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https://doi.org/10.11588/diglit.2642#0010
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Isire
I
I PREFACE.
observée. Car de mesme qu'un visage peut estre laid Se
beau avec une mesme proportion , puisque le changement
que l'on remarque dans Tes parties, lorsque, par exemple ,
le ris appetiiîe les yeux ôt agrandit la bouche ^est pareil à
celuy qui arrive au mesme visage lorsqu'il pleure, ce mesme
changement de proportion qui plaist dans l'un , estant
desagreable dans l'autre; èc qu'au contraire deux visages
avec des proportions différentes peuvent avoir une égale
beauté : on voit au (si dans l'Architecture des ouvrages
avec des proportions différentes avoir des grâces pour se
faire également approuver par ceux qui sont intelligens
êC pourveus du bon gouil de l'Architecture.
Mais comme il faut demeurer d'accord que bien qu'une
certaine proportion ne soit pas absolument necelTaire à la
beauté d'un visage , il est pourtant vray qu'il y en a une
de laquelle il ne peut beaucoup s'éloigner sans perdre la
perfection de sa beauté ; il y a ausîi dans i'Archite£ture des
règles de proportion non seulement dans le gênerai, telles
que sont celles par lesquelles il a esté dit que les Ordres
sont differens les uns des autres, mais aussi dans le détail,
desquelles on ne peut se départir sans faire perdre à l'Edifice
une grande partie de sa grâce & de son élégance : mais ces
proportions ontuneestenduë assez ample pourlaisser aux
Architectes la liberté d'augmenter ou de diminuer les
dimensions des parties , suivant les besoins que plusieurs
occurrences peuvent faire naistre. C'est en vertu de ce
privilège que les Anciens ont fait des ouvrages dont les
proportions sont si extraordinaires , telles que sont les
Corniches Doriques Ô£ Ioniques du Théâtre de Marcellus,
êc celle du frontispice de Néron, dont la grandeur surpasle
de la moitié celle qu'elles doivent avoir suivanc les règles
de Vitruve ; Et c'est ausfi par cette mesme raison que tous
ceux qui ont écrit de l'Archite&ure, sont contraires les
uns aux autres ; en sorte qu'il ne sc trouve point, ny dans
les restes des Edifices des Anciens , ny parmy le grand
nombre des Architectes qui ont traitté des proportions
des Ordres, que deux Edisices ny deux Auteurs sè soient
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I PREFACE.
observée. Car de mesme qu'un visage peut estre laid Se
beau avec une mesme proportion , puisque le changement
que l'on remarque dans Tes parties, lorsque, par exemple ,
le ris appetiiîe les yeux ôt agrandit la bouche ^est pareil à
celuy qui arrive au mesme visage lorsqu'il pleure, ce mesme
changement de proportion qui plaist dans l'un , estant
desagreable dans l'autre; èc qu'au contraire deux visages
avec des proportions différentes peuvent avoir une égale
beauté : on voit au (si dans l'Architecture des ouvrages
avec des proportions différentes avoir des grâces pour se
faire également approuver par ceux qui sont intelligens
êC pourveus du bon gouil de l'Architecture.
Mais comme il faut demeurer d'accord que bien qu'une
certaine proportion ne soit pas absolument necelTaire à la
beauté d'un visage , il est pourtant vray qu'il y en a une
de laquelle il ne peut beaucoup s'éloigner sans perdre la
perfection de sa beauté ; il y a ausîi dans i'Archite£ture des
règles de proportion non seulement dans le gênerai, telles
que sont celles par lesquelles il a esté dit que les Ordres
sont differens les uns des autres, mais aussi dans le détail,
desquelles on ne peut se départir sans faire perdre à l'Edifice
une grande partie de sa grâce & de son élégance : mais ces
proportions ontuneestenduë assez ample pourlaisser aux
Architectes la liberté d'augmenter ou de diminuer les
dimensions des parties , suivant les besoins que plusieurs
occurrences peuvent faire naistre. C'est en vertu de ce
privilège que les Anciens ont fait des ouvrages dont les
proportions sont si extraordinaires , telles que sont les
Corniches Doriques Ô£ Ioniques du Théâtre de Marcellus,
êc celle du frontispice de Néron, dont la grandeur surpasle
de la moitié celle qu'elles doivent avoir suivanc les règles
de Vitruve ; Et c'est ausfi par cette mesme raison que tous
ceux qui ont écrit de l'Archite&ure, sont contraires les
uns aux autres ; en sorte qu'il ne sc trouve point, ny dans
les restes des Edifices des Anciens , ny parmy le grand
nombre des Architectes qui ont traitté des proportions
des Ordres, que deux Edisices ny deux Auteurs sè soient