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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0309

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248 LE JUPITER OLYMPIEN.

pratique très-habituelle et très - ancienne, celle qui consistait à écrire sur les im ages des
dieux leurs traditions mythologiques. A mesure que l'imitation se perfectionna, cette sorte
d'écriture vit aussi améliorer ses caractères et leur disposition. Phidias eut l'avantage de
contribuer au plus haut point à reproduire, sous des formes plus parfaites, les éléments
de ce langage mystique. Ses ouvrages en cela servirent puissamment la religion. L'on
pourrait dire que, selon l'esprit des Grecs et de leur culte, une statue comme celle du
Parthénon, était ce qu'aurait été dans certains temps chez nous ( où les livres ont acquis
un empire d'un autre genre) quelque nouveau traité de théologie, de dogme ou d'histoire
sainte.

C'est ce que présentait effectivement, si l'on peut s'en permettre la comparaison, l'en-
semble des sujets exécutés par Phidias, sur le piédestal de sa Minerve, ouvrage aussi varié
qu'étendu, et dont il me reste à parler.

PARAGRAPHE IX.

Continuation et fin du même sujet. — Du piédestal de la statue, et des bas-reliefs dont

il était orné.

Les règles d'après lesquelles on juge les ouvrages de l'art doivent ressembler aux prin-
cipes qui donnent naissance à ces ouvrages. Quand ceux-ci manquent d'un but utile,
quand ils se font pour le seul plaisir, ou, comme on le dit, dans la seule vue de l'art,
il se forme aussi des critiques qui établissent une manière de les apprécier par ce qu'on
appelle les seuls jeux du goût. Mais cette façon de juger n'est guère applicable aux ouvrages
créés dans un autre ordre de convenances, et pour un objet important et utile. N'y aurait-il
pas entre ces deux sortes d'ouvrages la même différence qu'entre les discours de l'orateur
et ceux du rhéteur? Ce dernier, libre aussi de toute gêne, fait tout pour l'art et par l'art.
Cependant il n'y a pas d'effet plus constant que celui de la prompte lassitude que ces
productions nous causent. C'est qu'il est également dans notre nature, et de chercher ce
qui plaît, et de vouloir que ce qui plaît soit utile. Je laisse à rachever ce parallèle, me
réservant toutefois de faire comprendre par-là, que la sculpture autrefois ayant eu non-
seulement à plaire, mais à être utile, on en juge mal aujourd'hui, si l'on ne porte à ce
jugement que la partie de notre goût qui demande uniquement le plaisir aux ouvrages
de l'art Ainsi l'idée de couvrir de figures en bas-relief tous les accessoires de la Minerve
du Parthénon, et jusqu'au piédestal de ce colosse, cette idée, dis-je, ne doit être appréciée
que selon les convenances auxquelles j'ai dit qu'un pareil monument fut jadis assujéti.

On peut conclure d'un passage du rhéteur Thémistius (0, que les bas-reliefs et la déco-
ration de ce piédestal occupèrent long-temps Phidias. « Quoique cet artiste, dit-il, eût
« une grande habileté dans l'art de représenter avec l'or et 1 ivoire les figures des hommes
« et des dieux, cependant il avait besoin de beaucoup de temps et de loisir pour terminer

(i) Themistii Orat. a5, de dicendo ex tempore. Au commencement.
 
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