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CHAPITRE VI. 47

presque constamment en hiver, dans les parages où
nous nous trouvions. La partie de la terre ferme que
nous avions prolongée pendant huit lieues , n'offre
qu'une affreuse solitude , fréquentée en hiver par
quelques chevriers,et abandonnée dès les premières
chaleurs de l'été aux vautours et aux reptiles, qui en
sont les seuls habitans. Nous étions assez près de cette
funeste contrée pour juger de sa stérilité , qui n'est
variée que par quelques pins rabougris , entremêlés
de halliers d'épine, porte chapeau.

Dans la nuit du 3i janvier au ier. février, on tira
une bordée vers Fano, que les Grecs appellent, comme
dans l'antiquité, Othronos et Othonious. Lycophron
raconte, car tout est décrit avec les charmes de la
mythologie chez les Grecs , que cette île eut pour pre-
miers habitans une colonie d'Abantes, qui y furent
conduits par Ëlephénor , après la prise de Troie ; mais
que ce héros et les siens furent obligés d'abandonner
ce séjour,à cause d'un dragon monstrueux, qui la dé-
solait, et de se retirer à Amantie, dans l'Epire. (1) Au
point du jour , après avoir reconnu les vigies du poste
russe, stationné à Fano, on revira de bord vers le
continent, et la dérive nous porta à l'endroit du ri-
vage où aboutit un large torrent, que les pilotes Ita-
liens appellent strada bianca et les Epiroles aspri
rouga , la voie blanche (2). L'équipage , ennuyé de
courir des bordées , s'étant mis aux avirons , on

(1) Homère dément positivement ce récit de Lycophron, en
disant qu'Élephénor mourut devant Troie.

(») Aoregm Pouya. Voyez la carte grecque de Kephala de Zante,
publiée à Paris en 1818.
 
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