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Picart, Bernard
Impostures innocentes, ou Recueil d'estampes d'après divers peintres illustres: tels que Rafael, le guide, Carlo Maratti ... — Amsterdam, 1734

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https://doi.org/10.11588/diglit.8001#0034
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12 ELOGE HISTORI QJU E
douces, & si finies, qu'on les prendrait plutôt pour un Dessein que pour une Gravure.
Cela joint au brillant du papier fait un effet admirable -, & il n'eit. pas possible de so former
une juste idée de la grande beauté de ces Estampes-là, qu'en les voyant soi-même. Pour la
propre îatisfaélion B. Picart a fait faire 3. ou 4. Epreuves de tout ce qu'il a gravé de-
puis 1716. ou 1717. sur ce beau papier ; & personne n'en a eu, qu'un Seigneur Anglois
auquel il en a cédé une suite. Ce seront certainement des Epreuves uniques dans le monde.
Car ayant écrit de tous cotez, & même donné commission en différais endroits des Indes,
pour so procurer de pareil papier, tous (es soins furent inutiles, & il ne put rien trouver
qui en approchât.
Il a voit cinq Amis particuliers, dont trois étoient Peintres : & parmi ces trois-là, un
qui ne 1 etoit que pour son plaisir. Les deux autres, quoique marchans, étoient de grands
amateurs du Dessein , de la Gravure, & de ce qui s'y rapporte. Ils so voyoient tous les
Lundis vers le soir, tour à tour, tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre, {âns dépenso, ni cé-
rémonie , uniquement pour raisonner sur la Peinture &c le Dessein, qui étoient leur objet
principal & favori. Ils étoient si occupez de tout ce qui concerne ces beaux Arts , qu'en
examinant avec attention, soit des Tableaux, soit des Desseins, soit des Estampes, à pei-
ne se donnoient-ils le tems de vuider entre eux tous une soule bouteille de vin. Et quand
la Compagnie étoit chez B. Picart, il ne manquoit guéres de so procurer le plaisir de
leur faire voir quelque chok de twwmm d^ fiv^on, {oit en Deslein, soit en Gravure.
Qu elque distingué qu'il fût en l'un &c l'autre de ces beaux Arts, il n'en étoit ni
plus vain, ni plus glorieux; & on ne la jamais vu so vanter soi-même, ou méprisèr les
autres. Lorlqu'il se voyoit obligé, ôc même forcé de donner son jugement particulier sur
quelque Tableau, quelque Dessein, ou quelque autre Morceau de ce genre, c'étoit tou-
jours avec tant de douceur , &c avec une certaine manière de s'exprimer si agréable & si
prévenante , que celui que cela concernoit ne pouvoit aucunement s'en formalifer. Aussi
peut-on dire avec sincérité qu'il possédoit absolument .le cœur de tous ceux qui l'appro-
choient-, & que, dans sâ manière d'instruire sos Disoiples , Ces raisonnemens &c Ces exem-
ples étoient h frapans ôc si bien choisis, qu'il n etoit pas possible de ne pas devenir habile
Homme en suivant des leçons si judicieusement données.
ENFIN» qu'il me soit permis de finir par ce petit mais juite éloge, qui lui a été don-
né par un de sos intimes Amis. Tout le monde sait , & la plupart de [es Ouvrages prouvent t
qui) excelloit dans la belle Invention & la belle Ordonnance des Sujets qu'il avoit à traiter ,
dans l'ExaBitude & la CorreUim du Dejsein , & principalement dans la Délicate se & la Propre-
té de la Gravure des petites Pièces , comme ses Epithalames, ses Vignettes, ses Culs-de-Lampe ,
je S Titres de Livres , <&c. Maïs plus que tout cela , c étoit un Homme de mœurs très réglées,
d'un caraïïére doux & sociable , uniquement occupé de son étude & de ses devoirs. Bon Citoyen,
bon Ami, bon Ches de Famille : en un mot, un parsaitement Honnête-Homme , plus digne enco-
re de l'ejlime des Honnêtes-Gens , que de l'approbation des Connoiseurs,

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