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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0412

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPHANTINE. Ve PARTIE. 33i

beaucoup moins l'idée d'une couronne tourellée, que celle d'une couronne ornée de pier-
reries et d'or; et les trois supports qu'on y voit sembleraient effectivement avoir été les
petits piédestaux des figures que le graveur n'aurait pu rendre, faute d'espace.

C'est sur une couronne semblable que je suppose qu'auront dù s'élever en ronde-bosse
les statues des Heures et des Grâces, se tenant par les mains, et formant une sorte de
cbœur. D'après la dimension de tout l'ensemble, ces petites statues n'auraient guère eu
moins de deux pieds en hauteur.

PARAGRAPHE III.

Des contrefaçons de la statuaire chryséléphantine, ou des statues faites a l'instar des figures
d'or et d'ivoire. — Des statues qu'on appellait Acrolythes.

Il n'est point vrai que la contrefaçon dans les ouvrages d'art, soit toujours une preuve
ou un résultat de la rareté des matières qu'on y emploie. Elle est aussi bien souvent le
produit de la multiplicité même des travaux, auxquels on applique des matériaux pré-
cieux. Ce n'est point parce que l'or est très-rare dans un pays qu'on a recours à l'artifice de
la dorure; c'est au contraire parce que les ouvrages de ce métal sont très-répandus, que
le besoin d'en multiplier la jouissance fait imaginer d'en rendre l'apparence plus com-
mune, par une falsification économique. Les moyens d'économie, en fait de luxe, n'ar-
rivent point des premiers : on ne les invente qu'afin de mettre le luxe à la portée de
tout le monde, c'est-à-dire, lorsqu'il est assez dominant pour que chacun veuille en avoir
sa part.

Il en fut ainsi à l'égard de la statuaire chryséléphantine chez les anciens. Nous avons
déjà réfuté les préventions de certains critiques (voy. Partie III, paragr. IV) qui ont voulu
faire reposer sur quelques faits mal entendus, l'opinion de la rareté absolue de l'ivoire
en Grèce. Nous ne croirons pas davantage que les espèces de contrefaçons dont nous
allons parler, puissent tendre à confirmer cette opinion. Cependant l'ivoire, quoique
infiniment plus commun alors qu'il ne l'est de notre temps, était toujours, ainsi que
l'or, une matière dispendieuse, relativement aux autres matières que se plut à mettre en
œuvre la sculpture polychrome; et il arriva souvent que, dans de grandes et belles com-
positions, on chercha à contrefaire une réalité coûteuse par des équivalents moins chers.

Il faut donc ranger sur la ligne des ouvrages de la statuaire qui nous occupe, tous
ceux où, soit par choix, soit par économie, soit par d'autres raisons, on employa des
substances plus communes, mais qui n'en jouaient pas moins l'apparence des matériaux
plus rares. Comme la dorure, ainsi qu'on l'a déjà dit, était le moyen naturel de contrefaire
l'or, plusieurs substances remplacèrent aussi l'ivoire.

Déjà nous avons vu le colosse de Mégare formé, par économie, de stuc ou de gypse,
pour les nus, et de terre cuite dorée dans les draperies.

Mais il y eut des matières plus analogues encore à l'ivoire, et employées parla sculpture.
Il paraît qu'en fait de statues, on mit à contribution, comme nous le faisons aujour-
d'hui pour divers petits ouvrages, les dents et les os de plus d'une sorte d'animaux, qui
 
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