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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0405

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39.6

LE JUPITER OLYMPIEN.

PARAGRAPHE IL

Du trône et de la statue colossale en or et en ivoire de Junon par Polyclète

a Argos.

Si nous avons de grandes obligations à Pausanias; si nous devons à son voyage en
Grèce de connaître beaucoup de monuments, dont l'idée n'existerait pas pour nous sans
ses descriptions , au sentiment de cette reconnaissance succède bientôt celui du regret
que le manque de méthode ou la brièveté de ses récits nous font éprouver, lorsque,
sur-tout conduits par eux devant un des plus rares ouvrages de l'art antique, et déjà
soulevant le voile qui nous en dérobait l'aspect, nous le voyons retomber, nous voyons
se refermer la porte du temple, et l'image que nous espérions saisir, s'échapper sans
espoir de retour. Encore si, fidèle à un système quelconque, il eût proportionné les
mentions des objets à leur importance, à leur mérite, ou à leur célébrité, ses omissions
ou ses réticences ne seraient pas toujours sans instruction pour nous. Mais il n'en est
rien; et le trône de la Junon colossale d'Argos en or et en ivoire par Polyclète, ne nous
en fournit que trop la preuve.

Tous les auteurs sont d'accord sur le rang que tint Polyclète entre les statuaires de
l'antiquité. L'opinion publique lui avait assigné , à ce qu'il paraît, la seconde place,
quoiqu'en une occasion, un jugement aussi impartial qu'il puisse y en avoir dans ces
matières, lui eût donné le pas sur Phidias (0; car son Amazone fut préférée à toutes
celles qu'on mit en concours dans le temple d'Éphèse, même à celle de Phidias. Ce
concours eut lieu long-temps après la mort des artistes dont on voulut apprécier
l'ouvrage, et dès-lors son résultat put être juste. Polyclète fut toutefois regardé comme
inférieur à Phidias dans l'expression du style idéal qui convenait aux statues des dieux,
non explevisse deorum autoritatem videtur (2). On disait aussi qu'il ne s'était pas exercé
sur les sujets du» genre mâle et sévère; d'où il résulte qu'ayant été le premier peut-être
dans le caractère gracieux, il le fut dans un genre qui certainement est le second.
Nihil ausus ultra levés gênas (3).

Quoi qu'il en soit, on a toujours associé les ouvrages de Polyclète à ceux de Phidias,
et la Junon d'Argos fut le monument qui contribua le plus à établir cette parité. Martial,
dans une de ses épigrammes, semble dire que Phidias eût été jaloux de cet ouvrage.

Juno labor Polyclète tuus et gloria felix
Phidiacœ cuperent quem meruisse manus (4).

Lorsque les écrivains ont voulu citer les principales merveilles de l'art, ils ont tou-
jours mis sur la même ligne la Junon d'Argos et le Jupiter dOlympie. « Pour avoir vu,
« dit Plutarque (5), le Jupiter de Phidias, ou la Junon de Polyclète, un jeune homme bien

(i) Plin., lib. XXXIV, cap. 8. — (2) Quintil., lib. XII, cap. 10. — (3) Quintil., lib. ibicl. — (4) Martial. Epig.
lib. X. — (5) Plut. Vit. Pcricl., in principio.
 
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