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Omont, Henri [Hrsg.]
Dessins des sculptures du Parthénon: attribués a J. Carrey et conservés a la Bibliothèque Nationale accompagnés de vues et plans d'Athènes et de l'Acropole — Paris, 1898

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https://doi.org/10.11588/diglit.4127#0009
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ATHÈNES AU XVII". SIÈCLE

ment, sans alléguer aucun témoignage précis, les dessins
des sculptures du Parthénon. Cependant nulle part, ni
dans les dépêches du marquis de Nointel1, ni dans le
Journal d'Antoine Galland2, ni dans les relations du
voyage de l'ambassadeur, publiées plus tard par l'Italien
Cornelio Magni3et le Champenois Antoine Des Barres4,
qui faisaient partie de sa suite, on ne trouve cité une seule
fois le nom de Carre y.

Le premier en date des témoignages relatifs au passage
et au séjour du marquis de Nointel à Athènes se trouve
dans la dépèche même adressée de cette ville par l'am-
bassadeur au ministre Pompone, le 17 décembre 1674,
et dans laquelle on lit, au sujet des monuments antiques
qui s'y voyaient encore5 :

« Il y en a beaucoup de relations, mais je puis, Monsieur,
vous asseurer que personne n'a eu autant de moyens que j'en ay
rencontré de bien examiner toutes ces richesses de l'art, et l'on
peut dire de celles qui se voyent dans le chasteau, autour du
temple de Minerve, qu'elles surmontent ce qu'il y a de plus beau
dans les reliefs et les statues de Rome.

« J'entray la première fois, en pompe et au bruit du canon,
dans le trésor où sont renfermées ces merveilles, et j'y suis re-
tourné, incognito, quatre ou cinq fois pour mieux admirer et
connoistre les beaux desseins que mon peintre en a très bien
tiré, qui montent à plus de deux cent figures, hors le naturel
et sur le naturel, en grand et en moindre relief. Il y en a d'en-
tières et de mutilées; ce sont des hommes, des femmes et des
centaures, des combats et victoires de ceux-ci, des trionfes, des
sacrifices. Et, s'il m'estoit possible d'exprimer maintenant la
riche confusion qu'un si bel ordre, et une disposition si vivante
et une expression de tant de passions différentes ont laissé dans
mon esprit, je l'enLreprendrois avec plaisir; mais, ayant besoin
d'y méditter de nouveau, vous me permettrés, Monsieur, d'en
remettre l'entreprise à un autre temps. J'y joindray les repré-
sentations dessignées, qui suppléeront àlafoiblesse de ma con-
noissance et à Foubly presque inévitable dans une si abondante
variété, quoyque sur unmesme sujet.

« Et je me persuade qu'elles seront d'autant mieux reçeues,
qu'outre leur justesse, elles sont encore recommandables par
leur rareté, qui les rend uniques. Personne, à ce que l'on m'a
asseuré,n'aeu la liberté de prendre ces desseins; les sieurs Mon-
ceaux et Laisné6 se retirèrent sans entrer dans le chasteau, et
ceux qui en ont eu l'entrée n'ont pas mesme eu le loisir de bien
considérer les miracles qui s'y voient. Tout ce que l'on peut
dire de plus eslevé de ces originaux, c'est qu'ils méritteroient
d'estre placés dans les cabinets ou galleries de Sa Majesté, où
ils jouiroient de la protection que ce grand monarque donne aux
arts et aux sciences qui les ont produits. Ils y seroient mis à
l'abry de l'injure du temps et des alfronts qui leurs sont faits par

1. L. de Laborde, Athènes, I, 122 et 133.

2. Édit. Ch. Schefer, t. II, p. 152-162.

3. Quanto di più curioso e vago hà potuto raccorre ... nel secundo biennio
da esso consumato in viaggi e dimore per la Turchia... (Parma, 1692, in-12).

4. L'Estât présent de ï Archipel (Paris, 1678, in-12); la description d'A-
thènes est aux pages 195-200 de la seconde partie de l'édition originale et
aux pages 90-93 de l'édition de Cologne, même date.

5. Archives des Affaires étrangères, Turquie, vol. XII, fol. 154-155, publié
par L. de Laborde, Athènes, 1, 123-125, et dans mes Missions archéologiques
en Orient, p. 193-194.

6. Cf. mes Missions archéologiques enOrient, p. 27-34. — Aux détails qui y
sont donnés sur le voyage de MM. de Monceaux et Laisné il faut ajouter
l'extrait suivant d'une lettre anonyme, sans doute de M. de Monceaux, datée
« du Mille, le 27 juillet 1669 », et dont une copie se trouve à la Bibliothèque
Nationale dans le ms. français 17195, fol. 235 v-236 :

« Nous y arivasmes [à Athènes] le 3° au soir et y avons séjourné jus-
ques au 24». Nous n'en serions partis de deux mois, tant il y a de belles
choses à y veoir. Le temple de Pallas est encores entier dans le chasteau, et,
moyennant un présent, nous nous en faisions ouvrir la porte, bien que la
place soit fort jalousée par l'avare gouverneur. Celuy de Thésée est encores
entier et j'en ay les mesures fort exactes; 17 colonnes, des trois cent fa-
meuses que dressèrent douze roys, y sont encores sur pied ; la maison des
Vents s'y voit encores, j'en ay les mesures et l'élévation. L'on y voit encores

les Turcs, qui, pour éviter une idolâtrie imaginaire, croyent faire
une œuvre méritoire en leur arrachant le nés ou quelque autre
partie.

