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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0900

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

satisfaire amplement, grâce à ce qu'était l'état du monde au moment
où ils sont entrés en scène. Dans ce commerce d'échanges entre bar-
bares et civilisés qu'ils ont poursuivi pendant plusieurs siècles, tout
l'avantage était, en apparence du moins, pour les civilisés; eux seuls
étaient en mesure de fournir certains articles, ce qui leur permettait
de dicter les conditions du marché. Ce privilège, ils en ont usé et
abusé; ce fut ainsi que Tyr et Cartilage acquirent une richesse prodi-
gieuse; or on manque volontiers d'indulgence et même de justice à
l'égard des hommes et des peuples qui ont fait fortune. Même quand
on est leur obligé, on se dit qu'ils ont été suffisamment payés de leurs
fatigues par les profits qu'ils en ont tirés, et on se laisse aller à oublier
ce qu'on leur doit de bons offices et de progrès accomplis. C'est ce qui
est arrivé aux Phéniciens : ils ont eu l'esprit trop exclusivement tourné
vers l'utile ; ils se sont montrés trop ouvertement préoccupés de leur
propre intérêt, et mal leur en a pris : on s'est cru permis d'être ingrat.
Cette disposition et ce déni de justice s'expliquent; mais l'histoire a le
devoir de ne pas s'y associer et de mettre en lumière les services
rendus. C'est sans le savoir et sans le vouloir, dira-l-on, c'est presque
à leur corps défendant que les Phéniciens ont aidé les autres peuples
il sortir de la barbarie et à éveiller, à dégager leur propre génie, à
l'armer de tous les instruments nécessaires. Sans doute ; mais cette
considération ne diminue pas l'importance des résultats qui ont élé
obtenus par leur entremise. La Phénicie s'était approprié tout l'outil-
lage, toutes les recettes des vieilles civilisations de l'Orient, et, par plus
d'un ingénieux perfectionnement, surtout par l'invention de l'écriture
alphabétique, elle avait encore ajouté à la valeur de ce trésor. Qu'elle
en eût ou non la conscience et le désir, elle se condamnait à répandre
et h livrer le secret de toutes ces précieuses connaissances, du jour où
elle entrait en relation avec ces tribus des îles et de l'Europe qui étaient
encore étrangères à la vie policée ; pour peu que celles-ci fussent
intelligentes et curieuses, elles auraient bientôt fait de dérober tous
ces procédés, quand même ceux qui en étaient possesseurs feraient
effort pour les cacher. Dès que la rame et la voile auraient uni des
rivages qui semblaient auparavant séparés à tout jamais par les infran-
chissables espaces de la mer, la transmission ne pouvait manquer de
s'opérer, et ce sont les Phéniciens qui les premiers ont abordé sur ces
rivages où les ancêtres d'Athènes et de Rome en étaient encore à
l'âge de la pierre.

On a beau faire, dès que les hommes de race diverse se voient et
 
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