Art bouddhique ä la 4^ Exposition des Arts de l’Asie (Muse'e Cernuschi).
occupaient jadis dans les „carrieres bouddhi-
ques“ du Honan et des marches occidentales.
Une comparaison minutieuse entre ces sculp-
tures et celles de l’epoque Han, qui leur sont
anterieures, nous permettra un jour de deter-
miner ce que les imagiers chinois doivent ä leurs
traditions autochtones, et quelles formulcs d’art
leur apporta la religion de F6, lorsqu’elle leur
vint de Finde. Sur quelques-unes des steles ex-
posees, l’arbre Ho-Houan des taoistes, les nua-
ges en volutes, les phenix et les dragons, voisi-
nent avec les lotus de Finde, les Boddhisatvas
aux tiares emperlees, et les moines ä la tete
rasee, dont la robe se plisse souvent encore se-
ien le canon indo-hellenique.
Le meme alliage d’elements indigenes et etran-
gers se retouvera plus tard dans les bronze et les
terres cuites de la dynastie Mongole (1280—1367)
et des Ming (1368—1644). Mais ces oeuvres ne
revelent plus — ce qui aurait ete chose impos-
sible — Finfluence de l’Inde oü le Bouddhisme
s’etait, depuis longtemps, eteint. Par contre,
nombre de pieces des quatorzieme et quinzieme
siecles trahissent des inspirations lama'istes; ce
sont en effet des religieux tibetains qui propa-
gerent en Chine, sous la dynastie des Yuan,
l’initiation bouddhique.
Nous n’avons pas voulu alourdir notre sec-
tion chinoise en y accumulant ces figures de
porcelaine et de bronze, relativement modernes,
qu’on rencontre ä chaque pas sur le marche.
Cette categorie d’objets est suffisamment connue
en Europe. Elle a, pendant de longues annees,
contribue ä la prosperite de la Compagnie des
Indes et ä la delectation des „bibeloteurs“, epris
de curiosites exotiques. II n’y a donc ici qu’une
lacune intentionnelle.
II n’en va pas de meme en ce qui concerne
la peinture bouddhique chinoise. Nous n’avons
malheureusement que peu d’exemples ä en mon-
trer. En compensation, nos visiteurs trouveront,
dans la section japonaise, une serie d’anciennes
peintures ou est fidelement interprete le style
de Godoshi et de Ririomin. Deux d’entre elles
offrent des analogies interessantes avec la celebre
Kouan Yin de la collection Freer.
* *
*
En constituant la section du Butsuye, nous
avons eu l’occasion d’apprecier une fois de plus
et d’utiliser le travail des amateurs japonisants.
Paris a toujours ete un de leurs centres preferes.
Aussi avons-nous pu aisement recueillir bon
nombre de pieces caracteristiques.
On a idü renonoeir ä un classe'ment des oeuvres
d’apres les sectes bouddhiques auxquelles elles
appartiennent. La serie de nos documents n’est
pas assez complete et, d’autre part l’etude
de ces sectes est encore trop peu avancee. Tou-
tefois, il est facile de reconnaitre, parmi les kake-
monos exposes, quelques Amida traites selon
Fesprit de la secte Gio-Dö: une vision de lumiere
et de serenite s’y materialise en silhouettes hiera-
tiques d’or pale.
La puissante secte Zen, qui florissait äl’epoque
des Ashikaga, n’est malheureusement represen-
tee dans nos salles par aucun objet d’impor-
tance. II ne nous est donc pas donne, pour
cette fois, d'e fournir un apport, si modeste soit-
il, ä l’etude de ce grand mouvement religieux et
esthetique auquel le Japon doit tant de chefs
d’oeuvre.
Parmi les peintures, les bronzes et les bois
sculptes, les amateurs reconnaitront aisement
des oeuvres ayant figure dans d’illustres ventes
et des expositions anterieures; d’autres pieces
sont tont fraichement deballees, et demeurent
inedites encore pour le collectionneur parisien.
La presence, dans nos vitrines, de quelques
masques de No, rappelle que le drame sacre du
Japon est intimement uni au Bouddhisme. Nous
avons restreint notre choix afin de respecter
les limites entre l’art bouddhique au Japon et
le „Japon artistique“.
* *
*
L’äpre et montagneux Tibet a toujours ete,
pour les adeptes de Qäkia-Mouni, comme un
reliquaire geant. L’iconographie bouddhique est
devenue dans ce pays une nouvelle religion, un
tresor immuable et eternel, jalouscmcnt conserve
par des inities. On a peut-etre trop longtemps
hesite ä donner Fimportance qui convenait
aux images de bronze fondues dans les lama-
series. Ne suffit-il pas, pour justifier leur pre-
sence dans les collections et les musees d’Europe,
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occupaient jadis dans les „carrieres bouddhi-
ques“ du Honan et des marches occidentales.
