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L'UNIVERS.
les femmes et les enfants, qu'il fait
entourer de soldats, se met à leur
tête. Les Spartiates étonnés ouvrent
leurs rangs, et laissent ce qui restait
de la population et des défenseurs
d'Hira arriver paisiblement sur les
terres des Arcadiens , qu'ils rencon-
trèrent au pied du mont Lycée, avec
des vivres et tout ce qui était néces-
saire à leur triste situation. Parvenu
en pays ami, Aristomène conçoit le
projet' de se porter rapidement sur
Sparte, qu'il pouvait surprendre, pen-
dant que les Lacédémoniens s'enri-
chissaient des dépouilles d'Hira. Il lui
restait cinq cents hommes déterminés.
Trois cents Arcadiens voulurent par-
tager la gloire de cette entreprise au-
dacieuse. Mais la perfidie d'Aristo-
crate lit échouer ce noble dessein.
Les Arcadiens, instruits de ce forfait,
se saisissent du traître. Amené devant
l'assemblée du peuple, il y fut con-
vaincu et condamné. Ses sujets devin-
rent ses bourreaux, et soii corps fut
transporté dans une terre étrangère :
un poteau , dressé près de sa tombe,
attesta pendant long-temps son infa-
mie et son supplice. La dignité royale
fut abolie dans sa personne.
Les Arcadiens offrirent des terres-
aux Messéniens, qui refusèrent de les
accepter, dans la crainte de perdre leur
nom et le souvenir de leurs maux.
Ils voulurent s'embarquer, sous la con-
duite du lils d'Aristomène, et ils tirent
voile, du port de Cyllène, pour la
Sicile, où ils fondèrent la ville de
Messine : ils s'y établirent comme
dans un campement, jusqu'au jour de
la vengeance. Quant au héros messé-
nien, qui cherchait partout des enne-
mis aux Spartiates, il mourut, dit-on,
à Rhodes ou à Sardes.
ÉTAT DE LA IIELLADE MERIDIONALE,
668 ans avant J.-C.
Après la conquête de la Messénie,
les Spartiates se trouvèrent maîtres
des deux cinquièmes du Péloponèse.
Le reste de la presqu'île était inéga-
lement partagé entre les Corinthiens ,
les Sicyoniens, les Achéens, les Kléens,
les Argiens et les Arcadiens, qui of-
fraient une variété prodigieuse de cou-
tumes et de lois.
V Arcadie, habitée par une. race de
pâtres qui se disaient indigènes, et
nés acant que la lune marquât son
cours dans le ciel, avait été gouver-
née par des rois, depuis Arcas jusqu'à
Aristocrate II, qui fut lapidé' par le
peuple. Elle fut ensuite divisée en au-
tant de petits états qu'il s'y trouvait
de villes avec leur territoire. La con-
stitution fut démocratique, comme on
devait l'attendre d'un peuple pasteur.
Il y eut des administrateurs ( dé-
miourges) et un sénat; mais il ne
parait pas que ses cantons isolés aient
jamais été unis par une confédération
générale.
Avant l'invasion des Doriens, Co-
rintheétait soumiseàdes rois de la mai-
son de Sisyphe, et Homère vante cette
ville pour ses richesses. Les Doriens
en chassèrent les anciens habitants, et
Alétès, de la race d'Hercule, y régna
vers 1089 ; ses successeurs en occu-
pèrent le trône jusqu'à la cinquième
génération. Mais, après la mort du
dernier roi Télessos, l'an 777 , la fa-
mille'des Bacchiades (branche colla-
térale d'Hercule) s'empara de l'auto-
rité et introduisit une sorte d'oligar-
chie. On choisissait annuellement dans
leur famille un prytane, jusqu'en657,
que Cypselos se rendit maître de l'au-
torité souveraine. Il eut pour suc-
cesseur, en 627, son (ils Périandre,
qui se rendit également odieux par
son avarice et par sa cruauté. A ce
prince, mort en 587, succéda Psam-
métique, son neveu, qui régna jusque
vers l'an 584, temps ou les Corinthiens
s'affranchirent du pouvoir absolu.
Le régime républicain de Corinthe
était un système mixte d'assemblée
populaire et d'un sénat aristocratique
composé de négociants, issus des
Bacchiades, qui étaient des armateurs,
devenus puissants par le commerce.
