allure et de couleur (n° 99, — vers 1656, à Lord Iveagh,
Londres).
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propre fils de Rembrandt, Titus van Rijn. Nous retrouvons ici le beau Portrait
de Titus, tant admiré à Paris l'an dernier, lors de l'exposition de portraits de
femmes et d'enfants à l'École des beaux-arts. On se souvient de cette élé-
gante allure, de ce visage à l'expression délicate, de cette fantaisie char-
mante dans l'arrangement de la coiffure et du vêtement; nulle part la jeu-
nesse et la distinction ne sont mieux exprimées que dans cette page, d'une
incomparable maîtrise d'exécution (n° 89, — 1655, à M. R. Kann, Paris).
Un autre portrait de Titus, intéressant encore, est d'une facture plus
égale, d'un aspect plus sombre et de moindre qualité (n° 90, au comte de
Crawford et Balcarres, Wigan).
Mais voici un Jeune garçon, à la mine éveillée, qui sollicite notre attention
(n° 95, — vers 1655, au comte de Spencer, Althorp Park). Le visage en
pleine lumière est modelé par demi-teintes claires, passant Tune dans
l'autre, et se dégradant insensiblement. Le premier aspect de ce tableau
étonne, et devant cette manière inaccoutumée, on penserait plutôt à Vélas-
quez qu'à Rembrandt, tant cette exécution fondue rappelle la pratique du
grand peintre espagnol. Il suffit cependant d'un court examen pour voir com-
bien l'œuvre est bien du grand maître hollandais et se rattache aisément à ses
autres ouvrages; d'ailleurs, dans une gamme blonde, plus claire encore,
Rembrandt n'a-t-il pas peint, à la même époque, les deux charmantes têtes
d'enfant, inoubliables, de la Bénédiction de Jacob (1656, Musée de Cassel) ?
A la même période se rattache une petite Etude d'ange, délicatement
traitée, dans une pâte riche et dorée; ce n'est qu'un fragment, mais d'une
qualité exquise, un vrai morceau d'amateur (n° 96, à M. A. Strasser,
Vienne, — vers 1655).
Daté de 1656, le Portrait de l'avocat Arn. Tholinx est une page extrême-
ment importante. Le modèle est bien connu, et Rembrandt en a fait éga-
lement un portrait gravé qui est célèbre. Ici c'est un simple buste, mais d'une
exécution magistrale. La tonalité générale est chaude et ambrée; les noirs
savoureux de la coiffure et du vêtement font valoir les détails de la figure,
d'une belle expression calme et énergique (n° 98, à Mm° André-Jacquemart,
Paris). Ces mêmes qualités se retrouvent dans le beau portrait de Rembrandt
par lui-même, debout, tenant sa palette, son pinceau et son appui-main,
œuvre superbe d'allure et de couleur (n° 99, — vers 1656, à Lord Iveagh,
Londres).