Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0514

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
PROCÉDÉS MÉCAN. DE LA STAT. CHRYSÉL. VF PART. 4i5

Si l'on en croit Elien (0, la colle du poisson oxyrinchus servait à la soudure de l'ivoire ;
car à quoi l'eût-on employée, si ce n'est à cet objet? Puisqu'au dire de cet écrivain, elle
était d'une nécessité absolue dans les ateliers des statuaires de la Grèce qui voulaient tra-
vailler l'ivoire, ce ne pouvait être que pour lier les joints des compartiments entre eux,
ou les faire adhérer à leur noyau. La colle de poisson, dont on use encore aujourd'hui,
est effectivement très-tenace. Elle est fluide quand on l'emploie à chaud, et ne produit
point d'épaisseur. Les marbriers et les sculpteurs en font journellement usage dans le
travail du marbre, pour fixer en place les éclats fracturés ou les morceaux de rapport. On
lui donne la préférence sur toute autre colle, parce qu'elle est la moins sujette à jaunir.

Dès qu'il paraît qu'on usa jadis d'une semblable substance pour réunir les comparti-
ments de l'ivoire, on peut bien présumer qu'elle devait contribuer aussi à remplir l'insen-
sible cavité des joints extérieurs, de manière à n'en laisser rien subsister d'apparent. Enfin,
il faut supposer qu'il dut y avoir en ce genre beaucoup de ces petits procédés que suggère
le long exercice d'un art, et que la théorie purement spéculative ne peut faire soupçonner.
Alors on est porté à croire que plus d'une sorte d'apprêt tendit à dissimuler les joints
de l'ivoire dans les statues, au point que l'œil du spectateur ne devait pas être averti du
mécanisme de leur exécution.

PARAGRAPHE VI.

Des procédés d'exécution de la statuaire colossale en ivoire. — De la dimension des morceaux
d'ivoire qui y furent employés. — De V amollissement de V ivoire.

Jusqu'ici tous les ouvrages qui ont été l'objet de nos démonstrations, ont pu être
exécutés, ainsi qu'on l'a vu, avec des morceaux d'ivoire d'une très-modique étendue, et
découpés dans des défenses d'éléphant, de 4 pieds de long et de 60 livres pesant, telles
que le commerce actuel les procure. Presque aucun des morceaux mis en œuvre (comme
l'échelle des Planches en fait foi) n'a excédé 4> 5 ou 6 pouces de superficie. Cette dimen-
sion qui résulte du débit simple et naturel des défenses dont on peut disposer aujour-
d'hui, s'est trouvée encore assez en rapport avec ce qu'il faut appeler chaque forme
divisible du corps humain, dans une statue de grandeur naturelle.

Je dois expliquer ici plus clairement ce que j'entends par-là, quoique j'en aie déjà dit
quelque chose [voyez Paragr. IV). On a vu qu'à considérer la statue qui représente le
corps humain, sous le simple rapport de matière et d'étendue, il est assez indifférent
que la division des parties soit faite en plus ou en moins de fragments, et que ces
fragments aient une forme plutôt qu'une autre, pourvu qu'ils n'excèdent point les dimen-
sions des morceaux d'ivoire qu'on doit employer. Mais si la statue s'envisage sous le
rapport des formes dont le corps de l'homme se compose, il importe au statuaire que ces
formes puissent être généralement renfermées dans l'étendue d'un seul morceau d'ivoire,

(1) Histoire des Animaux, liv. VII, chap. 32.
 
Annotationen