« L'on a encorre pris fort exactement les desseins et prospec-
tives de la ville de différends endroits, et de touttes les anti-
quités qui y sont renfermées, ou qui se trouvent dans son voisi-
nage, et j'espère avoir l'honneur de vous en dresser un compte
très exact. »

Cornelio Magni, qui accompagnait le marquis de Nointel
et qui a laissé une relation étendue du voyage de l'ambas-
sadeur, ne mentionne nulle part le nom de Carrey. Parlant
du Parthénon et des sculptures qui l'ornaient, Cornelio
Magni dit seulement7 : « Il Sig. Ambasciatore invaghito di
si gran rarità, conducendo seco un pittore Fiamingo, gio-
vane assai ben versato, fece pratica col castellano per
concertar seco il comodo di poter' inviare quello alla citta-
della, per copiare à chiaro e scuro, que' bei combattimenti
da me di sopra nominati. Oppose questi moite difficulté;
ma assicurato da S. E., che tutto sarebbe passato con
quiète, senza strepito, e fattogli rappresentare il tutto da
un taglio di sei braccia di scarlatto di Venezia di tutto pa-
ragone, e da una mezza dozzina di oche, di quattro libre
l'una, di café, che tutto poteva montare à cinquanta zec-
chini, piegossiad aprire libero l'adito, col concedere ampla
la permissione. »

Dans un autre passage de la relation de Cornelio Magni,
on voit que le marquis de Nointel avait emmené deux
peintres, dont l'un mourut à Naxos, au début du voyage8 :
« Hà condotti S. E. nel suo seguito duepittori Fiaminghi,
giovani di buoni costumi e di passabile sufficienza ; si sono
questi dati a' viaggi per vedere di perfezionarsi nella loro
professione ; uno di questi infermatosi à morte è passato
ail' altra vita. »

Le nom de l'un de ces deux peintres flamands est donné
en plusieurs endroits du Journal d'Antoine Galland, il s'ap-
pelait Rombaut Faidherbe9; mais Galland no fait non plus
nulle mention de Carrey. On sait d'ailleurs, par une autre
dépêche de Nointel et aussi par Cornelio Magni, que l'un
des deux peintres, qui accompagnaient l'ambassadeur,
mourut à Naxos10; mais on ne possède aucun témoignage
qui permette d'affirmer, comme l'a supposé le comte de
Laborde, que le peintre mort, presque au début du
voyage, fût Rombaut Faidherbe.

la façade d'un palais admirable, dont j'ay les mesures, un arc de triomphe
de Thésée et d'Adrien, un trophée de Trajan, la lenterne de Demostène, qui
est le plus entier des bastimens que j'aye veu et le plus délicatement tra-
vaillé; j'en ay encores les mesures fort exactes ainsy que de quelques autres
ruines très considérables. Mais je n'ay rien du chasteau, et j'esperois avoir
aussy facilement les mesures du temple de Pallas que de celuy de Thésée;
mais malheureusement pour nous, les affaires de Candie ayant esclatlé en
ces quartiers, nous avons esté obligez de l'abandonner. L'escrivain ou se-
crétaire du cady est venu nous avertir qu'on avoit résolu de nous arrester,
que toute la ville murmurait hautement contre nous, que nous y passions
pour espions... »

7. Quanto di più curioso, etc., t. Il, p. 503-504. Cf. aussi du môme, Rela-
zione délia ciltà d'Athene (Parma, 1688, in-4°), p. 65-66.

8. Quanto di più curioso, etc., t. II, p. 118-119.

9. Cf. L. de Laborde, Athènes, I, 109-111, qui rapporte en note divers
passages du Journal d'Antoine Galland, dans lesquels se trouve cité à plu-
sieurs reprises le nom de « Rombaut Faydherbe, de Malines, disciple de
Dispembok [Uiepenbock] pour le dessein et de Jourdans [Jordaens] pour la
peinture » (éd. Ch. Schefer, t. I, p. 75, 76, 78, 79, 102 et 114).

10. Cf. L. de Laborde, Athènes, I, 135 : « Les desseins que j'ai déjà de Sa
Hautesse, de son premier ministre et du prince, qui ont esté faits par un
peintre, mort àNaxis,dont le coloris ne valoit rien... » Le passage de la re-
lation de C. Magni est cité ci-dessus.

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