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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0247

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i96 LE JUPITER OLYMPIEN.

était devenu, dans le langage de l'art perfectionné, ce qu'étaient dans la langue des poètes
les figures hyperboliques, nées aussi de l'impuissance de s'exprimer.

Lorsqu'on voulut représenter la supériorité de la nature divine au-dessus de la nature
humaine, ce fut un ressort poétique de l'art que cette disproportion qui rapetissait tout
autour du dieu. Nul moyen ne fut plus propre à produire l'effet qui devait l'agrandir,
que de rendre son enceinte trop étroite. C'était dire que l'être qui échappe aux calculs
de l'intelligence, est aussi hors de toute mesure avec ce qui l'environne.

Interpréter ainsi cette disproportion ce n'est pas faire une supposition fantastique. Ce
que le calcul de la raison appellera ici une erreur, fut tout au moins une savante erreur,
puisqu'évidemment elle fut volontaire. Mais la raison nous apprend aussi à récuser la
raison dans le jugement de tout ce qui fut créé par une puissance autre, et pour d'autres
jouissances que celles qui lui appartiennent. Elle nous apprend que le colossal absolu,
qui pourrait n'être qu'une monstruosité, lorsque rien n'en légitime l'emploi, a dû jadis se
lier à de si anciennes causes, et ensuite s'attacher à un ordre d'idées et de combinaisons
tellement relevées, qu'aucune de nos règles n'y est appliquable. Elle nous force encore
d'avouer que l'idée du beau ne saurait être soumise à une théorie positive, ni à un juge
unique; que quelques-uns de ses effets se trouvent en rapport avec certaines affections,
et en désaccord avec certaines notions; et qu'alors il faut se garder de juger avec le seul
raisonnement ce qui doit l'être avant tout par le sentiment.

PARAGRAPHE X.

Description et restitution du trône dApollon a Amyclée.

L'ordre chronologique, la succession naturelle des idées et des objets qu'embrasse la
matière que je traite, veulent que je place ici la description et la restitution du trône
d'Apollon à Amyclée. Ce grand ouvrage de toreutique appartient aussi à la sculpture d'or
et d'ivoire; car bien qu'on ne trouve dans les renseignements qui nous sont parvenus,
aucun détail direct et positif sur la matière des ornements et des bas-reliefs qui entrèrent
dans cette composition ; toutefois la conséquence nécessaire des rapports, des rappro-
chements et des analogies les plus décisives, nous conduit à un résultat presque équi-
valent à celui d'une notion expresse sur cet objet. S'il résulte en effet (comme on l'a dit
plus haut) de l'analyse et de la recomposition de tous les documents recueillis à cet
égard, qu'il régna une grande ressemblance entre le trône d'Apollon à Amyclée et celui
de Jupiter à Olympie, il sera fort naturel de conclure qu'il existait entre eux une égale
similitude sur ce qui forma le genre de leur matière et de leur travail. Or, le trône
d'Olympie (comme nous le verrons plus bas) était un composé dor, d'ivoire, de bois
rares, et de pierres précieuses. L'ouvrage de Bathyclès ayant évidemment servi de modèle
à celui de Phidias , on ne peut guère douter qu'il ne lui ait aussi donné l'exemple de
cette réunion de matières , dont la diversité devait faire le' charme de ces sortes de
monuments.
 
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