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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0192

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPHANTINE. IIP PARTIE. i43

PARAGRAPHE IL

Continuation du même sujet. — Des statues d'or considérées selon le plus ou moins d'épaisseur

du métal <— Des statues massives en or.

Quand on s'est rendu compte des raisons qui peuvent expliquer le grand emploi que la
religion et la politique firent autrefois de l'or dans les statues, on éprouve ensuite le
besoin de porter quelque discernement dans les moyens employés par la sculpture, pour
produire ces ouvrages dispendieux. Ici la saine critique doit marcher entre une crédulité
avide du merveilleux, et cette mécréance qui traite de fabuleux tout ce qui sort du cercle
des usages modernes.

Nous avons déjà fait pressentir que dans les temps d'ignorance, l'emploi des métaux
précieux en statues pouvait avoir eu pour cause l'ignorance de l'art. C'est effectivement
chez les nations les plus étrangères aux ressources de l'imitation, que l'or nous semble
avoir été employé avec le plus de profusion. Outre les témoignages des livres saints, sur
les merveilles de Babylone en ce genre, nous pouvons encore produire les récits d'Héro-
dote et de Diodore, qui nous ont transmis quelques souvenirs de statues colossales d'or
dans la même ville (0. Il y aurait eu, selon le premier de ces écrivains, un Jupiter d'or, sur
un trône d'or, avec une table d'or, dont les Chaldéens auraient estimé la valeur huit cents
talents d'or. Une autre statue de douze coudées aurait été d'or massif, xpyœoç cepsè?. Diodore
de Sicile, parlant des mêmes idoles, en désigne l'ouvrage par le mot ccpupvilaTov (2), qu'on a
souvent interprété en fait de travail métallique, par massif, quoique le travail au marteau,
indiqué par ce terme, désigne, ainsi que je le ferai voir clairement par la suite, une idée
tout-à-fait contraire.

Au reste, quelque fabuleuses que puissent paraître ces relations d'antiquités Chal-
déennes, il ne faut pas trop se hâter de réputer incroyable l'emploi de l'or massif en
statue {massif pris pour plein, car le sens du mot massif nous présentera plus d'une
manière d'être entendu), sur-tout aux époques et chez les nations qui précédèrent ou
ignorèrent la découverte des divers procédés de la sculpture. Il est dans la nature des
hommes sans culture et sans goût de rechercher la valeur de la matière, en raison de
ce qu'ils peuvent moins atteindre à celle de l'art. Au contraire, à mesure que l'art se
perfectionne, on voit tomber et décroître de plus en plus dans l'opinion commune, cette
estime et cette admiration exclusive pour la rareté ou la cherté des substances précieuses.
Du moins cette sorte de valeur ne devient plus qu'accessoire, de principale qu'elle avait
été d'abord. Ainsi l'idée d'une statue d'or massif (dans le sens absolu) est une de celles qui
appartiennent essentiellement à l'enfance de l'art, ou à un siècle ignorant (3).

(0 Herod., lib. I, parag. i83. — (à) Diod. Sicil., lib. II, cap. 9.

(3) Je trouve dans les Anecdotes sur la Russie, que Pierre III, empereur de Russie, ayant commencé son

règne par un édit où, de son plein pouvoir, il'accordait à la noblesse russe tous les droits des peuples libres.....

Cet édit causa des transports de joie si immodérés, que la nation proposa d'élever à l'empereur une statue d'or
massif. (Hist. de l'Anarch. de Pologne, tom. IV, pag. Soi.)
 
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