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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0151

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106 LE JUPITER OLYMPIEN.

dans un grand nombre d'ouvrages de la toreutique, dut être celui qui conduisit le plus
directement à la fonte des statues. On a déjà vu comment la sculpture sur métaux substitua
des matières plus durables à celles dont se formaient les statues-mannequins. Il résulta de
là que le bois, matière qui se travaille par parties détacbées, s'identifia avec la sculpture
sur métaux, qui opère par morceaux et par compartiments. Le bois devint lame de la
toreutique en statues ; on put oser agrandir les proportions des idoles et les dimensions
de tous les ouvrages, sur-tout de ceux qui restaient dans les temples à l'abri des intem-
péries de l'air et des saisons. Le travail du bois dut infailliblement conduire à celui des
statues composées de matières diverses, et notamment des statues d'or et d'ivoire, qui,
comme on le prouvera dans le paragraphe suivant, furent une partie essentielle de la
toreutique.

Celle-ci donc, avant le développement de la statuaria ou sculpture en statues de bronze,
eut, pendant un long cours de temps, dans ses attributions, non - seulement presque
tous les objets que la politique, la religion et les moeurs exigeaient de l'art de sculpter,
mais encore l'entreprise ( si l'on peut s'exprimer ainsi ) des statues et colosses de tout
genre et de tous métaux. Elle tint lieu de la statuaire; elle fut statuaire elle-même
dans le vrai sens de ce terme, puisqu'elle faisait toutes sortes de statues métalliques.
Ainsi, ce fut à 1 école de la toreutique que se formèrent, et ce fut dans ses procédés que
s'exercèrent tous les artistes célèbres de ce qu'on doit appeler la seconde période des arts
en Grèce, de celle qui succéda au style de Dédale, et précéda Phidias ; période à laquelle
on peut assigner deux siècles de durée.

C'est dans cette catégorie que doivent effectivement se ranger Gitiadas, auteur des
grands travaux métalliques du temple de Minerve Cbalciœcos à Lacédémone ; Rhascus
et Théodore, qui, toreuticiens, et ensuite statuaires en bronze, firent les premières statues
fondues dans un moule; Léarque de Rhegium, auquel on attribuait l'ancienne statue de
Jupiter, faite de pièces de métal rapportées et rivées avec des clous (0; Smillis d'Égine,
Mêlas, Perile d'Agrigente, Menaechme de Naupacte, Soidas, Bathyclès, l'auteur du trône
d'Apollon à Amycles, et un grand nombre d'autres artistes dont les critiques ont été fort
en peine de définir l'art par un nom commun, et qui fût analogue à leurs travaux.

Aussi trouve-t-on, par exemple, dans les tables chronologiques du Voyage du jeune
Anacharsis, la plupart de ces artistes (tous célèbres par des statues métalliques et autres
ouvrages du genre de la toreutique) appelés tantôt graveurs, tantôt ciseleurs, tantôt
fondeurs, tantôt ouvriers en bronze, tandis qu'ils furent tous toreuticiens, exerçant la
sculpture sur métaux, faisant des statues selon tous les procédés qui appartiennent à ce
genre. Les noms de plusieurs d'entre eux rappellent non l'idée d'artistes exécutant de petits
ouvrages, mais le souvenir de grandes entreprises, de statues célèbres : car, avant Phi-%
dias, la toreutique avait embrassé et produit des travaux considérables. Aucune concep-
tion de l'art de sculpter ne lui était étrangère; aucune des combinaisons de l'imitation
des corps par la matière n'était au-dessus de ses moyens. Dès-lors le mot toreutique et le
mot loreuticien durent exprimer une idée correspondante aux ouvrages que l'une et l'autre
produisaient, c'est-à-dire équivalente à ce que l'on entend par statuaire et par sculpture.
La statuaire en bronze étant, comme on Ta vu, née de la toreutique, leurs produc-

(i) Pausan., lib. III, cap. 17.
 
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