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LES TRIBUS ET LEURS DIEUX
abîmée pour qu’on puisse apercevoir les détails distinctifs de l’édifice représenté, et encore
moins établir le sexe du personnage assis, qui serait une divinité féminine. Je pense au
contraire, comme je l’ai déjà dit 76, que le dieu et son temple sont les mêmes sur les deux
monuments, et que le Gad 'Agrûd est par conséquent identique à Belhammôn. Ce dieu
était donc le protecteur de la tribu. Le nom des benê 'Agrûd se retrouve encore dans une
inscription du début du Ier siècle p.C., où on a lu le nom de Malakbel 77 :
byrh śbt s[nt ■—--]
qrb'br'th br[-]
dy mn bny ?grwd[-l'glbwl]
wlmlkbl ’lh[y’ --—]
« Au mois de Sebat de l’an[née —-]
a offert BaLateh fils de[— -]
qui est des benê fAgrûd[-à 'Aglibôl]
et à Malakbel, les die[ux --] ».
15. phd bny 'tr. Connue par un seul texte funéraire, de 179 78. Le mot 'tr peut-être
le nom divin arabe attesté à Palmyre par le composé ctr'th, Atargatis 79, mais il faut cer-
tainement chercher ici une autre explication.
16. phd bny śni /. C’est également un seul texte, sans date, qui nous apporte un té-
moignage sur cette tribu 80. Les tessères attestent le nom de personne smf et Im'[r]y,
théophores composés avec le nom d’Arsû 81.
Il convient encore de citer un texte qui mentionne la φυλή Κλαυδίας (sans équivalent
dans le palmyrénien), de 79/80 82. Il s’agit sans doute d’une des tribus palmyréniennes
rebaptisée en l’honneur de Claude ou de Néron. On verra par la suite que cette donnée
n’est pas sans intérêt.
La liste que je donne ci-dessous, peut-être encore trop longue, présente deux types
de gentilices : les uns sont tirés d’un nom d’ancêtre (gdybwl, zbdbwl, zbwd, ydy'bl, mtbwl,
hnr, htry, zmr’), dont plusieurs ne sont pas attestés comme noms de personne, les
autres forment autant de qualificatifs (khnbw, kmr\ rn zyri). Il est remarquable que les
tessères ne nomment les gentilices que rarement (zbdbwl, ydy'bl, peut-être encore en tant
que noms de personne, 'grwd, mgrt). La plupart des attestations nous viennent des
inscriptions lapidaires. C’est une indication de plus que le choix basé sur l’emploi
du mot phd, «tribu», introduit par une expression partitive répond à une réalité: il
s’agit de groupements en général trop vastes pour participer en corps aux banquets
où conviaient les jetons 83. On ne sait pas s’il y avait un rapport entre les tribus et les
76 Syria 48, 1971, p. 411.
77 Inv. XI, 73; J. Starcky RB 1966, p. 616 et Milik p. 233.
78 Inv. IV, 14.
79 CIS II 3927, RTP 201 Çtr 'th) cf. noms de personne 'tdt, CIS II 4596 et "tin, CIS II 4622, 'trśwry,
CIS II 4112, 4158. Milik, p. 30, veut faire de la tribu les propriétaires du sanctuaire d’Atargatis et l’une des
quatres. L’indice est trop faible.
80 Inv. IX, 16.
81 RTP 585, 706 et p. 160 ; pour le gentilice, cf. E. L i 11 m a n n, apud J. Cantineau, Syria 14,
1933, p. 193.
82 Inv. VII, 6 a ( = CIS II 4122).
83 Sur l’utilisation des tessères, H. S e y r i g, Les tessères palmyréniennes et le banquet rituel, Mémorial
Lagrange, Paris 1940, pp. 51-58.
LES TRIBUS ET LEURS DIEUX
abîmée pour qu’on puisse apercevoir les détails distinctifs de l’édifice représenté, et encore
moins établir le sexe du personnage assis, qui serait une divinité féminine. Je pense au
contraire, comme je l’ai déjà dit 76, que le dieu et son temple sont les mêmes sur les deux
monuments, et que le Gad 'Agrûd est par conséquent identique à Belhammôn. Ce dieu
était donc le protecteur de la tribu. Le nom des benê 'Agrûd se retrouve encore dans une
inscription du début du Ier siècle p.C., où on a lu le nom de Malakbel 77 :
byrh śbt s[nt ■—--]
qrb'br'th br[-]
dy mn bny ?grwd[-l'glbwl]
wlmlkbl ’lh[y’ --—]
« Au mois de Sebat de l’an[née —-]
a offert BaLateh fils de[— -]
qui est des benê fAgrûd[-à 'Aglibôl]
et à Malakbel, les die[ux --] ».
15. phd bny 'tr. Connue par un seul texte funéraire, de 179 78. Le mot 'tr peut-être
le nom divin arabe attesté à Palmyre par le composé ctr'th, Atargatis 79, mais il faut cer-
tainement chercher ici une autre explication.
16. phd bny śni /. C’est également un seul texte, sans date, qui nous apporte un té-
moignage sur cette tribu 80. Les tessères attestent le nom de personne smf et Im'[r]y,
théophores composés avec le nom d’Arsû 81.
Il convient encore de citer un texte qui mentionne la φυλή Κλαυδίας (sans équivalent
dans le palmyrénien), de 79/80 82. Il s’agit sans doute d’une des tribus palmyréniennes
rebaptisée en l’honneur de Claude ou de Néron. On verra par la suite que cette donnée
n’est pas sans intérêt.
La liste que je donne ci-dessous, peut-être encore trop longue, présente deux types
de gentilices : les uns sont tirés d’un nom d’ancêtre (gdybwl, zbdbwl, zbwd, ydy'bl, mtbwl,
hnr, htry, zmr’), dont plusieurs ne sont pas attestés comme noms de personne, les
autres forment autant de qualificatifs (khnbw, kmr\ rn zyri). Il est remarquable que les
tessères ne nomment les gentilices que rarement (zbdbwl, ydy'bl, peut-être encore en tant
que noms de personne, 'grwd, mgrt). La plupart des attestations nous viennent des
inscriptions lapidaires. C’est une indication de plus que le choix basé sur l’emploi
du mot phd, «tribu», introduit par une expression partitive répond à une réalité: il
s’agit de groupements en général trop vastes pour participer en corps aux banquets
où conviaient les jetons 83. On ne sait pas s’il y avait un rapport entre les tribus et les
76 Syria 48, 1971, p. 411.
77 Inv. XI, 73; J. Starcky RB 1966, p. 616 et Milik p. 233.
78 Inv. IV, 14.
79 CIS II 3927, RTP 201 Çtr 'th) cf. noms de personne 'tdt, CIS II 4596 et "tin, CIS II 4622, 'trśwry,
CIS II 4112, 4158. Milik, p. 30, veut faire de la tribu les propriétaires du sanctuaire d’Atargatis et l’une des
quatres. L’indice est trop faible.
80 Inv. IX, 16.
81 RTP 585, 706 et p. 160 ; pour le gentilice, cf. E. L i 11 m a n n, apud J. Cantineau, Syria 14,
1933, p. 193.
82 Inv. VII, 6 a ( = CIS II 4122).
83 Sur l’utilisation des tessères, H. S e y r i g, Les tessères palmyréniennes et le banquet rituel, Mémorial
Lagrange, Paris 1940, pp. 51-58.