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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0149

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io4 LE JUPITER OLYMPIEN.

PARAGRAPHE V.

Comment il dut arriver que la statuaria étant née de la toreutice, les productions, ainsi
que les notions de ces deux divisions de Fart, se mêlèrent et se confondirent dans lopinion.

Pour jeter quelques lumières sur la route toujours un peu obscure que l'imitation a
tenue en Grèce, et pour aider ceux qui sont étrangers aux procédés techniques, à en
suivre les pas et la marche, sur la ligne que je tâche de tracer ici, je veux présenter en
parallèle, un exemple approximatif de la manière dont l'art de la sculpture s'est reproduit
vers le quinzième siècle à Florence. La Toscane moderne est a beaucoup d'égards le pays
qu'on peut, sur le fait de la génération de la peinture sur-tout, comparer à la Grèce. La
semence de l'art y germa, s'y développa spontanément ; et ce pays est le seul qui puisse
montrer, pendant une suite de siècles, une succession d'artistes indigènes et d'ouvrages
nationaux, depuis le point qu'on peut appeler le point de départ de limitation, jusqu'au
degré le plus haut qu'elle ait pu atteindre. On y trouve encore une sorte de similitude
avec la Grèce, en considérant cette conformité particulière d'usage, qui plaça de même
le berceau, ou l'école de la sculpture, dans les travaux de l'orfèvrerie.

Tout le monde sait que ce que les Florentins appelaient Varte degli Orefici, eut chez
eux un autre éclat, et exerça sur les arts du dessin une toute autre influence, que n'en ont
eu depuis chez les différentes nations, la profession et les travaux de l'orfèvrerie. Cette
profession, telle qu'elle s'exerce maintenant, ne fait qu'emprunter de quelques artistes
subalternes et sans nom, les ornements et les dessins de ses ouvrages: à Florence au -
contraire, l'art de la sculpture lui était redevable de sa renaissance, et lui devait ses plus
habiles maîtres. Les premiers sculpteurs modernes, c'est-à-dire Florentins, s'appelaient
presque tous orefici, orfèvres. C'est dans les ateliers de l'orfèvrerie que se faisait le plus réel
apprentissage de toutes les parties du dessin et du modelage : c'est en un mot des bou-
tiques des orfèvres (comme on les appelait alors) que sont sortis les vrais restaurateurs
de l'art.

Pour ne citer que les noms les plus distingués d'entre eux, d'après l'autorité de Georgio
Vasari, qui a écrit leur vie, je dirai que l'orfèvrerie avait produit le fameux Lorenzo
Ghiberti, Bruneleschi, plus fameux encore, Massolino Panicale, le célèbre Luca délia
Robbia, Paolo Romano , Andréa Verochio (*), et le grand Donatello , sur le tombeau
duquel on lit : Restitutâ antiquâ scalpendi cœlandique arte ecleberrimus. La vie de cet
artiste par Vasari nous apprend que les orfèvres accompagnèrent ses funérailles, gli fecero
ossequie onoratissime accompagnando lo tutti i pittori, gli architetti, gli scultori, gli orefici ;
preuve qu'alors l'orfèvrerie avait rang parmi les arts libéraux du dessin. Le célèbre Ben-
venuto Cellini, devenu si habile statuaire, ainsi qu'en fait foi son Persée de Florence, qui
passe pour le plus beau bronze moderne, fut d'abord orfèvre, et nonobstant ses travaux

(i) Cité par Benv. Cellini, dans la préface de son traité de Orificeria, pag. 3a.
 
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