La sensibilit&€ de l’enfant est, malgr& tout, ce qui nous touche le plus profond&ment. Dans
sa nucleaire puissance d’interpretation sont r&unies des forces primordiales et ignorees. Nous
connaissons trop superficiellement chez les enfants les affınit&s sentimentales ou sympathiques
qui les amenent ä former des groupes strictement -fermes, les clans, l’&closion des mythes,
l’adoration des poupees, jouets, totems, les deEguisements, le style ortrnemental et figuratif
dans leurs dessins, la formation des mots, des langages secrets, la valeur des symboles, etc.
Mais des experiences d’isolement avec des enfants soustraits ä toute ambiance active, ne
montreraient que d’une facon bien relative le m&canisme logique de
certaines organisations humaines, et le probleme, toujours plus recule
dans des spheres intangibles, malgre les adroits sondages, ne c&derait
ss
en rien a ses droits m6&taphysiques.
Seule l’action poetique, imposant /’arbitraire avec le fanatisme d’une
sanction definitive, et le poussant jusquä en perdre et la raison et
le sentiment, pouvait r&duire les antinomies entre l’'objet et son
sens. Mais tandis que chez les peuplades oc&aniennes les reEsultats
de ces-recherches collectives deviennent des oceuvres d’art, dans nos
cites dites “civilisees’” ils ne franchissent pas le niveau de quelques
vagues et 'hybrides superstitions.
C’est la poesie qui est la plus grande force de l’humanite. Elle
ne s’Ecrit pas, elle vit au fond du creuset oü se prEpare toute cristalli-
sation humaine, toute condensation sociale, aussi simple soit-elle.
Elle est cette force sans methode qui donne au fait sa signification
et sott des profondeurs inestimables des causes foncieres et indis-
cutables. De ses possibilit&s est nee l’invention du monde.
Qu’importe la simplicit€ d’une ideologie de cette nature, puisque,
habill6 d’expe&riences mille&naires, nourri de ses propres inquietudes,
entier, immediat et necessaire, son. fruit dEcele cette Etincelle d’Emotion
tentaculaire devant laquelle pälissent nos conventions mesquines et
tenaces *).
Uli, Neu-Mecklenbur. Une fonction logique d’un ordre supeErieur r&git le monde oceanien.
Sig. A.F. A sa recherche nous depensons le plus clair produit de notre muit.
Par quel fastueux am€nagement de lois inconnues, part quel f&roce mimetisme c6&rebral,
la mystErieuse maconnerie de Vesprit arrive-t-elle, de si peu de consistance, a Elever de si
glorieux enchevetrements? Personne n’a encore entrevu la port&e d’un tel epanouissement.
Le symbole prend son aspect concret de&s que la trag&die sournoise a dEroule ses premices
cruelles.
C’est Iui qui, souterrainement, travaille aussi nos desespoirs, parallelement, par des fois
d’assonnance et d’analogie, depuis que l’oeuvre cr&atrice a reconquis dans l’ordre mythologique
de nos rEserves, son autonomie et sa souverainete.
*) Une gene inexplicable se produit chaque fois qu'il est question de cannibalisme chez les peuplades oc&aniennes. Je suis fort
enclin ä croire que les survivances de ce cannibalisme dans notre propre societ€ en. sont les causes, car l’hypocrisie en matiere
sexuelle est depuis longtemps devenue un dogme qui deEnature les fonctions vitales primaires de l’existence. Pourquoi s’obstine-
_:t-on ä ne voir dans ce ph&nomene que les actes d’aberration et de maladive perversite€ au lieu du fait rituel qui ne manque ni
de grandeur ni d’imagination?
181
sa nucleaire puissance d’interpretation sont r&unies des forces primordiales et ignorees. Nous
connaissons trop superficiellement chez les enfants les affınit&s sentimentales ou sympathiques
qui les amenent ä former des groupes strictement -fermes, les clans, l’&closion des mythes,
l’adoration des poupees, jouets, totems, les deEguisements, le style ortrnemental et figuratif
dans leurs dessins, la formation des mots, des langages secrets, la valeur des symboles, etc.
Mais des experiences d’isolement avec des enfants soustraits ä toute ambiance active, ne
montreraient que d’une facon bien relative le m&canisme logique de
certaines organisations humaines, et le probleme, toujours plus recule
dans des spheres intangibles, malgre les adroits sondages, ne c&derait
ss
en rien a ses droits m6&taphysiques.
Seule l’action poetique, imposant /’arbitraire avec le fanatisme d’une
sanction definitive, et le poussant jusquä en perdre et la raison et
le sentiment, pouvait r&duire les antinomies entre l’'objet et son
sens. Mais tandis que chez les peuplades oc&aniennes les reEsultats
de ces-recherches collectives deviennent des oceuvres d’art, dans nos
cites dites “civilisees’” ils ne franchissent pas le niveau de quelques
vagues et 'hybrides superstitions.
C’est la poesie qui est la plus grande force de l’humanite. Elle
ne s’Ecrit pas, elle vit au fond du creuset oü se prEpare toute cristalli-
sation humaine, toute condensation sociale, aussi simple soit-elle.
Elle est cette force sans methode qui donne au fait sa signification
et sott des profondeurs inestimables des causes foncieres et indis-
cutables. De ses possibilit&s est nee l’invention du monde.
Qu’importe la simplicit€ d’une ideologie de cette nature, puisque,
habill6 d’expe&riences mille&naires, nourri de ses propres inquietudes,
entier, immediat et necessaire, son. fruit dEcele cette Etincelle d’Emotion
tentaculaire devant laquelle pälissent nos conventions mesquines et
tenaces *).
Uli, Neu-Mecklenbur. Une fonction logique d’un ordre supeErieur r&git le monde oceanien.
Sig. A.F. A sa recherche nous depensons le plus clair produit de notre muit.
Par quel fastueux am€nagement de lois inconnues, part quel f&roce mimetisme c6&rebral,
la mystErieuse maconnerie de Vesprit arrive-t-elle, de si peu de consistance, a Elever de si
glorieux enchevetrements? Personne n’a encore entrevu la port&e d’un tel epanouissement.
Le symbole prend son aspect concret de&s que la trag&die sournoise a dEroule ses premices
cruelles.
C’est Iui qui, souterrainement, travaille aussi nos desespoirs, parallelement, par des fois
d’assonnance et d’analogie, depuis que l’oeuvre cr&atrice a reconquis dans l’ordre mythologique
de nos rEserves, son autonomie et sa souverainete.
*) Une gene inexplicable se produit chaque fois qu'il est question de cannibalisme chez les peuplades oc&aniennes. Je suis fort
enclin ä croire que les survivances de ce cannibalisme dans notre propre societ€ en. sont les causes, car l’hypocrisie en matiere
sexuelle est depuis longtemps devenue un dogme qui deEnature les fonctions vitales primaires de l’existence. Pourquoi s’obstine-
_:t-on ä ne voir dans ce ph&nomene que les actes d’aberration et de maladive perversite€ au lieu du fait rituel qui ne manque ni
de grandeur ni d’imagination?
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