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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0296

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPHANTINE. IVe PARTIE. a37

Le poids d'une figure ailée de près de 6 pieds, et reposant dans la main d'une statue
isolée, est un objet de difficulté qu'on ne saurait passer sous silence, et sur lequel je
présenterai, dans le paragraphe suivant, des considérations d'autant plus importantes,
qu'elles se lient essentiellement à la théorie de la statuaire chryséléphantine, et en
expliquent le mécanisme.

Mais ce qui doit faire avant tout comprendre le secret d'un porte-a-faux toujours très-
hardi dans une masse aussi colossale, c'est la légèreté même des matières qui entraient
dans la construction de ce genre de sculpture.

Il faut se persuader que l'or, soit dans les draperies, soit dans les ailes, aura été
employé selon le procédé du sphurelaton, et peut-être n'était-il pas entré dans les ailes
plus de dix livres pesant de métal. Le corps de la figure devant être une incrustation
d'ivoire sur une ame de bois, il fut possible dévider ce noyau, au point d'enlever à la
masse plus de la moitié du poids qu'elle aurait eu, si elle avait été entière. Nous verrons
ailleurs que l'usage dévider ainsi le bois qui servait de fond ou de support à l'ivoire
comme à l'or, était général dans les colosses (vqy. Partie. VI).

PARAGRAPHE VII.

Continuation du même sujet. — Du bouclier de Minerve; — de son emploi et de ses particularités
par rapport à l'armature de la statue; — de ses ornements. — Du serpent, du sphinx et de
la lance.

A quelque point de légèreté qu'on ait pu porter le métal, le bois, l'ivoire et aussi
l'armature intérieure de la Victoire qui reposait dans la main de la déesse, et quand on
réduirait à deux ou trois cents livres le poids de tout cet assemblage, il n'en fallut pas
moins une grande intelligence pour lui donner cette fixité et cette solidité qui le ren-
dirent inébranlable pendant un long cours de siècles, si l'on en croit les témoignages de
l'antiquité. « La Minerve de Phidias (dit Arrien), une fois que sa main étendue a reçu la
« Victoire, reste ainsi pendant toute la durée des âges. » Phidiœ Minerva manu semel
extensâ, et Victoria in eam receptâ, sic per omnem slat œtatem (0.

Il ne faut pas cependant croire que ce porte-a-faux ait été aussi effectif que l'a imaginé
M. de Paw (2), dont l'opinion est que la Victoire portait sur un simple embranchement du
grand arbre métallique placé dans l'intérieur du colosse. Il n'est pas présumable, qu'à
moins de quelque artifice caché, une simple barre de métal, placée horizontalement le long
du bras, eût suffi pour porter sans risque, pendant des siècles, un poids tel que celui-ci.
Au Jupiter Olympien, nous verrons que tout naturellement le bras droit, porteur de la
Victoire, devait trouver un appui perpendiculaire dans la partie montante des bras du
trône, et que la figure, posée en apparence dans la main, reposait effectivement sur
un support vertical. Il n'y a en effet que ce procédé qui soit solide. L'artifice du statuaire,
après avoir établi un semblable point d'appui, devait consister à le cacher ou à le dissi-

(r) Arrian. Epictet., lib. XI, cap. 8. — (a) Recherches Philosophiques sur les Grecs, Partie III, paragr. V.

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