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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0270

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPHANTINE. IVe PARTIE. ai5

la nature, dut aller au-delà, il fut certain qu'aucun individu ne pouvant prétendre à cette
perfection dans l'ordre naturel, Jes êtres qui en seraient doués par l'art, s'élèveraient
autant au-dessus des formes ordinaires de l'individu, qu'un principe universel est supé-
rieur à des observations de détail. Ce fut là l'ouvrage du génie des Grecs dans la création
de Xidéal, et ce fut par l'application de ce système aux figures divines, que se maintint et
se fortifia le pouvoir de l'idolâtrie sur les sens.

Ce progrès dans l'imitation fut favorable à la statuaire en or et ivoire. Tout style de
dessin vulgaire, toutes formes qui n'auraient rappelé dans une figure que l'idée d'individu
ou de portrait, eussent été peu d'accord avec la magnificence de ce genre. Le style le plus
idéal devait convenir à l'art qui employait les plus grandes richesses de la matière. Une
sorte d'harmonie, tout-à-la-fois matérielle et intellectuelle, ayant introduit dans les figures
divines l'emploi de l'or et de l'ivoire, la statuaire chryséléphantine dut devenir l'école
de ce style, qui fut sur-tout celui de Phidias. Diis cfficiendis melior artifex quant hominibus,
a dit Quintilien (0. La statuaire en or et ivoire offrit donc, si l'on peut dire, Xidéal de la
matière réuni à celui de la forme dans les représentations des dieux.

Mais pour arriver au plus haut point d'effet que l'art puisse produire, il fallait encore
joindre à la beauté des formes et de la matière, tout ce que doit avoir d'imposant pour
le spectateur la grandeur des dimensions, lorsqu'elle est entrée dans les vues de l'artiste
et dans la conception de son ouvrage. Il fallait donc que des causes générales donnassent
lieu au renouvellement de beaucoup de statues divines, et à l'augmentation de leurs
dimensions.

C'est ce que nous allons voir arriver.

PARAGRAPHE II.

Continuation du même sujet. — Renouvellement et agrandissement des temples en Grèce.

Le siècle qui précéda Phidias, et que j'ai déjà désigné par l'époque de la 5oe olympiade,
fut, comme on l'a vu (Partie III, paragraphe V), une époque mémorable en Grèce par
les efforts du génie dans tous les divers genres d'art. L'architecture paraît y avoir aussi
reçu alors une grande impulsion. Alors en effet la Grèce était gouvernée monarchique-
ment, ou par des tyrans, comme on appelait ceux qui s'étaient emparés du pouvoir. Ce
genre de gouvernement est favorable aux grandes entreprises de l'art de bâtir. Aristote
le reconnaissait. Selon ce philosophe, il était dans les intérêts du tyran d'occuper le peuple
par de grands travaux (2) : c'est à cette politique qu'il attribue la construction des pyra-
mides d'Egypte, les grands ouvrages de Polycrate à Samos, les monuments des Cypsélidés
à Corinthe, l'érection du temple de Jupiter Olympien à Athènes par les Pisistratides.

Polycrate, Périandre et Pisistrate appartenant au siècle dont je parle, le passage cité
d'Aristote, suffirait pour nous confirmer dans l'opinion qu'on doit prendre de l'état où

(i) Quintil. Orat., lib. XII, cap. 10. —(2) Arist. Polit., lib. V, cap. 11.
 
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