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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0150

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DE LA TOREUTIQUE. IIe PARTIE. io5

de sculpture, il le fut toute sa vie ; ce qu'il nous apprend dans l'histoire écrite fort au
long par lui-même, de sa personne et de ses ouvrages.

Il est vrai, comme je l'ai dit, que l'orfèvrerie de ce temps-là correspond parfaitement à
cette partie de la toreutique qui, consistant dans l'invention d'une multitude de compo-
sitions, exigeait la science du dessin, s'exerçait en toutes sortes de sujets, de figures, d'or-
nements , et qu'encourageaient à l'envi les causes civiles , politiques et religieuses. Il
suffit quelquefois d'une mode ou d'un usage pour imprimer à l'art une direction ou
une autre. Par exemple, au seizième siècle le luxe des grands consistait particulièrement
dans la richesse des buffets; les plats, vases et pièces d'orfèvrerie qu'on y étalait étaient
d'une très-grande dimension; {Voy. Vita di Benven. Cellini.) ces pièces offraient à l'artiste
des champs vastes et propices, pour y figurer toutes sortes de sujets. Cette seule cause
avait dû faire de l'orfèvrerie, à Florence, une véritable sculpture sur métaux.

Mais en Grèce, ainsi qu'on l'a déjà vu, un sol plus fécond, une culture encore plus
heureuse, devaient faire sortir du même germe de plus grandes et de plus nombreuses
productions. Déjà, dès les siècles qui précédèrent celui de Phidias, la toreutique avait
fait éclore et l'art d'exécuter les statues en métal, et celui de composer des colosses, et
celui de fondre les métaux dans des moules, et par conséquent cette division de l'art qu'on
distingue par le mot statuaria. La méthode de façonner les métaux en détail, de' les em-
ployer battus ou fondus par parties détachées, jointes à un noyau de bois, mettait pour
les yeux peu de différence entre les productions de l'un ou de l'autre genre. Toujours
faut-il joindre l'art de faire des statues à celui de tous les autres travaux métalliques dont
on a donné l'aperçu, pour embrasser l'ensemble de notions que présentait à l'esprit la
toreutique : il faut sur-tout se garder de prendre le toreuticien de l'époque dont j'entends
parler chez les Grecs, ainsi que Xorefice des quinzième et seizième siècles à Florence,
pour 1 équivalent de ce que l'on appelle aujourd'hui orfèvre. Le mot qui peut exprimer
tous les travaux de sculpture en or et en argent ne signifie plus, depuis long-temps, que
le commerce et la fabrication de la vaisselle plus ou moins ornée.

Ainsi, dans beaucoup de cas, les noms survivent à ce qu'ils ont représenté. Le
mot ne correspond plus à son idée; et cela doit arriver, soit lorsque la chose signifiée
d'abord prend un grand accroissement par la suite, soit lorsque, par un effet contraire,
ayant perdu de sa valeur et de son étendue, le signe qui l'exprimait se trouve restreint
par l'usage à un emploi plus borné.

Or, un de ces effets a eu lieu à l'égard du mot toreutique, si même, comme on le verra,
il ne les a pas éprouvés tous les deux.

Mais nous en sommes à considérer maintenant la toreutique dans son accroissement,
devenue l'art de faire les statues, produisant la statuaria in œre, cumulant en elle toutes
les pratiques et toutes les notions de l'art, au point que son nom pût signifier, selon les
cas où l'on s'en servait, tantôt cette partie de la sculpture que l'on a définie, tantôt la
sculpture toute entière, soit comme exprimant l'espèce, soit comme signifiant le genre.

Et pour se convaincre de la réalité de cette réunion de pratiques et de notions, ainsi
que de la manière dont elle se fit, il ne faut que jeter un coup-d'oeil sur les procédés
mécaniques de l'art, procédés qui parviennent à lier entre eux des travaux qui semblent
fort distants, lorsqu'on s'arrête aux notions superficielles et aux simples apparences. Par
exemple, il n'est pas douteux que le travail de la sculpture en bois, et qui fut habituel

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