Corinthe, séparée des deux mers par
l'isthme, (pie Pindare compare à un
pont destiné à lier le midi et le nord
de la Grèce, avait deux ports sur les
rives opposées de ce prolongement de
L'UNIVERS.
les femmes et les enfants, qu'il fait
entourer de soldats, se met à leur
tête. Les Spartiates étonnés ouvrent
leurs rangs, et laissent ce qui restait
de la population et des défenseurs
d'Hira arriver paisiblement sur les
terres des Arcadiens , qu'ils rencon-
trèrent au pied du mont Lycée, avec
des vivres et tout ce qui était néces-
saire à leur triste situation. Parvenu
en pays ami, Aristomène conçoit le
projet' de se porter rapidement sur
Sparte, qu'il pouvait surprendre, pen-
dant que les Lacédémoniens s'enri-
chissaient des dépouilles d'Hira. Il lui
restait cinq cents hommes déterminés.
Trois cents Arcadiens voulurent par-
tager la gloire de cette entreprise au-
dacieuse. Mais la perfidie d'Aristo-
crate lit échouer ce noble dessein.
Les Arcadiens, instruits de ce forfait,
se saisissent du traître. Amené devant
l'assemblée du peuple, il y fut con-
vaincu et condamné. Ses sujets devin-
rent ses bourreaux, et soii corps fut
transporté dans une terre étrangère :
un poteau , dressé près de sa tombe,
attesta pendant long-temps son infa-
mie et son supplice. La dignité royale
fut abolie dans sa personne.
Les Arcadiens offrirent des terres-
aux Messéniens, qui refusèrent de les
accepter, dans la crainte de perdre leur
nom et le souvenir de leurs maux.
Ils voulurent s'embarquer, sous la con-
duite du lils d'Aristomène, et ils tirent
voile, du port de Cyllène, pour la
Sicile, où ils fondèrent la ville de
Messine : ils s'y établirent comme
dans un campement, jusqu'au jour de
la vengeance. Quant au héros messé-
nien, qui cherchait partout des enne-
mis aux Spartiates, il mourut, dit-on,
à Rhodes ou à Sardes.
ÉTAT DE LA IIELLADE MERIDIONALE,
668 ans avant J.-C.
Après la conquête de la Messénie,
les Spartiates se trouvèrent maîtres
des deux cinquièmes du Péloponèse.
Le reste de la presqu'île était inéga-
lement partagé entre les Corinthiens ,
les Sicyoniens, les Achéens, les Kléens,
les Argiens et les Arcadiens, qui of-
fraient une variété prodigieuse de cou-
tumes et de lois.
V Arcadie, habitée par une. race de
pâtres qui se disaient indigènes, et
nés acant que la lune marquât son
cours dans le ciel, avait été gouver-
née par des rois, depuis Arcas jusqu'à
Aristocrate II, qui fut lapidé' par le
peuple. Elle fut ensuite divisée en au-
tant de petits états qu'il s'y trouvait
de villes avec leur territoire. La con-
stitution fut démocratique, comme on
devait l'attendre d'un peuple pasteur.
Il y eut des administrateurs ( dé-
miourges) et un sénat; mais il ne
parait pas que ses cantons isolés aient
jamais été unis par une confédération
générale.
Avant l'invasion des Doriens, Co-
rintheétait soumiseàdes rois de la mai-
son de Sisyphe, et Homère vante cette
ville pour ses richesses. Les Doriens
en chassèrent les anciens habitants, et
Alétès, de la race d'Hercule, y régna
vers 1089 ; ses successeurs en occu-
pèrent le trône jusqu'à la cinquième
génération. Mais, après la mort du
dernier roi Télessos, l'an 777 , la fa-
mille'des Bacchiades (branche colla-
térale d'Hercule) s'empara de l'auto-
rité et introduisit une sorte d'oligar-
chie. On choisissait annuellement dans
leur famille un prytane, jusqu'en657,
que Cypselos se rendit maître de l'au-
torité souveraine. Il eut pour suc-
cesseur, en 627, son (ils Périandre,
qui se rendit également odieux par
son avarice et par sa cruauté. A ce
prince, mort en 587, succéda Psam-
métique, son neveu, qui régna jusque
vers l'an 584, temps ou les Corinthiens
s'affranchirent du pouvoir absolu.
Le régime républicain de Corinthe
était un système mixte d'assemblée
populaire et d'un sénat aristocratique
composé de négociants, issus des
Bacchiades, qui étaient des armateurs,
devenus puissants par le commerce.
Corinthe, séparée des deux mers par
l'isthme, (pie Pindare compare à un
pont destiné à lier le midi et le nord
de la Grèce, avait deux ports sur les
rives opposées de ce prolongement de