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DE LA TOREUTIQUE. IIe PARTIE. 81
française. Il suffit de dire que plus d'une fois le traducteur s étant servi par liberté méto-
nymique du mot graver, pour rendre les termes grecs ÈTOipyacpva ou ifiireitoivif/iva, qui s'ap-
pliquent à des ouvrages en pierre, le critique a cité ces passages en témoignage de
l'emploi de la gravure dans les monuments dont.il s'agit.
Cet exposé prouvera, je pense, que l'érudition littéraire de M. de Caylus, en cette
matière, ne lui avait été d'aucune utilité. Le seul profit à tirer de cet écrit, est peut-être
dans l'aveu fait par l'auteur lui-même, de l'embarras où il s'est trouvé. // résulte de
ces observations (dit-il en finissant) (0, que les anciêns ne-s'étant point assujétis a des défi-
nitions précises sur ces parties inférieures de l'art, on ne peut juger de ce qu'ils ont écrit en
cette matière, avec la certitude et la précision qu'on aime à trouver ou du moins a espérer
dans les objets de son étude. Et comme il est toujours avantageux de savoir a quoi Von peut
s'attendre sur une matière, j'ai cru devâir présenter un grand nombre de passages, pour con-
vaincre de Vembarras que ces détails peuvent causer, et j'en ai profité en faveur de ceux qui
se trouveront dans la nécessité de traiter ou d'examiner ces sujets.
Si quelque chose sert encore à prouver combien peu l'érudition des textes, sans celle de
l'art, est capable de dissiper les ténèbres de ce sujet, c'est la dissertation de M. Heyne sur
la Toreutique (a). Le savant professeur a rapproché dans cette matière plus de passages
encôffe que n'avaient fait ses prédécesseurs. Il avoue que plus d'une fois le mot toreutique
l'avait embarrassé dans ses recherches sur les arts des anciens, et qu'il n'avait pu réussir
à s'en former une idée nette, ohne das ich sie recht zufassen wuste. C'est pour y parvenir
qu'il a résolu d'examiner la chose à fond, et la véritable signification des mots Topràuv,
Topeu<rijÇj ainsi que de leurs correspondants en latin, cœlare, cœlator, cœlatura, etc. On s'attend
en conséquence à voir sortir d'un examen aussi précis, fait par un critique aussi savant,
sinon la connaissance certaine de la chose en question, au moins le fil qui pourrait
guider dans sa recherche. Mais le résultat partiel de cet examen, sous chacun des rap-
ports où le mot à interpréter se présente au critique, est que sa signification dans chaque
passage lui paraît toujours incomplète, ou contradictoire avec d'autres passages.
M, Heyne croit d'abord que l'idée de toreutique ne peut s'étendre ni à la gravure en
creux, ni aux travaux d'orfèvrerie qui dépendent de la gravure. Généralement j'ai trouvé,
dit-il, que -ropeuav doit s'entendre des bas-reliefs : Ist ueberall Topeuav von erhabnen bildwerk
zu verstehen. Il lui paraît incertain ensuite si ce mot ne doit pas signifier plus particu-
lièrement de petites figures en ronde bosse. Ob nicht -ropeuav von ganz runden zumal kleinen
figuren zu verstehen sejn dur/te. Un passage de Pausanias (3) où le mot è-opeuasv est employé
à l'égard d'un enfant de ronde bosse en bronze doré, vient tout de suite jeter un nouveau
doute sur la conjecture précédente. L'auteur se laisse aller aux mêmes incertitudes sur
les mots latins cœlare, cœlatura. Il se borne à rapporter des passages où ces mots s'appli-
quant à plus d'une sorte de matière et à plus d'une espèce d'ouvrage, lui paraissent offrir
une contradiction réelle entre eux.
Passant à l'emploi que Pline a fait du mot toreutique, il pense que pour en déterminer
Ie sens, il faut avoir égard en partie aux circonstances qui l'expliquent, en partie à l'usage
de la langue. Par exemple, dit - il, lorsqu'on songe que Top^sw et toreuma se rapportent à
(2) Mém. de l'Acad. des Inscript, et Bell. Lett., tora. XXXII, pag. 785.
(?) Von der Toreutik insonderheit beym Plinius. — Samml. antiquarùch. aufsâtz. zweit. stucA., pag. 127.
