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Gawlikowski, Michał; Michałowski, Kazimierz
Palmyre: fouilles polonaises (Band 6): Le temple palmyrénien: étude d'épigraphie et de topographie historique — Warszawa, 1973

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https://doi.org/10.11588/diglit.41251#0048
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LES TRIBUS ET LEURS DIEUX

Notre texte n’est pas funéraire, comme le voulait Cantineau (d’ailleurs l’inscription
funéraire de Hairan a été retrouvée depuis)100. Il est plutôt honorifique, parce qu’il men-
tionne un document émanant du ht ’rk’, siège de 1’άρχή, c’est-à-dire du bureau des ar-
chontes. La forme palmyrénienne s’accorde beaucoup mieux avec ce mot qu’avec άρχεϊον ;
de plus, ’ç[ytfi], « a dressé », semble une restitution probable. Il s’agirait d’une statue
érigée par l’office du gouvernement municipal. L’autre inscription commence par la
formule habituelle aux fondations de tombeau, avec l’amorce d’une date (4 . .), qui tombait
après 88 p.C. ; suit la prescription de l’amende à payer au fisc (psqzvs), introduite par ...
b^mlgy’ wrdm bt ’rk’ mn dy ..., « par accord, et le bureau des archontes a décidé (ou
estimé) que celui qui »... Les archontes s’occupent donc dans ce cas de fixer les amendes
funéraires. Leur bureau fonctionne toujours ; l’introduction du Sénat ne l’a pas sup-
primé, et lui a laissé le pouvoir de décider dans certains cas de routine, comme celui-ci.
L’institution du Sénat était évidemment de nature à servir surtout le gouvernement
provincial romain, dont la politique constante était de traiter avec des corps restreints de
notables. Il me semble donc certain que ce sont les Romains qui ont introduit la ré-
forme, marquant ainsi leur volonté d’imposer une surveillance étroite sur les affaires de
la cité. Leur présence à Palmyre est, bien entendu, plus ancienne : l’intervention de
Germanicus 101, la fixation de la frontière occidentale de la Palmyrène par Creticus Silanus
vers la même époque 102, sont autant de signes que pour Palmyre la souveraineté de fait
n’existe plus au temps de Tibère. Cependant, l’annexion pure et simple n’est pas du tout
prouvée et, comme le dit justement D. Schlumberger, l’intégration à la province a bien
pu ne jamais se produire 103. Récemment, D. van Berchem a cru pouvoir attribuer le
premier rempart de Palmyre aux troupes romaines installées en garnison par Germani-
cus 104 : la fouille de ce rempart démontre qu’il n’avait rien à voir avec la technique mili-
taire romaine et qu’il est plus ancien105. Même l’installation à demeure d’un publicain
affranchi, L. Spedius Chrysanthus qui se fait construire un tombeau en 58 p.C. 106 ne
prouve rien en elle-même, parce que nous savons par ailleurs qu’un percepteur romain,
protégé par un détachement militaire, résidait dans le port principal du royaume na-
batéen 107.
Le publicain de Palmyre (qualifié de mks’, « percepteur », sans correspondant dans
les textes grec et latin de cette inscription trilingue) était selon toute vraisemblance, comme
son collègue de Leukè Komè, un percepteur du quart108, c’est-à-dire le fermier des
douanes impériales ; il pouvait être commode de les percevoir à Palmyre et non à la fron-
tière, sans que cela implique le rattachement de la ville à la province de Syrie. La présence
stable des troupes romaines n’est directement attestée qu’à partir de 167 109 ; elle est
pourtant rendue pratiquement certaine un siècle plus tôt par le fait que le légat Trajan

100 Fig. 12; Syria 27, 1950, p. 137.
101 J. Cantineau, Syria 12, 1931, p. 139, Syria 13, 1932, p. 274, Inv. IX, 2, cf. H. S e y r i g, Syria
22, 1941, p. 169.
102 D. Schlumberger, Syria 20, 1939, p. 61 suiv.
103 Ibidem, p. 72.
104 D. van Berchem, CRAI 1970, p. 235.
105 Cf. supra, p. 12 suiv.
106 Inv. VIII, 57 (= CIS II 4235), cf. H. S e y r i g, Syria 22, 1941, p. 168.
107 Periple de la mer Erythrée, § 19 ; pour le commentaire, J. S t a r c k y, Suppl, au Dictionnaire de la
Bible VII, fasc. 39, 1964, pp. 917-918.
108 L’office du percepteur du quart (dy rb”, τεταρτώνης) est attesté par Inv. X, 29, 113 et H. S e y r i g
Syria 22, 1941, p. 264.
109 H. S e y r i g, Syria 14, 1933, p. 154.
 
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