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CHAPITRE IX. 85

man particulier du visir, afin d'établir la conversation,
que le pacha commença en faisant des questions avecune
volubilité peu ordinaire aux Turcs. A travers l'ombre,
je distinguais les éclairs de ses yeux, j'observais ses
mouvements convulsifs, j'écoutais ses discours vagues
en apparence, et pourtant remplis d'astuce. Il s'agitait,
il riait, il parlait, et nul mot de sa part n'était vide de
sens,malgré l'abondance de son élocution. Il lançait de
temps en temps des regards scrutateurs sur moi, enfin
il dit au secrétaire grec qui examinait furtivement ce
qui se passait, et au spectre noir son ministre officieux,
de se retirer. Nous restâmes donc avec l'interprète, qui
continua à balbutier les demandes et les réponses qu'on
échangeait, et après deux heures de colloque, on se
sépara, en laissant S. A. aux prises avec ses doutes
et ses espérances.

Cette entrevue fut suffisante, pour détruire une
partie des illusions dont j'étais frappé ; Ali pacha,
n'était ni Thésée , ni Pyrrhus, ni un vieux soldat cou-
vert de cicatrices. Je remportai de lui ces idées nou-
velles ; ses manières m'avaient rebuté, et je déplorai
secrètement le sort, qui allait me condamner à résider
auprès d'un tel homme , sans prévoir hélas, la somme
des chagrins qu'il devait me causer,

Nous remontâmes sur les dix heures au monastère-
du prophète Elie, où les moines nous traitèrent un peu
mieux, que nous ne l'avions été au palais de Mouchari.
 
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