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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0107

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64 LE JUPITER OLYMPIEN.

De ce genre est aussi le bouclier d'Hercule, ouvrage tout semblable de Sculpture Poly-
chrome et de toreutique, imaginé par Hésiode. C'est un composé d'ivoire, d'argent, d'étain
et d'or, et nuancé de toutes sortes de teintes. On n'y découvre presque aucune couleur,
qui n'ait pu être le résultat naturel de l'alliage des métaux, ou du mélange de leurs nuances.
Les héros sont d'argent, et ont des armes d'ori1),— le port de mer qu'on y rencontre est
d'étain, — les dauphins sont d'argent, — les poissons de bronze, etc.

Virgile, imitateur d'Homère et d'Hésiode, dans la composition poétique et graphique
du bouclier d'Enée, a de même suivi leurs traces dans le choix du genre de bas-reliefs
polychromes dont il a supposé qu'était embelli l'ouvrage métallique qu'il décrit. C'est
pareillement de l'alliage, et de la réunion de plusieurs métaux, pour former une seule
figure, que résultent les couleurs du poète latin, comme on peut s'en convaincre par les
citations suivantes : Atque hîc auratis volitans argenteus anser porticibus, — Aurea Cœsaries
ollis atque aurea vestis, — Tum lactea colla auro innectuntur, — Maris ibat imago, — Aurea,
sed ftuctu spumabant cœrula cano, — Illam inter cœdes pallentem morte futurâ. Ce dernier
trait nous indique encore une de ces combinaisons de métaux employées dans la vue de
rendre sensibles certaines affections, que la peinture seule sait exprimer; c'est-à-dire qu'en
supposant l'ouvrage décrit par Virgile réel, la pâleur de Cléopâtre y aurait été représentée
de la manière que le fut effectivement, celle de Jocaste dans la statue de Silanion. Virgile
n'a pas sans doute, plus qu'Homère, prétendu faire croire à la réalité du type de sa des-
cription, et son bouclier est moins susceptible d'être rapproché d'un ouvrage qui en eût été
l'original. Ce qu'il faut regarder, comme ayant pu lui servir de modèle, c'est la toreutique,
cette division de la sculpture antique, dont nous ferons bientôt connaître l'étendue par une
analyse spéciale, et qu'aucun des mots employés pour en donner l'idée n'a pu définir exacte-
ment. Elle eut encore assez de vogue chez les Romains, sous le nom de cœlatura in argento;
mais, au temps d'Homère et d'Hésiode, elle était toute la sculpture, elle embrassait même
quelques-unes des parties de l'art du peintre. C'est sous ce rapport que la description du
bouclier d'Achille peut être réputée un des premiers monuments du goût des Grecs pour
la Sculpture Polychrome; et cette considération, jointe à quelques autres raisons de criti-
que historique de l'art, m'a engagé à reproduire, dans un dessin nouveau, les compositions
de ce bouclier.

PARAGRAPHE XI.

Du bouclier d'Achille, d'après la description d'Homère.

La description du bouclier d'Achille a été le sujet d'une multitude de discussions et
d'observations critiques. Poètes, littérateurs, archéologues, artistes, chacun selon son
point de vue, a tiré de cette conception d'Homère des aperçus et des résultats différents.
L'histoire de l'art chez les anciens ne pouvait pas négliger une autorité aussi importante.
En effet, quoiqu'on reconnaisse que le bouclier d'Achille n'eut d'existence que dans l'ima-
gination du poète, on peut toujours, on doit même raisonnablement regarder sa descrip-

(i) Aeuxto T'èXsçavTi vfteVrftj) 6'ÙTCaXa|A7Kç &K|V XPuffV TS çaeivw >au.7tof/.eVQV, —âpyupeoi às^çîveç, — yaly.sw fyô'jeç. Hesiod.
Scut. Hercul., edit. Robins, pag. 94 et seq.
 
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