(3) Pausan., lib. V, cap. 17. ' \
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DE LA TOREUTIQUE. IIe PARTIE. 81
française. Il suffit de dire que plus d'une fois le traducteur s étant servi par liberté méto-
nymique du mot graver, pour rendre les termes grecs ÈTOipyacpva ou ifiireitoivif/iva, qui s'ap-
pliquent à des ouvrages en pierre, le critique a cité ces passages en témoignage de
l'emploi de la gravure dans les monuments dont.il s'agit.
Cet exposé prouvera, je pense, que l'érudition littéraire de M. de Caylus, en cette
matière, ne lui avait été d'aucune utilité. Le seul profit à tirer de cet écrit, est peut-être
dans l'aveu fait par l'auteur lui-même, de l'embarras où il s'est trouvé. // résulte de
ces observations (dit-il en finissant) (0, que les anciêns ne-s'étant point assujétis a des défi-
nitions précises sur ces parties inférieures de l'art, on ne peut juger de ce qu'ils ont écrit en
cette matière, avec la certitude et la précision qu'on aime à trouver ou du moins a espérer
dans les objets de son étude. Et comme il est toujours avantageux de savoir a quoi Von peut
s'attendre sur une matière, j'ai cru devâir présenter un grand nombre de passages, pour con-
vaincre de Vembarras que ces détails peuvent causer, et j'en ai profité en faveur de ceux qui
se trouveront dans la nécessité de traiter ou d'examiner ces sujets.
Si quelque chose sert encore à prouver combien peu l'érudition des textes, sans celle de
l'art, est capable de dissiper les ténèbres de ce sujet, c'est la dissertation de M. Heyne sur
la Toreutique (a). Le savant professeur a rapproché dans cette matière plus de passages
encôffe que n'avaient fait ses prédécesseurs. Il avoue que plus d'une fois le mot toreutique
l'avait embarrassé dans ses recherches sur les arts des anciens, et qu'il n'avait pu réussir
à s'en former une idée nette, ohne das ich sie recht zufassen wuste. C'est pour y parvenir
qu'il a résolu d'examiner la chose à fond, et la véritable signification des mots Topràuv,
Topeu<rijÇj ainsi que de leurs correspondants en latin, cœlare, cœlator, cœlatura, etc. On s'attend
en conséquence à voir sortir d'un examen aussi précis, fait par un critique aussi savant,
sinon la connaissance certaine de la chose en question, au moins le fil qui pourrait
guider dans sa recherche. Mais le résultat partiel de cet examen, sous chacun des rap-
ports où le mot à interpréter se présente au critique, est que sa signification dans chaque
passage lui paraît toujours incomplète, ou contradictoire avec d'autres passages.
M, Heyne croit d'abord que l'idée de toreutique ne peut s'étendre ni à la gravure en
creux, ni aux travaux d'orfèvrerie qui dépendent de la gravure. Généralement j'ai trouvé,
dit-il, que -ropeuav doit s'entendre des bas-reliefs : Ist ueberall Topeuav von erhabnen bildwerk
zu verstehen. Il lui paraît incertain ensuite si ce mot ne doit pas signifier plus particu-
lièrement de petites figures en ronde bosse. Ob nicht -ropeuav von ganz runden zumal kleinen
figuren zu verstehen sejn dur/te. Un passage de Pausanias (3) où le mot è-opeuasv est employé
à l'égard d'un enfant de ronde bosse en bronze doré, vient tout de suite jeter un nouveau
doute sur la conjecture précédente. L'auteur se laisse aller aux mêmes incertitudes sur
les mots latins cœlare, cœlatura. Il se borne à rapporter des passages où ces mots s'appli-
quant à plus d'une sorte de matière et à plus d'une espèce d'ouvrage, lui paraissent offrir
une contradiction réelle entre eux.
Passant à l'emploi que Pline a fait du mot toreutique, il pense que pour en déterminer
Ie sens, il faut avoir égard en partie aux circonstances qui l'expliquent, en partie à l'usage
de la langue. Par exemple, dit - il, lorsqu'on songe que Top^sw et toreuma se rapportent à
(2) Mém. de l'Acad. des Inscript, et Bell. Lett., tora. XXXII, pag. 785.
(?) Von der Toreutik insonderheit beym Plinius. — Samml. antiquarùch. aufsâtz. zweit. stucA., pag. 127.
(3) Pausan., lib. V, cap. 17. ' \
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