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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0472

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPIÏANTINE. Ve PARTIE. 38i

breuses qui nous restent du siècle d'Adrien, attestent qu'alors plus d'un artiste fut en état
de porter dans la sculpture, une assez grande pureté de style, de l'habileté d'exécution,
et ce genre de mérite qui consiste non plus à produire des inventions nouvelles, mais
à maintenir le bon goût, et à perpétuer les principes établis d'après les grands modèles.

Un mot de plus sur la composition et les accompagnements de ce Jupiter, nous aurait
sans doute mis à même d'affirmer ce qu'il faut nous contenter de supposer, savoir, qu'il
était assis dans un trône, et nous aurait procuré d'autres rapprochements précieux pour
l'histoire de l'art. Mais nous en sommes réduits à constater que, dans le second siècle
de notre ère, l'art de la statuaire en or et ivoire rivalisait encore avec le chef-d'œuvre
de Phidias.

PARAGRAPHE XIII.

De F état des arts en Grèce, et de la statuaire en or et ivoire, jusqu'au siècle de Constantin.

Les deux siècles qui s'écoulèrent depuis la conquête de la Grèce jusqu'à l'empereur
Adrien, virent sans doute s'affaiblir les ressorts principaux qui jadis avaient fait pro-
duire aux artistes grecs ces grands ouvrages, au niveau desquels le génie de ce peuple
n'aurait toutefois pu se maintenir, quand même les causes politiques n'auraient pas con-
tribué à l'en faire descendre. On ne veut pas nier l'influence effective de ces causes sur
le goût et le génie des peuples. Comme l'orgueil de la domination et l'enthousiasme de
la liberté enflent le cœur et élèvent l'esprit, la servitude politique, par une raison
contraire, doit comprimer les facultés morales, et en affaiblir l'action. Mais cela est plus
particulièrement vrai pour les arts qui dépendent uniquement de l'esprit. Ceux du dessin
ont plus d'un moyen d'échapper aux effets de l'oppression morale et politique. Quel-
ques écrivains ayant beaucoup trop fait entrer la liberté dans les causes de la perfection
des arts en Grèce, on doit se garder aussi d'attribuer exclusivement à la perte de cette
liberté, des effets qui auraient eu plus ou moins lieu sans elle. L'exemple de plus d'une
nation, qui, sans avoir éprouvé de changement sensible dans son régime politique, a
vu s'opérer de notables révolutions dans son goût et dans ses arts, nous montre que le
génie est sujet à des vicissitudes dépendantes de sa seule nature. Ainsi nous avons vu
qu'en Grèce, même avant la conquête, les arts avaient déjà décliné.

Mais cet événement, il ne faut pas en douter, y changea réellement sur beaucoup
d'objets, la culture de l'esprit et la direction de ses facultés. Tant de causes avaient
concouru pendant tant de siècles à y développer tous les genres de talents, que, en dépit
des circonstances contraires, un sol si fécond, et des germes si puissants ne pouvaient
subitement cesser de donner des fruits. Tout se modifia en Grèce; et quoique le fond des
choses ne fut plus le même, la forme qui survécut, fournit encore à l'étude des lettres
et des arts plus d'une sorte d'indemnité.

La tribune du forum, cette grande école de l'éloquence, fut remplacée par la chaire,
où d'habiles maîtres enseignaient la rhétorique. Les orateurs et les philosophes ne gou-
vernaient plus, mais ils donnaient des leçons à ceux qui devaient gouverner le monde.

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