Une comparaison minutieuse entre ces sculp-
tures et celles de l’epoque Han, qui leur sont
anterieures, nous permettra un jour de deter-
miner ce que les imagiers chinois doivent ä leurs
traditions autochtones, et quelles formulcs d’art
leur apporta la religion de F6, lorsqu’elle leur
vint de Finde. Sur quelques-unes des steles ex-
posees, l’arbre Ho-Houan des taoistes, les nua-
ges en volutes, les phenix et les dragons, voisi-
nent avec les lotus de Finde, les Boddhisatvas
aux tiares emperlees, et les moines ä la tete
rasee, dont la robe se plisse souvent encore se-
ien le canon indo-hellenique.
Le meme alliage d’elements indigenes et etran-
gers se retouvera plus tard dans les bronze et les
terres cuites de la dynastie Mongole (1280—1367)
et des Ming (1368—1644). Mais ces oeuvres ne
revelent plus — ce qui aurait ete chose impos-
sible — Finfluence de l’Inde oü le Bouddhisme
s’etait, depuis longtemps, eteint. Par contre,
nombre de pieces des quatorzieme et quinzieme
siecles trahissent des inspirations lama'istes; ce
sont en effet des religieux tibetains qui propa-
gerent en Chine, sous la dynastie des Yuan,
l’initiation bouddhique.
Nous n’avons pas voulu alourdir notre sec-
tion chinoise en y accumulant ces figures de
porcelaine et de bronze, relativement modernes,
qu’on rencontre ä chaque pas sur le marche.
Cette categorie d’objets est suffisamment connue
en Europe. Elle a, pendant de longues annees,
contribue ä la prosperite de la Compagnie des
Indes et ä la delectation des „bibeloteurs“, epris
de curiosites exotiques. II n’y a donc ici qu’une
lacune intentionnelle.
II n’en va pas de meme en ce qui concerne
la peinture bouddhique chinoise. Nous n’avons
malheureusement que peu d’exemples ä en mon-
trer. En compensation, nos visiteurs trouveront,
dans la section japonaise, une serie d’anciennes
peintures ou est fidelement interprete le style
de Godoshi et de Ririomin. Deux d’entre elles
offrent des analogies interessantes avec la celebre
Kouan Yin de la collection Freer.
* *
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En constituant la section du Butsuye, nous
avons eu l’occasion d’apprecier une fois de plus
et d’utiliser le travail des amateurs japonisants.
Paris a toujours ete un de leurs centres preferes.
Aussi avons-nous pu aisement recueillir bon
nombre de pieces caracteristiques.
On a idü renonoeir ä un classe'ment des oeuvres
d’apres les sectes bouddhiques auxquelles elles
appartiennent. La serie de nos documents n’est
pas assez complete et, d’autre part l’etude
de ces sectes est encore trop peu avancee. Tou-
tefois, il est facile de reconnaitre, parmi les kake-
monos exposes, quelques Amida traites selon
Fesprit de la secte Gio-Dö: une vision de lumiere
et de serenite s’y materialise en silhouettes hiera-
tiques d’or pale.
La puissante secte Zen, qui florissait äl’epoque
des Ashikaga, n’est malheureusement represen-
tee dans nos salles par aucun objet d’impor-
tance. II ne nous est donc pas donne, pour
cette fois, d'e fournir un apport, si modeste soit-
il, ä l’etude de ce grand mouvement religieux et
esthetique auquel le Japon doit tant de chefs
d’oeuvre.
Parmi les peintures, les bronzes et les bois
sculptes, les amateurs reconnaitront aisement
des oeuvres ayant figure dans d’illustres ventes
et des expositions anterieures; d’autres pieces
sont tont fraichement deballees, et demeurent
inedites encore pour le collectionneur parisien.
La presence, dans nos vitrines, de quelques
masques de No, rappelle que le drame sacre du
Japon est intimement uni au Bouddhisme. Nous
avons restreint notre choix afin de respecter
les limites entre l’art bouddhique au Japon et
le „Japon artistique“.
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L’äpre et montagneux Tibet a toujours ete,
pour les adeptes de Qäkia-Mouni, comme un
reliquaire geant. L’iconographie bouddhique est
devenue dans ce pays une nouvelle religion, un
tresor immuable et eternel, jalouscmcnt conserve
par des inities. On a peut-etre trop longtemps
hesite ä donner Fimportance qui convenait
aux images de bronze fondues dans les lama-
series. Ne suffit-il pas, pour justifier leur pre-
sence dans les collections et les musees d’Europe,
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