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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0087

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44 • LE JUPITER OLYMPIEN.

dans un seul et même morceau de sculpture, des matières et des couleurs variées. Nulle
autre collection en effet n'est aussi propre à donner une idée de ce que fut chez les Grecs
le luxe de l'art, considéré seulement par rapport à l'emploi des matières. C'est, à la "vérité,
dans de légers ouvrages et par des figures pour la plupart dune modique dimension,
qu'on peut deviner l'effet de cette richesse extérieure, que nous verrons se développer au
plus haut degré dans les œuvres de la statuaire en or et ivoire. Toutefois telle est la
puissance des exemples contre les spéculations de la théorie, que déjà les découvertes
d'Herculanum avaient fort diminué la rigidité des censures portées contre la Sculpture
Polychrome.

Au lieu de s'étonner, comme les critiques cités plus haut, de toutes ces variétés de
matières et de couleurs dans les statues, Winckelmann avait commencé à citer avec com-
plaisance des ouvrages qui eussent été précédemment des objets de blâme et de mépris.
Ainsi, dans rémunération qu'il fait des statues de bronze antique connues de son temps,
il décrit, sans aucune observation critique, deux figures de la Villa Albani, qui n'ont de
métal que la tête, les mains et les pieds, le reste étant d'albâtre ; et il se répand en éloges
sur la copie en bronze de l'Apollon Sauroctonos (0, dont les yeux, dit-il, et le diadème
sont d'argent. En restaurant le tronc d'arbre de bronze sur lequel grimpe un lézard d'ar-
gent, on a suivi l'indication du goût de l'antiquité à cet égard.

Il était naturel, au reste, que tous ces faits, et beaucoup d'autres, résultats incohérents
d'observations isolées, ne produisissent que l'idée d'écarts et d'exceptions à la règle, tant
que la sculpture en marbre passa pour l'art principal chez les anciens, et pour la mesure
unique de leur goût. Mais cette manière de penser et de voir ne peut s'accorder avec la
véritable histoire de l'art antique, c'est-à-dire celle qui se fonde sur l'ensemble des faits,
sur les causes élémentaires qui imprimèrent au génie de l'imitation une direction si par-
ticulière. On observe alors que la sculpture en pierre ne fut pas celle qui donna jadis
le ton aux travaux et au goût des statuaires; qu'au contraire elle le reçut elle-même des
autres parties de l'art de sculpter; de sorte que la matière de ses propres ouvrages (comme
la suite va encore mieux le montrer), participa plus qu'on ne pense, du goût de variété,
de richesse extérieure et de parure qu'expriment les mots de Sculpture Polychrome.

PARAGRAPHE VIII.

Explication de la Circumlitio de Nicias dans le passage de Pline, Hic est Nicias, etc.,

m. xxxr, cap. ii.
§ -—

La science de l'antiquité est à notre égard comme un pays dont les routes se seraient
perdues et couvertes de bois ou de buissons qui en auraient fait disparaître la trace. Pour
retrouver les rapports des objets et les communications jadis établies entre eux, c'est-à-
dire pour rendre compte de beaucoup d'anciens usages et de leurs raisons, il n'y a point
d'indication, quelque légère qu'elle soit, qu'on doive négliger; et le plus petit sentier,

(i) Monum. Antich. Ined., pag. 4G.
 
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