Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0125

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
8o LE JUPITER OLYMPIEN.

de faire de petites figures en bas-relief sur des vases, et voici comment il se trouve conduit
à cette conclusion : « Pline (dit-il) avance que Phidias fut le premier qui ouvrit la route
« de la toreutique. Ailleurs il appelle toreuticiens ou cœlatores (ce qui est l'équivalent)
« ceux qui ont orné de petites figures les vases et sur-tout les vases d'argent; or Phidias
« avait fait des ouvrages, tels que le Trône d'Oljmpie, ornés de petites figures en bas-relief.
« Ce fut par conséquent lui qui mit en vogue la pratique de ce genre d'ornement, qui,
« appliqué aux vases, s'appela toreutique. Hoc modo aperuisse toreuticen, et viam ostendisse
« illi arti qUœ minora signa et sigilla in scjphis et poculis argenteis cœlaret : quœ ars grœcis
« proprie TopeuT»dj. »

A cette conclusion de Saumaise, que la toreutique est Fart d'orner de figures la vaisselle
d'argent, on pourrait opposer d'avance, par'les notions les plus communes de l'art en
Grèce, que long-temps avant Phidias, la pratique d'orner avec des bas-reliefs les vases de
métal était fort répandue; ce qu'Anacréon nous prouve surabondamment par plus d'un
passage : que par conséquent cette pratique n'avait dû à Phidias ni son origine, ni l'appli-
cation qu'on en fit à l'ornement des vases. Mais ces raisons trouveront ailleurs leur déve-
loppement.

Aucun archaeologue n'a peut-être moins approché du but de cette recherche que M. de
Caylus, dans sa dissertation sur ce qu'il a appelé la Gravure des Anciens.

On a bien raison de prétendre que les idées sont aussi dans la dépendance des mots.
Il est certain que toutes les fois qu'une idée fixée par un mot dans une langue, manque
dans une autre d'un signe également propre à son expression, cette idée perd de sa pré-
cision, et devient confuse à l'esprit. On est alors obligé de se servir de termes qui ne
représentent la chose ni avec la même étendue, ni sous le même aspect. Ainsi M. de
Caylus n'ayant donné au mot cœlatura en latin d'autre correspondant que le mot gravure
en français, n'a jamais eu en vue, dans les passages où le mot latin est employé, que ce
que nous entendons par gravure linéaire en creux, ou gravure sur métaux. Selon lui,
par exemple, tous les sujets qu'Homère a décrits sur le bouclier d'Achille, doivent être sup-
posés, dans l'esprit du poète, gravés selon le sens propre que nous donnons au mot graver;
c'est-à-dire, en dessin fait par tailles. De là est résulté que le célèbre antiquaire a presque
entièrement séparé l'idée de la cœlatura et la notion des ouvrages auxquels cet mot s'ap-
plique, chez Pline, de l'idée du relief, et de la notion qui réunit cet art et ses travaux à
la sculpture. Borné par un cercle trop étroit, il n'a pu voir dans le mot qui fut l'objet de
son interprétation, qu'un travail d'ornement et de petits objets quelquefois en saillie, mais
le plus souvent gravés en creux ou sur pierre fine; et lorsque les sujets auxquels le mot
cœlatura est appliqué, lui ont paru sortir des limites où il s'est renfermé, il a attribué
l'emploi de ce mot à une confusion des notions de la gravure et de la sculpture. J'espère
prouver que la cœlatura des Latins, et encore plus la toreutice des Grecs, formant une
division synonymique du règne de la sculpture, embrassa une multitude de travaux, dans
lesquels se trouvaient sans doute compris, mais comme une partie l'est dans le tout, ceux
que nous exprimons aujourd'hui par gravure sur métaux.

Je ne parlerai point ici de toutes les méprises grammaticales dans lesquelles est tombé
M. de Caylus, en opérant, non sur le texte même de Pausanias, mais sur la traduction

(i) Mém. de l'Acad. des Inscript, et Bell. Lettr., tom. XXXII, pag. 764.
 
Annotationen