N° i140
ROSA BONHEUR
On était au 25 mai 189g : le Salon était
ouvert depuis près d’un mois; Rosa Bonheur
y était
représentée par une belle œuvre puis-
sante : Vache et taureau d’Auvergne,
race du Cantal, et son retour aux
expositions publiques, où elle appa-
raissait avec la solidité d’un talent
demeuré plein de sève, parce qu’il
avait été entretenu par une conti-
nuelle étude, son retour avait été
salué avec infiniment de respect et
de joie par tous les admirateurs de la
grande artiste. On avait même parlé
de porter son nom pour la médaille
d’honneur, et l’on sait par quelle
lettre, si digne en sa simplicité et si
expressive de modestie, elle invita
ses confrères à ne pas voter pour elle.
Et voici que, le soir du 25 mai, on apprenait que l’artiste qui se trouvait
ainsi mêlée à la lutte, la lutte de l’art le plus élevé et le plus détaché de ce qui
n’était pas l’étude pour le progrès, on apprenait que l’artiste était morte, d une
b
ROSA BONHEUR
On était au 25 mai 189g : le Salon était
ouvert depuis près d’un mois; Rosa Bonheur
y était
représentée par une belle œuvre puis-
sante : Vache et taureau d’Auvergne,
race du Cantal, et son retour aux
expositions publiques, où elle appa-
raissait avec la solidité d’un talent
demeuré plein de sève, parce qu’il
avait été entretenu par une conti-
nuelle étude, son retour avait été
salué avec infiniment de respect et
de joie par tous les admirateurs de la
grande artiste. On avait même parlé
de porter son nom pour la médaille
d’honneur, et l’on sait par quelle
lettre, si digne en sa simplicité et si
expressive de modestie, elle invita
ses confrères à ne pas voter pour elle.
Et voici que, le soir du 25 mai, on apprenait que l’artiste qui se trouvait
ainsi mêlée à la lutte, la lutte de l’art le plus élevé et le plus détaché de ce qui
n’était pas l’étude pour le progrès, on apprenait que l’artiste était morte, d une
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