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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0059

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18 LE JUPITER OLYMPIEN.

quins, seconda puissamment le développement de la sculpture polychrome, et fut l'ap-
prentissage de la statuaire en ivoire. Aussi verrons-nous par la suite le bois non-seulement
servir à la confection des colosses d'or et d'ivoire, mais encore se prêter à remplacer ces
matières dispendieuses dans plus d'une grande entreprise.

Si je me permets d'arrêter quelques instants de plus l'attention du lecteur sur le travail
du bois dans les premiers ouvrages de l'imitation, en montrant le grand crédit qu'il obtint,
ce sera dans la vue de faire mieux comprendre comment le style, les pratiques, et les
habitudes de ce genre de sculpture, s'associèrent pendant long-temps aux monuments de
l'adoration publique, et parvinrent dès-lors à influer sur la direction du goût des artistes
suivants. Pour donner un exemple de cette influence que certaines pratiques, certain
genre de travail, et l'emploi de certaine matière, peuvent exercer sur la manière de voir
et de faire dans l'imitation, je vais hasarder quelques conjectures sur l'origine et le goût
d'un assez grand nombre d'ouvrages antiques que le temps nous a conservés, dont il me
semble qu'on n'a pas expliqué le style singulier d'une manière satisfaisante, et dont la
singularité pourrait avoir eu sa source dans les idoles habillées d'étoffes réelles et dans
la sculpture en bois.

PARAGRAPHE IV.

Continuation du môme sujet. — Preuves nouvelles du grand usage de la sculpture en bois
dans les premiers siècles de l'art, tirées du style particulier et du goût de quelques
ouvrages en maigre encore existants, qu'on a improprement appelés Etrusques, et qui
pourraient appartenir à l'école ^'Egine.

Il est possible, ce me semble, de lire encore dans un assez grand nombre des ouvrages
de l'art antique parvenus jusqu'à nous, quelques preuves, soit de la priorité qu'obtint
chez les Grecs la sculpture en bois, soit de son grand usage dans le premier âge de l'art,
soit de l'influence que son goût exerça pendant long-temps sur la manière et le style des
artistes qui travaillèrent par la suite sur d'autres matières. En fait d'ouvrages d'art, et
lorsqu'il s'agit (long-temps après leur exécution) d'en reconnaître l'époque, la fdiation,
ou les auteurs, il y a deux sortes de preuves reçues. L'une repose, comme celle de tous
les objets historiques, sur la notoriété des renseignements ou de la tradition; l'autre,
sans être aussi positive, n'en est pas moins admissible en saine critique. Elle se fonde sur
ces caractères apparents de manière et de style, dans lesquels un œil exercé distingue
avec clarté et précision, de quel inaître, de quelle école est un ouvrage; à quel siècle,
à quel pays il appartient. Le premier genre de preuves s'adresse au raisonnement, le
second au sentiment. Chacun de ces deux juges a son tribunal à part; et, quoiqu'il soit
toujours permis à l'un de vérifier les décisions de l'autre, une sorte de bonne foi veut
cependant que le lecteur n'élude pas leur compétence.

On se doute bien qu'à l'époque reculée de l'histoire de lart dont je prétends discuter
ici quelques témoignages, les moyens que je présenterai en faveur de la conjecture que
je vais hasarder, seront du nombre de ceux que la critique du goût se contente d'offrir
au sentiment exercé à distinguer les nuances de l'art.
 
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